L'Odyssée des Gemmes
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Aventure interactive se déroulant au-delà de notre univers, dans un lieu réservant son lot d'épreuves et d'imprévus.
 
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 Pern US68 (Deuxième monde)

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Ulrich Wahlberg
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MessageSujet: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeSam 9 Mar - 23:11

Mission 2 : Contact

Durée estimée : 1 mois

Objectifs :

-Les hauts placés informent le groupe que Luka Erbin est partie en reconnaissance sur Pern US68 et qu'il aurait entamé des pourparlers avec une forme de vie découverte récemment. Cela ne change rien au plan précédemment établi. Le départ doit se faire sans aucune précipitation.

-Alors que le groupe se déplace lentement du territoire désertique de Dune US65 vers une large plaine entourée de vastes forêts sur Pern US68, Arthur réunit autour de lui l'arrière-garde du Milieu, le fameux groupe qui sera le plus exposé aux dangers. Vous êtes tous intégrés au dit groupe, que ce soit pour vos capacités ou par (mal)chance.  

-Sur les 250 000 membres, Arthur sélectionne "arbitrairement" un millier de guerriers et quelques milliers de civils. Ce petit groupe devra rejoindre Luka Erbin pour discuter avec les autochtones. Du moins officiellement. Officieusement, Béryl met au parfum les combattants : il s'agit là d'une mission à haut risque. Luka Erbin a été capturé, et ses ravisseurs ont exigé par message (accroché sur l'arche d'où vous êtes arrivés) qu'une réunion soit organisée pour faire connaissance. Ils ont également exigé que le groupe envoyé soit peu nombreux, et composé en grande partie de civils. Si Arthur souhaite que les négociations se déroulent pacifiquement, il n'exclut pas que la situation dégénère. Il faudra donc faire preuve d'une grande prudence pour ne pas provoquer un conflit.
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Ulrich Wahlberg

Ulrich Wahlberg



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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeMer 10 Avr - 13:42

Au pied de la gigantesque arche, les dizaines de milliers de rescapés franchissaient ce portail mystérieux qui les mènerait vers l’inconnu. Unifiés dans le mouvement, ces futurs aventuriers appréhendaient tous la situation d’une façon différente. Les émotions affichées sur les visages meurtris variaient de façon disparate. Certains laissaient transparaître une immense peur, tandis que d’autres semblaient contenir une intense excitation. Au milieu de tout ce monde, Ulrich avançait à son rythme, avec une étrange sensation. Ce voyage lui semblait insensé, et il comprenait bien qu’il allait aux devants de terribles dangers. L’univers et les nouveaux sols qu’ils s’apprêtaient à fouler regorgeaient certainement d’un million de dangers, sans tenir compte des hommes d’Eolin qui pourraient les attaquer à tout instant. Dans son passé, Ulrich avait toujours réussi à éviter de mettre sa vie en danger, mais il n’avait désormais plus le choix, embarqué dans une Odyssée qui le dépassait complètement.
A seulement quelques mètres du portail qui l’emporterait vers un nouveau monde, Ulrich prit une grande inspiration et ferma les yeux. Etrangement, les grandes étendues de sable de Dune allait lui manquer, elles lui avaient offert un paysage qu’il n’oublierait pas. Il rouvrit les yeux avec détermination et franchis d’un pas le portail. Une légère sensation de vertige l’emplit quelques secondes, ses pensées se troublèrent et sa vision était floue. Mais lorsqu’il reprit ses esprits, ses yeux s’émerveillèrent face à la beauté de ce nouveau monde. Son pied, si habitué au sable depuis des jours, accueilli chaleureusement le moelleux d’une dense végétation.

Tout autour de lui s’étendait une vaste plaine, recouverte de ce qui semblait être des milliers de végétaux différents. Majoritairement composé d’un vert commun aux herbes terrestres, ce lieu arborait de magnifiques teintes jaunes et rosées. Le minuscule soleil à son zénith faisait flamboyer de mille feux les fleurs et buissons aux couleurs extravagantes, donnant un aspect paradisiaque à cette flore luxuriante. D’étranges rochers étaient parsemés sur toute l’étendue, sur lesquels poussaient de petits arbres aux branches emmêlées, auxquelles pendaient de longues feuilles d’un pigment bleuté qu’Ulrich n’avait jamais observé, une couleur si magnifique qu’il ne put en détacher son regard pendant de longues secondes.
Marchant d’un pas lent, Ulrich tournait lentement la tête de gauche à droite pour observer chaque détail de ce monde resplendissant. La plaine semblant s’étendre sur plusieurs kilomètres, était entourée d’arbres qui, aussi lointains étaient-ils, restaient visible de par leur taille incommensurable. Des arbres d’un jaune étincelant, approchant l’éclat des plus belles dorures. Tous ensemble composaient une forêt si grande et si dense qu’aucune lumière n’en sortait, encerclant la plaine, elle était d’une beauté effrayante, dégageant un étrange sentiment de puissance bien qu’il ne s’agisse là que d’êtres inertes.
Quelques créatures ailés volaient hauts dans les airs, pas plus d’une dizaine. Au-dessus d’eux, comme un plafond de verre, régnait un ciel aux teintes turquoises, plus proche du vert que du bleu. Quelques nuages isolés étaient disséminés un peu partout, semblables à ceux sur Terre, n’obstruant qu’à peine la vive lumière du soleil distant. Cependant, au loin, bien au-delà des forêts aux arbre géants, de menaçant nuages noirs formaient un épais manteau, et les traînées que l’on pouvait apercevoir au-dessous laissaient comprendre qu’une pluie torrentielle s’abattait par là-bas.

Sans s’en rendre compte, Ulrich avait marché plusieurs minutes en observant ce merveilleux paysage d’un autre monde, ayant eu comme pouvoir de calmer tant les apeurés que les excités. La joyeuse troupe marcha encore quelques centaines de mètres, avant de s’arrêter autour d’un rocher particulièrement gros et plat. Quelques hommes et femme grimpèrent dessus, discutant entre eux de façon inaudible pour l’assemblée qui s’était formée en hémicycle tout autour de cet immense caillou. Tout le monde resta sur place encore quelques minutes, de quoi laisser le temps à la fin du cortège d’atteindre les lieux. Au milieu de toutes ces personnes, debout sur le rocher, Ulrich reconnu Arthur, l’homme qui avait présenté l’arche durant la réunion sur Dune. Celui-ci s’avança et se positionna face à l’assemblée, patientant que les derniers arrivés se placent et que le brouhaha général s’éteigne. Lorsque le calme fut, Arthur prit une grande inspiration et s’adressa à tous d’une voix forte, et affirmée.

— Bienvenue à tous sur Pern US68, la planète luxuriante ! lança-t-il d’un ton jovial, le sourire aux lèvres, ouvrant grand les bras comme pour accueillir les voyageurs. J’espère que vous appréciez le décor, cela doit vous changer du sable à perte de vue de notre planète précédente, pas vrai ? Regardez, au loin, ces merveilleux gingkos, d’un jaune ambré étincelant ! Et encore, attendez d’être au pieds de ces arbres et vous pourrez contempler le magnifique sol tapissé de feuilles, un spectacle hors pair, je vous le garantis.

N’ayant toujours pas changer de posture, Arthur resta immobile, les bras levés, affrontant le terrible silence de son auditoire qui semblait ne pas accorder tant d’importance au paysage. Alors il laissa tomber ses bras, secouant sa cape noire et n’ayant pas cessé d’afficher ce sourire presque naïf. Il reprit alors, un ton plus sérieux.

— Comme vous le savez déjà, Luka Erbin est déjà entré en contact avec une forme de vie intelligente habitant cette planète. Nous allons donc sélectionner parmi vous environ cinq milles personnes qui m’accompagneront pour le retrouver, afin de pouvoir discuter avec les autochtones et de leur prouver notre pacifisme. Chaque personne concernée recevra un signal télépathique, et devra me rejoindre vers cet arbre bleu à votre droite, ce kuno. Quant aux autres, vous recevrez les instructions de mes collègues ici présents.

Arthur fit volte-face brusquement, faisant tournoyer sa cape autour de lui. Une douce vibration parcourut alors le crâne d’Ulrich, résonnant dans tout son corps. Il comprit qu’il s’agissait là du signal télépathique qu’Arthur avait mentionné quelques secondes plus tôt. Bien que l’onde qui venait de se propager en lui semblait bienveillante et chaleureuse, il n’aimait pas l’idée que quelqu’un s’immisce en lui. Il pivota et s’avança donc calmement vers cet étrange arbre aux feuilles bleues. Il ne s’étonna pas du fait qu’il soit sélectionné pour ce types de missions, il savait qu’il faisait partie des quelques rescapés sur lesquels l’odyssée pouvait compter.
Il marchait d’un pas lent, et vint bientôt le moment où il quittait l’énorme assemblée. Autour de lui, des centaines d’autres hommes et femmes marchaient dans la même direction, égrainant le rassemblement derrière eux. Parmi tous ces inconnus, Ulrich reconnu Blackarion, l’homme avec qui il avait pu discuter sur Dune. Le bougre se démarquait de tous les autres par sa taille anormale comme l’on pouvait s’y attendre, et marchait quelques centaines de mètres devant Ulrich.
Les rescapés qui marchaient à ses côtés étaient tous très différents et singuliers à leur façon. Par-là, une femme à la démarche guillerette le visage tout sourire, tandis qu’à côté un homme traînait des pieds, les yeux rouges comme s’il se retenait difficilement de pleurer. D’autres grands et musclés semblait être prêt à affronter tous les dangers, alors que certains semblaient tous faiblards et peinaient à placer un pied devant l’autre. A la gauche d’Ulrich marchait un homme au dos courbé, il portait un long manteau noir et abimé pendant presque jusqu’à ses pieds, le visage sombre et fatigué. A sa droite une jeune fille blonde encapuchonnée, légèrement penchée vers l’avant elle aussi, comme pour dissimulé son visage.
Ulrich cessa de faire attention à ces personnes dont il ne connaissait rien, et ne souhaitait finalement rien connaître. Il gardait cependant en visuel le dénommé Blackarion, bien qu’il ne le connaisse qu’à peine, il représentait la seule personne qu’il pouvait qualifier de connaissance.

Il arriva alors face à cet arbre d’un bleu mystique, ce kuno comme Arthur l’avait appelé. Haut comme à peine deux hommes, il était si particulier et semblait pourtant si banal, Ulrich ne saurait décrire la sensation qu’il avait en le regardant. Situé à environ un kilomètre du reste du groupe, Arthur sauta sur le rocher sur lequel poussait l’arbre, et s’accrocha au tronc pour s’adresser aux quelques milliers d’hommes qui se tenaient devant lui.

— Ecoutez-moi bien vous autre, la mission sera bien plus dangereuse que vous pouviez le penser. Je me dois de vous tenir informés, durant sa mission de reconnaissance, Luka Erbin a été capturé par les autochtones que l’on s’apprête à rencontre. Les ravisseurs nous ont laissés un message et souhaitent qu’une réunion ait lieu pour que nous nous présentions. Pour cela ils ont exigé rencontrer quelques-uns d’entre nous, et souhaitaient qu’il ne s’agisse que de civils. Ne soyez pas étonnés donc si vous vous retrouvez à participer à cette mission périlleuse bien que vous n’ayez aucune expérience au combat.
Malgré tout, nous ne pouvions pas nous permettre d’aller à la rencontre de ces inconnus sans corps armés dans nos rangs. Ne vous en faites donc pas, si cela dégénère, ceux qui iront au front seront principalement des guerriers entraînés. Notre objectif est donc de récupérer Erbin, et nous allons tenter pour cela des négociations pacifistes, puis si cela ne fonctionne pas, il faudra vous préparer à sauver votre vie et celle de votre leader.

Bien que tout ce qu’il venait de raconter n’avait rien de joyeux, Arthur arborait toujours ce même sourire qu’à l’accoutumé. Etonnamment, aucune des personnes présentes ne souhaitait se plaindre d’avoir été amené de force dans cette mission dangereuse. Ils avaient certainement sélectionné des personnes prêtes à se battre, et à se vouer entièrement à la cause. Quelques subalternes vinrent séparer les troupes en encore plus petits groupes, afin de mener à bien les déplacements jusqu’à Luka Erbin.
Tous se dirigèrent alors vers les forêts encerclant la plaine, suivant Arthur qui représentait le chef de cette opération. Une tension palpable montait au sein du groupe, l’anxiété grimpait en chacun d’entre eux, alors qu’ils se dirigeaient droit vers la tempête qu’Ulrich avait observée auparavant. Celle-ci également, semblait se rapprocher depuis les dernières minutes.

Quoiqu’il advienne, Ulrich mettra tout en œuvre pour sauver sa propre vie, au prix de toutes les autres personnes ici présentes s’il le faut. Une chose est sûre, il ne mourra pas ici.
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Ulrich Wahlberg

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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeJeu 9 Mai - 15:32

Voilà de longues dizaines de minutes que les hommes et femme affublées de cette périlleuse tâche s’engouffraient dans une végétation de plus en plus dense. Les hautes branches de ces arbres d’un autre monde s’enchevêtraient pour ne laisser filtrer que de timides rayons de soleil, faisant danser les ombres autour de cet escadron aux aguets. A mesure qu’ils s’enfonçaient dans les bois, une menace grandissante semblait peser sur eux. L’air devenait lourd, humide, alors que les légères brises se muaient en puissantes bourrasques de vent. L’on sentait la tempête se lever. Pour les moins expérimentés, la pression était insoutenable. Le silence des troupes laissait place aux bruits horrifiques d’une forêt semblant être animée d’une entité malfaisante.
Ulrich s’était retrouvé dans le même groupe que le colosse auquel il avait eu affaire, ce Blackarion. Parmi la petite centaine de personnes autour de lui il avait également reconnu les deux jeunes atypiques qu’il avait remarqué avant le discours d’Arthur. Jusqu’ici il ne s’était adressé à aucun d’entre eux. A vrai dire, personne n’avait réellement la tête à la discussion, et tous étaient sur le qui-vive. D’intriguant bruits résonnaient tout autour d’eux, provenant simplement des branches mues par le vent, ou encore d’une faune locale étrangère à chacun.

Soudain, un cri long et terrifiant retentit à la gauche d’Ulrich, un cri humain, agonisant. Tous s’arrêtèrent et regardèrent en direction de ce son horrifique et incessant. Une puissante bourrasque surpassa le cri de l’homme, et quand le vent cessa, le silence était revenu. Ulrich se tenait prêt à combattre, à accueillir une quelconque créature qui pourrait les assaillir. Brisant ce silence pesant, une puissante voix résonna à quelques centaines de mètres d’Ulrich. Il reconnut là la voix d’Arthur.

— Ah, je pense avoir oublié de vous mentionnez un détail ! Ce genre de forêt est très souvent parsemée de racines noueuses, des plantes laissant traîner leurs racines de sorte à tendre des pièges à ceux qui pourraient parcourir ces bois. Si vous posez un pied sur ces pièges, elles vous attraperont avec une force inouïe et vous traîneront jusqu’à leur cœur. Là elles broieront vos os à l’aide de multiples racines pour ensuite vous digérer lentement. Elles sont rares mais fatales, elles se distinguent de par leurs fines rayures verdâtres, enfin… En général… Faites attention où vous posez les pieds !

D’un ton presque jovial, cette information glaça le sang des hommes et femmes ici présentes. Qui sait quelle autre créature meurtrière - qu’Arthur aurait malencontreusement oublié de mentionner - ces arbres pouvaient-ils bien renfermer. La troupe reprit la marche d’un pas lent, alors que tous inspectaient longuement le terrain devant eux. De longs instants s’en suivirent, qu’Ulrich sentit la première goutte de pluie s’écraser sur son visage, une eau particulièrement chaude.
Le chef d’escouade guidant la troupe s’arrêta alors, et se retourna vers ses hommes.

— Nous sommes à deux pas du lieu de rendez-vous, ils nous attendent.
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Voltage

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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeMar 21 Mai - 21:27

Léana et Ian marchaient ensemble, a l’arrière du groupe de civils choisis « arbitrairement » par Erbin. Elle cracha au sol et affirma sa poigne sur sa lance en métal qu'elle avait dérobée a un cadavre autochtone au corps déchiqueté par un animal qui devait rôder près de la zone ou ils étaient placés.
« Putain, pourquoi c'est moi qu'on envoie sur le champ de bataille ? » se plaignant a voix basse.

« Peut-être parce que t'es super forte et que tu sais faire des saltos. » Ian répondit, en faisant flotter son couteau de chasse en face de son visage, presque blasé par le manque de chance qui les a fait atterrir ici. Il attrapa son couteau et trancha en deux une plante carnivore qui tentait de s'approcher discrètement d'eux, et qui finit par tomber mollement sur le sol verdâtre, complètement remplacé par les plantes sur lesquels ils marchaient tous.

« Ouais bah la dernière fois qu'on m'a choisi pour quelque chose j'ai fini enfermé dans une salle avec toi. De toute manière, on va devoir tous les buter. » Elle utilisa sa lance comme canne improvisée tout en marchant, l'air aussi blasée que son ami.

Le groupe avançait avec peine a travers la forêt, et arriva à un sentier qui donnait vue sur une falaise. Le leader auto-proclamé du groupe se mit en aplomb et nous ordonna de faire demi-tour.

Léana se retournai a peine quand un trou se forma sous ses pieds, et fut entraînée par un plante carnivore qui avait décidé de la dévorer en première. Le reste du groupe avança sans se rendre compte de sa disparition, a cause de sa bouche qui était bâillonnée par la plante, qui agissait comme un tentacule rempli de venin tranquillisant, qui agissait rapidement sur Léana, la faisant lâcher prise sur sa conscience, et sa lance, qui chuta pendant un court instant, avant de s'arrêter en plein air, et remonter jusqu'à la main d'Ian, qui avait silencieusement plongé a la rescousse de son amie, et qui planta son arme dans la plante, déchirant son flanc tout en tombant. Il s'écrasa par terre, tout comme la plante qui s'affaissa et se vida de sa chair végétale sur le sol, répandant une douce odeur de fraise danse la forêt Pernienne.

Léana s'écrasa dans la masse morte de la plante, réveillée par l'impact grandement adouci de sa chute. Elle s'essuya les yeux et tituba vers Ian, l’équilibre faiblard, le corps mou et la vision brouillée par les larmes et la fatigue induite par le venin. Elle s'écroula a côté d'Ian, qui se relevait a peine, et la rattrapa par les bras.

Il la souleva et la tira jusqu'à une zone a peu près en sécurité, a une vingtaine de mètres de la plante morte, sous l'ombre d'un arbre, une sorte de palmier alien au tronc jaunâtre et aux feuilles âcres, dont descendaient deux énormes brutes bipèdes au corps sans poils, couvert seulement par des feuilles attachées entre elles sans grande harmonie, laissant leur peau orangée, hormis leur jambes, complètement exposées a l’extérieur. Ils atterrirent a côté d'Ian en grognant, et l'un d'eux l'attrapa par le col, tandis que l'autre se mit a se goinfrer de la pâte verte et sucrée de la plante carnivore.

Ian soupira, et dégaina son couteau de poche en utilisant son énergie, et l'attrapa, pour le planter directement dans l'unique œil du titan qui le tenait, le faisant crier de douleur tout en mettant la main sur son visage, enfonçant par accident le couteau dans son crâne, touchant son cerveau, le faisant chuter sur Ian après l'avoir lâché. Ian se débattit de toutes ses forces, et vit une liane, qu'il s'apprêtait a attraper, avant de se  résigner, en repensant a ce qu'il était arrivé a la dernière personne en contact avec une plante, qui était inconsciente, et dans les bras du second alien qui s'essuyait la bouche tout en emportant son prix, devant Ian qui était complètement coincé sous le poids de la brute qui l'écrasait et compressait ses organes.

Léana se réveilla en sursaut, et se mit a frapper le dos de la brute avec des petits coups faiblards, abandonnant au bout d'une trentaine de secondes d'acharnement. Elle prit en main son MP3, et le serra de toutes ses forces, le fissurant, et le vidant de son énergie, faisant briller ses yeux et frémir son corps, hérisser ses poils, et tendre ses muscles, utilisant les cinq-cent milliampères restantes dans son baladeur pour envoyer un coup de poing cinglant dans le visage de la brute, l’éjectant presque. Elle plongea en dessous de son bras, et souleva le cadavre flasque et déjà puant qui écrasait Ian.  

« Merci. Tiens, vise la tête. » Il tendit la lance a Léana, qui la repoussa.

« Je n'en n'aurai pas besoin, » Elle répondit en se mettant a sprinter vers le titan au visage endolori et froncé, prêt a écraser Léana, qui glissa sous ses jambes et  envoya une frappe de la paume dans son dos, le projetant au sol, avant de se jeter sur lui, et perforer son dos musculeux d'un coup avec son poing, avant de retirer une boule d'os ensanglantés, et les jeter au loin. Elle se releva et s'essuya les mains sur le tronc d'arbre, avant de souffler sur une mèche qui s'était mise devant son visage.

« Je n'ai rien vu, » Ian commenta, se mettant a avancer, avec peu de certitude, regardant tous les côtés.

«Ne me dis pas que je t'ai traumatisé ? » Léana demanda en se rapprochant de Ian, sentant la tension chuter dans son corps.  

« Si, un peu. S'il te plaît, ne me dis pas que t'aimes bien décrocher des colonnes vertébrales d'alien. »

Léana leva les yeux au ciel en soupirant, et vit un troisième sauvage tomber vers eux. Elle poussa Ian et se jeta au sol, esquivant l’atterrissage lourd de la brute, qui balança son gourdin lourd dans tous les sens, touchant Léana au visage, l'envoyant virevolter et s'écraser quelques mètres plus loin.

Avec un cri de guerre, de frustration et de peur, Ian dégaina son couteau de chasse et fit face au titan, qui le fixait droit dans les yeux, attendant qu'il fasse un mouvement, qui lui ouvrirait une faille pour l'attaquer. Le combat de regard dura pendant un instant, devenant de plus en plus intense avec le temps, au point ou la lourdeur de l'air chaud se faisait ressentir, ainsi que son léger bruissement grave, couvrant a peine les voix du groupe de terriens au loin.

Léana revient en courant, et se jeta sur le dos du titan, avant de le frapper avec ses poings, une fois, deux fois, trois fois, avant de sentir la douleur qui montait dans ses os. Le titan se retourna et elle descendit, le fixant également dans les yeux. Il lui délivra un coup de son gourdin en bois, l'envoyant planer une seconde fois, et marcha vers elle, l'attrapant par le col, devant Ian, qui lui était pétrifié de peur.  
Léana se débattit, sans grande réussite, et le titan se mit marcher avec Léana sur l'épaule.  Elle lui envoya un coup de poing, le faisant regarder Léana, intrigué par l'énergie qu'une si petite personne pouvait fournir.
Léana profita de cet instant pour planter son poing dans l’œil unique et géant du titan, le perçant d'un trait, faisant couler tout ce qui s'y trouvait.
En réponse, le titan frappa Léana a la tête avec sa main, la sonnant.
Avec la vision floue, le crâne ensanglanté et douloureux, entre la conscience et la mort, Léana chargea son corps inconsciemment, en plantant ses mains sur le visage du titan, mixant son énergie avec la sienne. Des éclairs parcoururent leurs corps, tous deux tendus et grognant de douleurs, avant de déclencher une massive explosion, projetant des éclairs dans tous les sens, tuant le titan d'un coup, et projetant Léana au sol, inconsciente, et fumante.

Ian accourut a son aide, et la tira a travers la forêt, suivant les vagues voix des Terriens qui étaient présents au loin.
« Allez, meurs pas avant qu'on les retrouve. »
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Black

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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeVen 24 Mai - 15:00

Sans vraiment se poser de questions, Blackarion avait traversé l'immense arche comme tant d'autres autour de lui. Il avait posé le premier pas sans réellement s'en rendre compte, suivant la masse, bien trop occupé à être heureux. Mais le "transfert" de Dune à cette nouvelle planète, d'une arche vers une autre, cette expérience d'un tout nouveau monde le tira quelques instants de cette joyeuse atrophie mentale. Avec la surdose de calmants qu'il avait pris plus tôt, son corps ne ressentit pas la moindre chose. Son esprit, en revanche, connut un mélange de sensations des plus étranges. Sans réellement pouvoir mettre de mots dessus, c'était comme avoir sa pensée, sa psyché, être étirée dans tous les sens, essayant de sortir d'un contenant devenu trop étroit pour elle. Et ce n'était là qu'une brève impression de ce qu'avait réellement vécu Black. Le seul souvenir qu'il en garda, son esprit occultant rapidement cette sensation bizarre, fut qu'il eut l'impression de marcher dans le vide.
Tout autour de lui était le vide, une immense zone noire seulement délimitée par deux infimes portails qui donnaient sur deux tableaux totalement opposés. Et à ses côtés, des centaines de ses comparses qui marchaient, comme lui, dans cette immensité obscure et sans fin. Ils étaient tous attirés vers le portail le plus lointain, duquel se dégageait une douce odeur totalement inconnue. Puis, lorsqu'il eut franchit ledit portail, son corps tout entier sembla lui tomber dessus, de l'intérieur. Lui qui n'avait jamais quitté la Terre ou expérimenté un changement de gravité soudain, cette nouvelle sensation lui parut bien étrange. Mais il ne s'attarda pas longtemps dessus, car devant lui s'étendait un paysage somptueux, aux milles couleurs et teintes.

Il avait ensuite passé les quelques moments qui avaient précédé le rassemblement global de son groupe à s'émerveiller devant les différentes palettes d'environnements à la fois si proches et si variés qui se dessinaient autour de lui à mesure qu'il tournait sur lui-même. Une joie intense l'envahit, tel un bambin qui enchaînerait les découvertes plaisantes et amusantes. Peut-être Arthur l'eut-il perçut du haut de son perchoir, car l'appel télépathique dont il avait parlé un instant auparavant, et qui avait bien évidemment totalement échappé à Blackarion, fut intense. La sensation ne fut pas désagréable, au contraire, mais la surprise fut un choc qui tira le géant de ses pensées. La première information d'une réunion spéciale qui le concernait s'était bien vite perdue dans les méandres de son euphorie générale. Aussi, une deuxième information lui fut transmise, qui l'amena à se tourner dans la direction d'un arbre tout particulier parmi le reste de la flore gigantesque et omniprésente. Perdu au milieu de teintes vertes et jaunes qui sortaient déjà de l'ordinaire, il arborait une couleur encore jamais vue sur un tel végétal, un bleu étincelant et presque magique, qui attirait l'oeil sans pour autant que l'arbre n'ait autre chose de spécial. Et Blackarion se dirigea vers ledit arbre, plus par émerveillement qu'autre chose.
Là où sur Dune il était amusé par cette liberté sans limite apparente, ainsi que le nombre incalculable de personnes qui parcouraient les rues d'une ville des plus atypiques, désormais c'était la magnificence de cette nouvelle planète - sans qu'il n'ait réellement encore compris qu'il se trouvait sur une seconde planète, encore plus éloignée de la Terre -, et l'air si pur et frais qu'il respirait qui le fascinaient. De nouveau, tout questionnement, toute sensation désagréable et sentiments négatifs étaient occultés par un raz-de-marée de joie et d'étonnement enfantin. Les calmants couplés à ces nombreuses découvertes formaient un mélange des plus efficaces quant à la bonne humeur du géant.

* * *

Blackarion marchait désormais aux côtés des membres de son groupe. Il avait été tiré de ses pensées l'espace de quelques minutes, pour lui faire comprendre qui il devait suivre et ce qu'il allait devoir faire. Il avait bien compris que leur but actuel n'était plus de rejoindre la prochaine arche, mais d'aller récupérer quelqu'un qui s'était plus ou moins perdu sur la planète actuelle. Le leader de son escouade avait bien mentionné qu'il y avait des chances assez importantes qu'ils doivent user de la force, et il avait pris le temps de s'assurer qu'il pourrait compter sur quelqu'un comme Black. Ce dernier avait bien évidemment répondu par l'affirmative, gonflé par l'orgueil et les mentions répétées de son exploit lors de l'attaque du laboratoire. Un instant de lucidité lui fit penser qu'il était préférable de se battre contre des autochtones pour continuer à avancer, plutôt que de devoir se battre contre les chiens de chasse de l'Organisation car les négociations prendraient trop de temps. Il avait également commencé à penser au fait qu'il se trouvait sur une nouvelle planète, et que ce voyage n'était pas des plus simples à bien y regarder, mais cette pensée termina sous plusieurs couches de bons sentiments et émotions positives.

Lors de l'avancée de son groupe, des appendices avaient essayés de le saisir. D'après ce qu'il avait compris lorsqu'Arthur, le grand chef de cette opération, avait mentionné la flore agressive de la forêt dans laquelle ils se trouvaient, ces plantes ou arbres étendaient leurs racines au-dessus du sol et capturaient les êtres insouciants qui marchaient à proximités. Ils étaient à priori ensuite dévorés par lesdites plantes ou arbres. Le cri qu'il avait entendu juste avant l'explication du leader lui avait bien fait comprendre que ce n'était pas un sort enviable. Aussi, lorsqu'un premier de ces végétal tenta de lui saisir le mollet droit, Blackarion encra solidement son pied dans le sol et prit de longues secondes pour vérifier s'il s'agissait bel et bien de l'espèce de plante ou d'arbre mentionnée. Réalisant que la liane, ou racine, tirait avec force sur sa jambe, il tira à son tour dans l'autre sens. Plus forte et résistante qu'il ne l'eut penser, il lui fallut reprendre un tant soit peu d'élan pour finalement déchirer l'épaisse racine qui le menaçait. Un faible bruit semblable à un crissement se propagea à travers les arbres alors que le reste du tentacule fuyait dans la direction opposée au géant.
La seconde fois, il usa de ses deux bras pour arracher une racine encore plus épaisse. Puis, la répétition des attaques commençant à l'énerver, Blackarion en vint à user de ses pouvoirs. Les premières fois, il se contenta d'envoya un trait enflammé sur les lianes qui le prenaient pour cible, puis il entoura son  corps tout entier de flammes ardentes. Assez rapidement les attaques cessèrent, et il ne fut plus pris pour cible. Certains membres de son groupe, des civils probablement, se rapprochèrent d'ailleurs de lui. Son passage laissait d'épaisses marques noires sur le sol calciné, mais aucun feu ne se manifesta, probablement à cause de l'humidité ambiante des environs.
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Luka Erbin

Luka Erbin



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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeLun 10 Juin - 15:42

Luka Erbin n'opposa aucune résistance lorsque les êtres masqués s'avancèrent vers lui. En signe de reddition, il s'agenouilla, mit ses mains derrière sa tête et ferma les yeux. C'était la meilleure attitude à adopter pour éviter de provoquer une guerre avec les autochtones de cette planète. Son ami Arthur le lui avait répété à plus d'une reprise : l'Univers est vaste et fourmillant de vie, ils ne tarderaient pas à rencontrer d'autres espèces dans leur fuite vers le Haut-Royaume. Toutes ne seraient pas enclins à négocier, certaines pourraient même représenter un plus grand danger que l'Organisation. Sur ce dernier point, Luka Erbin ne pouvait qu'être sceptique en dépit de toute la confiance qu'il portait en son ami. A ses yeux, rien ne pourrait être plus terrifiant que l'idée de se retrouver face à Anna Revlis. Comment pouvait-il ne serait-ce qu'envisager que des millions de monstre de son calibre déambulaient librement à travers les étoiles ? Ses connaissances en géopolitique spatiale se résumaient à la Terre et l'existence supposée d'autres formes de vie. Tout le contraire de Béryl qui semblait être un puits sans fond de sagesse. Se reposer sur des personnes qualifiées pour prendre les justes décisions, c'était là une des premières leçons qu'il avait apprise lors de son entrainement pour devenir un Erbin.

Pourtant, à mesure que ses ravisseurs le menaient -visage recouvert par un sac et les mains liées- vers une cellule, il ne pouvait s'empêcher de penser à la perte de temps que sa capture allait coûter à son groupe. Négocier était la décision la moins risquée sur le court terme, mais aussi celle qui les forcerait à faire de nombreuses haltes. Or, les soldats de l'Organisation ne se gêneront pas avec ce genre de questions existentielles, ils avaient sans doute tous reçus l'ordre d'éliminer toute forme de vie qui s’immiscerait entre eux et leur objectif. Sur le long terme, la distance entre les membres de l'Odyssée et les grands pontes de l'Organisation se réduirait dangereusement. S'ils les rattrapaient avant qu'ils n'aient pu poser pied dans le Haut-Royaume, c'en était fini pour eux. Si Luka Erbin brisait les chaînes à ses poignées, éliminait ses geôliers et ordonnait à son groupe d'écraser toute résistance sur Pern, le voyage pourrait reprendre sans perdre davantage de temps. Mais dans ce cas, en quoi leurs méthodes différeraient de celles de l'Organisation ? Tiraillé entre ses responsabilités en tant que leader et sa bonne conscience, Luka ne prit conscience que tardivement qu'il était arrivé à destination. Ses deux geôliers lui retirèrent ses entraves puis le jetèrent dans une prison exiguë avant de refermer la grille de sa nouvelle demeure à double tour.

Son regard se posa instinctivement sur son nouveau camarade d'infortune, assit en tailleur sur le tas de paille qui lui faisait office de lit. Affublé d'un smoking d'une qualité irréelle et d'un drôle de béret, l'humain en face de lui était si absorbé par la lecture de son roman qu'il ne prêta pas la moindre attention au jeune porteur. Luka tenta d'ouvrir la conversation avec des phrases triviales, mais il n'eut comme seule réponse qu'un profond soupir. Entêté à l'idée d'en apprendre plus sur cet inconnu, Luka repartit à la charge et posa une batterie de questions qui ne trouvèrent réponse que l'écho de sa propre voix. Finalement, par agacement ou par dépit, le prisonnier se leva d'un bond, tendit son livre au jeune homme puis pointa de l'index une page précise de son livre. Luka comprit alors ce qui clochait : à en juger par l'écriture qu'il était incapable de déchiffrer, ils ne parlaient pas la même langue. La réalité frappa brutalement Luka Erbin en plein visage. Il n'était plus sur Terre. Cet individu face à lui ne pouvait être qu'un extraterrestre, bien que ce terme n'ait aucun sens face à un être qui lui ressemblait en tout point, un humain, comme lui. Afin de s'excuser d'avoir été si pressant, Luka pencha légèrement son buste en avant et rendit le livre à son propriétaire. Intrigué, celui-ci jeta son roman sur son lit de fortune. Il dirigea ensuite sa main gauche sur sa bouche puis fit un mouvement vers l'avant. "Bonjour", murmura d'un souffle le jeune Erbin. A sa grande surprise, l'inconnu lui répondit aussitôt par le même mot avec un accent assez étrange, semblable à un sifflement. La seconde d'après, il se présenta sous le prénom de Maël.

Un éclair de génie ! Si deux humains ne pouvaient dialoguer par la parole, le langage des signes pourrait peut être les aider. Hélas, Luka se souvint également que plusieurs langages des signes préexistaient avant l'unification de la Terre sous le joug de l'Organisation. S'il existait autant de langues des signes qu'il y avait de peuples humains dans l'Univers, ils n'étaient pas plus avancés. Cela ne stoppa néanmoins pas les deux hommes qui étaient bien déterminés à trouver un moyen de communiquer. Des heures durant, le dénommé Maël redoubla d'effort pour apprendre la langue officielle de l'Organisation. A la grande surprise de Luka, l'homme en face de lui était un élève plus que remarquable. Si son accent semblait toujours aussi étrange, il parvenait en un temps record à assimiler de nouveaux mots et parvint même après une nuit de labeur à formuler sa première phrase intelligible. De telles capacités d'apprentissage et d'adaptation laissaient penser qu'il avait déjà effectué un exercice similaire auparavant tant cela paraissait naturel pour lui. Après s'être assuré par quelques exercices oraux que son interlocuteur le comprenait, Luka commença à raconter la raison de sa présence sur Pern US68 :

<<Et voilà donc comment j'ai fini ici. Dois-je parler moins vite ?

-Non ça ira, je pense pouvoir faire sans. Cela dit je m'excuse en avance pour mon manque de vocabulaire, je risque d'être limité pour un temps.

-Je n'arrive toujours pas à croire que vous ayez été capable d'apprendre ma langue aussi vite !

-Elle ressemble à d'autres langues que j'ai étudié par le passé. J'ai aussi eu un bon professeur, merci du coup de main.

-C'était un plaisir, répondit Luka avec un large sourire. Pour revenir à ce monde, nous ne souhaitons pas nous y installer. Nous souhaitons tous trouver refuge dans le Haut-Royaume, notre guide a juste estimé que cette route était la moins dangereuse à emprunter. Malheureusement nous n'avions pas prévu que des autochtones soient présents. M'avoir jeté en prison risque de pousser le groupe dans la gueule du loup. Qui sait de quoi ces humains sont capables ?

-Des humains ? Demanda Maël plus à lui-même qu'à Luka, l'air pensif. Vous m'avez raconté votre histoire, à mon tour. Je crois que le destin nous a réuni. Je souhaite moi aussi aller dans le Haut-Royaume, mais pas pour la même raison. J'ai fait un service militaire à la frontière la plus proche contre de l'argent...

-Du mercenariat ?

-Sans doute. Je ne fais pas partie de leur armée. Une mission de reconnaissance a mal tournée. J'ai été séparé de mon groupe durant une bataille pour me retrouver ici.

-Je comprends, vous devez retourner là-bas pour ne pas être considéré comme un déserteur. Dans ce cas nous avons le même objectif, vous pouvez vous joindre à mon groupe si vous le désirez. Encore faut-il sortir d'ici.

-Oh, ce n'est pas un problème. J'ai déjà préparé un plan d'évasion. Mais avant tout, parlons de nos ravisseurs. Je pense avoir deviné leur identité, ce qu'ils sont. Ils cherchent en partie à dissimuler cela, mais ils s'y prennent mal. Tout d'abord, la forme de leur corps, c'est là le premier critère pour évaluer l'espèce d'un individu.

-Toutes les espèces n'ont donc pas une forme humaine ?

-En effet. Je n'entrerai pas dans les détails, pas avant de mieux maîtriser votre langue. Pas de doute, ils ressemblent à des humains : deux bras, deux jambes, une tête, une taille comprise entre 2 et 3 mètres. Malgré cela, ils se cachent derrière des vêtements et des masques. Ils ont sans doute honte de leur véritable apparence. C'est malheureusement une attitude répandue chez les demi-humains.

-Des demi-humains ?

-Vous n'en avez pas sur Terre ? Ce sont pour la plupart des races créées scientifiquement, par croisement entre des races humaines et d'autres espèces. Le statut de Demi-humain est accordé aux races hybrides qui se sont distinguées et sont sur liste d'attente pour être considéré comme une race humaine à part entière.

-Ça me semble assez abject de racialiser l'espèce humaine. Qui peut bien se dire légitime pour définir qui est humain de qui ne l'est pas ?

-Le Grand Observatoire de l'Humanité. Mais on s'éloigne du sujet. Nous parlions de l'identité de ces autochtones. Ils veulent se faire passer pour humain et sont sans doute doté d'une certaine forme d'intelligence. En revanche, leur sens de l'hygiène laisse à désirer. Regardez par vous-même le sol. Ils nous ont laissé un indice important.>>

Contrarié par l'attitude de Maël qui venait d'écarter un sujet intéressant d'un revers de la main, Luka se força à baisser les yeux pour étudier le sol. Il ne lui fallut pas longtemps pour dénicher une motte de poil qui ne pouvait provenir des deux hommes présents dans cette cellule rustique.

<<Dois-je en conclure que ces poils appartiennent aux habitants de Pern ? Aux Perniens ?

-Je ne suis pas sûr qu'il soit avisé de les appeler ainsi. Qui que soient les premiers habitants de Pern, ils ne doivent plus être en vie aujourd'hui. Je suis loin d'être un spécialiste des animaux, mais ce sont des poils de félins. De grands félins, je parierai sur des sortes de lions.

-Des mammifères carnivores ? Demanda le jeune Erbin en imaginant des milliers d'hommes lions. Représentent-ils un danger pour mon groupe ?

-Oui et non. Visiblement, ceux qui se cachent sous des masques ne mangent pas d'autres espèces intelligentes. La tambouille qu'ils nous servent contient des légumes et des restes de cerf. Et avant que vous ne posiez la question, oui je connais le goût de la viande humaine, et ça n'a pas ce goût là. Les gardes aussi se contentaient de rations du même genre. Hélas, je ne peux pas en dire autant de ceux à l'extérieur de cette base. Avant d'être capturé et envoyé ici, j'ai vu de nombreux os humains et entendu de drôle de grognement à proximité de ce qu'il me reste de vaisseau, ce qui signifie...

-Qu'ils n'ont pas tous la même attitude. Certains -très probablement ceux qui habitent ici- agissent comme des humains, tandis que d'autres doivent avoir une attitude plus bestiale. Le danger n'est donc pas écarté pour mon groupe, même si nous négocions avec les gens d'ici.

-J'en suis venu à la même conclusion. Désolé de vous l'annoncer aussi brutalement Luka, mais nous perdons notre temps ici. Si j'en crois votre témoignage, cette Organisation qui vous poursuit contient des éléments qu'il faut éviter à tout prix, des individus plus dangereux que vous ne l'êtes. Et je sais reconnaître la valeur d'un homme. S'ils sont capables d'amener la peur dans le cœur d'un homme de votre acabit, alors nous devons fuir au plus vite. Personne sur cette planète ne représente un danger que vous ne pouvez éliminer seul. En tant que chef, vous devez avant tout trouver ces trois arches avant que vos poursuivants ne vous rattrape, peu importe la situation de ce monde. Le bien-être de vos gens n'a-t-il pas la priorité sur ceux de ce monde ? >>

La balance morale de Luka Erbin pencha d'un côté. Il avait pris sa décision. Le poids des mots de son compagnon d'infortune l'avait plus chamboulé qu'il ne l'aurait pensé. Comme Maël l'avait envisagé, ces négociations avec ces autochtones ne seraient qu'une perte de temps. La meilleure chose à faire était de retrouver son groupe, d'envoyer des éclaireurs pour trouver les trois arches le plus vite possible et creuser la distance avec les ténors de l'Organisation. Que les Perniens soient humains, demi-humains ou que sais-je, Luka ne pouvait pas considérer leur vie à valeur égale avec celles de ceux qu'il avait juré de protéger. Après cette attaque égoïste contre le laboratoire des Erbin, il était de son devoir de sauver tous les innocents qu'il avait impliqué dans cette folie, sa folie.

Dans l'incertitude dans laquelle il baignait, il savait qu'il n'avait qu'à faire confiance en l'homme en face de lui. Il ne sacrifierait pas pour autant son humanité. Ils partiraient de ce monde le plus vite possible, mais en limitant au maximum les pertes dans le camp ennemi, comme son ami Arthur le lui avait suggéré. Sa décision était prise : il devait s'évader. Heureux d'entendre cela, Maël lui révéla son plan d'évasion : simuler le malaise d'un des détenu, neutraliser les deux gardes puis sortir du dédale sous-terrain. Avant qu'il n'ait eu l'occasion de poser la question, Maël indiqua à Luka par quel moyen ils se dirigeraient dans ce labyrinthe troglodyte. Leurs biens avaient peut être été confisqué avant leur entrée en cellule, mais ils n'avaient pas eu la présence d'esprit de pousser plus loin leurs recherches. Il ne leur serait jamais venu à l'idée qu'il puisse dissimuler dans son corps une technologie dépassant la leur. A l'aide d'une augmentation visuelle, il lui était possible de se déplacer sans le moindre mal dans la base des hommes-lions.

Sans plus tarder, ils appliquèrent le dit plan. Tout se déroula comme Maël l'avait prévu : les deux gardes furent attirés dans la cellule par son jeu d'acteur du malade imaginaire, ce qui donna l'occasion à Luka de briser ses chaînes et de les assommer d'un coup bien placé au niveau de leur nuque. Ils avaient beau être largement supérieur physiquement à un terrien lambda, Luka lui n'était pas un terrien ordinaire, ils les surclassaient en tout point. Poursuivant leur plan, ils déambulèrent de couloir en couloir, neutralisant de manière non-létale la poignée de gardes qu'ils croisaient épisodiquement. Tout se passait parfaitement, presque trop. Luka ne pouvait faire taire dans son esprit ce mauvais pressentiment qui l'assaillait, pressentiment qui devenait d'autant plus gênant que la douleur dans son bras gauche redoublait d'intensité. Non, il se faisait des idées. Arrivé au détour d'un virage, il emprunta une porte que Maël désigna de l'index. Lorsqu'il eut ouvert de force la dite porte de métal d'un coup d'épaule, il tomba nez à nez avec une trentaine d'indigènes dans ce qui semblait être une salle de réunion. Luka se retourna précipitamment mais eut la désagréable surprise d'être à nouveau seul au milieu de ce labyrinthe sous-terrain. Maël avait tout bonnement disparu. Conscient de s'être fait berner, Luka s'agenouilla à nouveau pour mettre ses mains derrière la tête. Retour à la case départ.
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Ulrich Wahlberg

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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeLun 1 Juil - 21:27

S’engouffrant encore plus dans ces bois devenant de plus en plus sombres, la tension ne cessait de grimper à mesure que des cris retentissaient autour du groupe, provenant d’hommes et femmes imprudents. Ces plantes s’avéraient ne pas être si rares qu’Arthur l’avait annoncé. A quelques mètres à côté d’Ulrich, Blackarion faisait jaillir d’intenses flammes enveloppant son corps entier, entouré d’un attroupement de personnes désireuses de se protéger de ces prédateurs végétaux. La chaleur émanant de ce curieux personnage agaçait Ulrich, déjà victime de l’humidité et de la lourdeur de ces lieux. Il s’éloigna de la torche humaine, jusqu’à ne plus ressentir cette chaleur accablante.
Quelques chaudes gouttes de pluie venaient s’écraser çà et là, annonciateur d’une potentielle averse diluvienne en approche. La troupe s’arrêta progressivement, alors qu’en tête, le chef d’escadron fit signe de l’attendre à cet endroit. Ce dernier s’enfonça à pas de loup parmi les branches et disparut du champ de vision de tous. Ulrich profita de ce temps de repos pour examiner les membres constituant son groupe. Autour de lui, la majorité des hommes et femmes affichaient un faciès neutre, dissimulant leurs émotions derrière un sérieux exemplaire. Ces individus semblaient prêts à combattre s’il le fallait, prêts à défendre leur vie férocement face à l’ennemi, face à l’inconnu. Parmi ces hommes et femmes dont la bravoure se ressentait dans le regard, Ulrich remarqua d’autres types de personnes, plus apeurées. Ceux-ci tremblaient, le regard dépité emplit de mille et une questions, fixant le vide dans l’espoir d’y trouver une quelconque réponse.

Quelques minutes plus tard, le chef d’escouade revint d’entre les feuillages et se posta devant le groupe. Il se racla la gorge, et s’adressa à l’ensemble des personnes présentes d’une voix puissante, sans hurler pour ne pas se faire entendre par les éventuels ennemis.

— Derrière ces feuillages se trouve la cité-forteresse troglodyte Pernienne, à partir de maintenant, les choses vont commencer à réellement se corser. Nos généraux, ainsi qu’Arthur semblent s’être déjà présentés aux dirigeants Perniens, ils vont par la suite se retirer dans une salle afin de mener au mieux les négociations. De votre côté, vous allez désormais être diviser en trois groupes aux rôles différents. Le premier groupe, le plus large, aura pour seule mission de faire acte de présence sur la grande place de la cité, afin de nous présenter en tant que civilisation pacifiste. Votre rôle sera de montrer patte planche, de sembler le plus amical possible, dans le but de ne pas éveiller la moindre animosité chez nos opposants. Néanmoins, si les choses venaient à s’envenimer, vous pourriez bien être les plus exposés au danger. Dans ce cas, il faudra réussir à dominer l’ennemi. Ne l’oubliez pas, notre objectif est de survivre en tant que groupe, il faudra vous battre pour votre propre vie mais aussi pour celles de vos compagnons. Oubliez les comportements égoïstes et battez-vous pour votre prochain.

Ulrich ne put s’empêcher d’afficher un demi-sourire en entendant cette directive.

— Parmi vous, quelques dizaines de personnes devront former des équipes de cinq afin d’encercler la cité. Il s’agit du deuxième groupe. Vous devrez vous disperser à des points stratégiques autour de la grande place, avec la meilleure visibilité possible afin de venir porter soutien au reste du groupe en cas de bataille. Dans cette éventualité, vous aurez un rôle clé dans la réussite de notre objectif, votre arrivée saura créer l’effet de surprise et jouera en notre faveur. Aussi, vous devrez à tout prix vous faire discrets et ne jamais vous faire repérer par l’ennemi. Si les Perniens vous détectent, ils analyseront immédiatement ce comportement comme hostile et passeront à l’offensive. Pour cela vous devrez vous placer au plus près pour venir en renfort le plus rapidement possible, tout en vous tenant assez éloignés pour ne pas vous faire remarquer. Si un individu ou un groupe vous détecte avant de pouvoir sonner l’alarme, vous avez pour consigne de le ou les éliminer. Nous ne sommes pas partisans de l’assassinat mais la survie de l’Odyssée passe avant tout le reste. Ne prenez pas ce rôle à la légère, la survie de vos camarades dépendra principalement de vous. Chaque groupe sera dirigé par un guerrier chevronné qui saura agir en conséquence, quelle que soit la situation, le reste du groupe lui obéira sans discuter.

Ulrich s’imagina déjà être affecté à l’une de ces équipes en tant que chef d’escouade, un rôle qui ne lui convenait guère. Malgré cela, un poste excentré de l’éventuelle bataille l’attirait particulièrement, il enverrait au front le reste de l’équipe grâce à son grade et se tiendrait bien loin de toute menace.

— Enfin, une poignée d’hommes et femmes seront sélectionnées parmi tous les groupes pour rejoindre la salle des négociations. Civils et guerriers constitueront ce groupe. Vous formerez la garde rapprochée de Luka Erbin, d’Arthur et de vos supérieurs. N’oubliez pas cependant que chaque vie est importante, ne privilégiez jamais le sacrifice pour protéger qui que ce soit. Votre rôle est simple, escorter les négociateurs et Luka Erbin une fois qu’il sera de nouveau parmi nous, mais également sauver votre vie.

Il marqua un court temps de pause, réfléchissant le regard perdu dans les hauteurs de ces arbres démesurément grands. Puis il posa de nouveau ses yeux sur l’assemblée, d’un air grave.

— Oubliez ce que j’ai pu dire auparavant, ce groupe sera le plus exposé au danger. Si la situation dégénère, vous serez au front le plus direct. Ne vous en faites pas, nous avons récolté un maximum d’informations sur vos personnes, et votre affectation à chacun de ces groupes a été décidée après mûre réflexion. Quel que soit le groupe auquel vous appartiendrez, sachez que vous y avez votre place et que vous avez toute notre confiance. Enchanté de servir à vos côtés camarades, je m’appelle Joshua, et je me battrai corps et âme pour que chacun d’entre vous ressorte indemne de cette opération.

Un long silence pesa sur l’ensemble du groupe, les plus assurés ne faiblirent pas, tandis que d’autres semblaient au bord des larmes face à la terrible situation qui les attendait. « Hmpf, s’ils avaient vraiment sélectionné chaque individu méticuleusement comme ils le prétendent, personne ne serait dans cet état-là actuellement » pensa Ulrich. Il devra tout faire pour sauver sa propre vie aujourd’hui, la journée s’annonçait longue. Une goutte d’eau s’écrasa lourdement sur sa joue, et vint ruisseler jusqu’au creux de son cou. Le bruit d’un écoulement attira alors son attention, et lorsqu’il tourna la tête, il vit comme une enveloppe aquatique recouvrir le tronc d’un arbre et s’écouler autour de la base de l’arbre.
Il leva alors les yeux au ciel, et entendit un bruit lointain, ressemblant au martèlement de la pluie. Il crut alors comprendre. Le déluge aperçu au loin auparavant s’abattait déjà sur eux, mais la voûte végétale au-dessus les protégeaient de l’averse. La géométrie des feuilles et des branches devait diriger l’eau de pluie jusqu’au tronc pour former cette cascade cylindrique enveloppant le large tronc. Le sol au pied des arbres semblait absorber l’eau et former peu à peu une boue aux aspects de sable mouvants. Un homme posa un pied sur l’une de ces réserves d’eau et s’enfonça lentement, d’un puissant mouvement et avec l’aide d’une compatriote terrienne, il parvint à se dépêtrer de ce piège sournois. Ces boues se propageaient lentement autour des quelques troncs d’arbres enveloppés d’eau, et si elles étaient facilement évitables pour le moment, elles pourraient devenir un dangereux paramètre à prendre en compte durant la bataille.

Reprenant une dernière fois la parole, Joshua vint interrompre les pensées d’Ulrich.

— Une image vous sera envoyée par télépathie, selon la couleur que vous percevrez cela vous indiquera à quel groupe vous serez affectés. Jaune pour le groupe principal, bleu pour le groupe qui encerclera la cité forteresse, et rouge pour les quelques chanceux qui rejoindront la salle des négociations. Courage à vous mes amis, soyez fiers, soyez forts. Nous combattons pour l’Odyssée !
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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeJeu 4 Juil - 18:31

Comment avait-il pu être assez naïf pour faire confiance à cet individu dès leur première rencontre ? Luka Erbin ne réalisa que bien trop tard l'absurdité d'avoir accordé toute sa confiance à ce dénommé Maël uniquement parce qu'il était lui aussi un humain pris au piège dans cette forteresse. Bilan de l'opération : son allié de circonstance avait subitement disparu et l'avait délaissé en plein cœur du territoire ennemi. Pour le leader de l'opération Odyssée, il n'était plus question d'agir imprudemment. Toute action inconsidérée pourrait envenimer un peu plus les négociations avec les Perniens. C'est ainsi que Luka Erbin fut capturé pour la seconde fois sans la moindre effusion de sang. Cette fois-ci, on ne le mena pas à une prison mais directement à la salle de réunion. Lorsqu'il entra dans la dite salle, le jeune Erbin fut stupéfié par la merveille architecturale qui le toisait de son immensité. Compte tenu de la taille relativement supérieur de ces Demi-Humains par rapport à celle d'un terrien lambda, il n'y avait à vrai dire rien d'étonnant à ce que tout autour de lui soit proportionnellement bien plus grand. Étonnement, ses geôliers firent preuve d'un sens de l'hospitalité hors norme compte tenu de sa précédente tentative d'évasion. Bien que constamment surveillé par une dizaine de gardes, on le laissa se déplacer à son bon vouloir à travers la salle. De la nourriture en abondance était disponible sur les deux tables positionnées à chaque extrémité de la pièce. Affamé par sa captivité, Luka s'essaya à plusieurs spécialités locales et fut agréablement surpris de leur goût qui n'avait rien à envier à cafétéria privée des Erbins.

Alors qu'il entamait une tablette de chocolat épaisse comme son poing, de nombreux invités firent leur entrée. Naturellement, Arthur se trouvait à la tête du cortège composé de guerriers de l'arrière-garde du Milieu et de simples civils. En le voyant donner naturellement des ordres à ses hommes, Luka réalisa une nouvelle fois le fossé qui les séparait en terme de leadership. Inexplicablement, son regard se posa successivement sur le géant à l'air hagard du groupe, sur une jeune femme portant les marques de la culpabilité sur le visage puis sur un civil qui se demandait ce qu'il pouvait bien faire en un tel endroit. Presque instantanément, un frisson parcourut son bras gauche recouvert de bandages. Se pourrait-il que ses effets bénéfiques s'amenuisent ? Ce drôle de rassemblement fut rejoint peu de temps après par une délégation d’autochtones dont la finesse des habits ne laissait planer aucun doute sur leur importance au sein de la proto-société de cette planète. Alors qu'Arthur et le leader de la forteresse entamaient une discussion dans une langue que Luka ne comprenait pas, les paroles de son ex codétenu Maël lui revinrent en tête. "Ils veulent se faire passer pour des humains". Difficile d'imaginer que sous ces masques et ces vêtements épais se cachent des êtres à l'apparence animale. Maël lui aurait-il menti sur ce point aussi ? Malgré le sale tour qu'il lui avait fait, Luka ne pouvait se résoudre à remettre en doute toutes les vérités soulignées par les analyses de l'ancien pilote. Béryl dissipa toutes ses pensées en l'invitant à vive voix à le rejoindre à la table des négociations plutôt que de se goinfrer. Grâce à ses dons linguistiques, Arthur n'avait aucun mal à traduire à haute voix et avec justesse les paroles du maître des lieux :

<<Notre humble hôte se nomme Styx Majingilane, leader du clan Majingilane qui dirige cette région de Pern. Il tient à s'excuser de vous avoir emprisonné, ce n'était qu'une mesure de précaution inscrite dans leur Constitution. Ils semblent craindre que leur civilisation ne soit la cible de voyageurs indésirables. Les deux demi-portions à ses côtés sont ses derniers enfants. D'après ses dires, il souhaiterait laisser comme héritage une société en paix à tous ces jeunes de la nouvelle génération. Styx a terminé sa tirade en nous demandant quel est l'objet de notre venue sur cette planète.

-Pourrais-tu lui répondre que je suis profondément désolé d'avoir tenté de m'évader par la force ? J'avais peur que ma captivité ne provoque des effets indésirables au sein du groupe mais aussi que nos poursuivants ne nous rattrapent plus rapidement. Mon impatience a malheureusement eu raison de mon sens du devoir. >>

Durant quelques brèves minutes, Styx et Arthur échangèrent des paroles qui n'avaient aucun sens pour l'ensemble des représentants terriens. Un blanc d'une minute paralysa l'ensemble de l’assemblée après que le chef des autochtones ait prononcé ses derniers mots. Prenant son courage à deux mains, le traducteur officiel de l'Odyssée prononça le verdict de sa conversation :

<<Mauvaise nouvelle, ils ne veulent pas négocier avec toi. Ta tentative d'évasion a surement eu un impact, cela dit Styx soutient que c'est dans leur tradition de parlementer non pas le leader mais ses subordonnés. Il pense sans doute qu'il est plus facile de nous tirer les vers du nez de cette façon. Il ne nous reste plus qu'à avoir confiance en nos camarades pour tirer le meilleur de ces négociations. >>
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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeVen 5 Juil - 18:02

Rouge. La couleur qui lui avait été attribué était le rouge. Il n'avait pas réellement compris ce que cela voulait dire, mais à priori Blackarion devait accompagner une poignée de gens à un genre de pourparlers. Sans vraiment s'y intéresser plus que ça, il avait tout de même compris que ces discussions étaient sans aucuns doutes liées à la récupération de la personne qu'ils cherchaient. En soit, c'était une manière d'accélérer les choses. Car si plus rien ne les retenait sur cette nouvelle planète, ils pourraient tous poursuivre leur chemin.
Mais, de nouveau, cet esprit d'analyse succomba sous l'émerveillement du géant lorsqu'il découvrit la ville qui se dessinait sous ses yeux. C'était presque du jamais vu pour lui. Une ville construite à même la montagne. A mesure que le groupe progressait, escorté par une cohorte d'humanoïdes gigantesques - comparé aux compagnons de Blackarion -, se dessinait la cité-forteresse à l'intérieur de laquelle les négociations allaient avoir lieux. Une expérience toute nouvelle pour lui qui ne faisait que d'avancer de découvertes en découvertes.
Ça et là, probablement à des points stratégiques, des constructions en bois sortaient du flanc de la montagne, sûrement des postes de gardes permettant d'avoir une vue sur les alentours. A bien y regarder, ces postes étaient construits à l'extrémité de tunnels qui rentraient directement dans la roche. Et au pied de ladite montagne, un trou béant ceinturé de bois et de matériau semblable à du tissu de couleurs chatoyantes. Le meneur de l'escorte dialogua avec les gardes devant l'entrée, puis la cohorte se remit en chemin.
Toujours émerveillé par toutes ces nouvelles choses, Blackarion examina longuement les divers personnes devant qui ils passaient. Tous étaient des gardes pour le moment, du moins leurs vêtements le laissait penser. Des épaisses pièces d'armures, plus ou moins sommaires à première vue, recouverte du même matériau coloré que la porte de la cité, et qui recouvraient le corps des autochtones en intégralité. Si leurs attirails étaient aussi disparate que les couleurs qu'ils arboraient, tous portaient un casque qui, s'ils semblaient ne portait aucune ressemblance, affichait à chaque fois un visage humanoïde.

Puis ce fut un nouvel émerveillement lorsque le groupe franchit le tunnel de roche. Une gigantesque cavité, un véritable trou dans la montagne. Sur les parois, des centaines de constructions en bois, à nouveau recouvertes de ce matériau si familier. Au sol, des bâtiments qui ne semblaient pas être des habitations mais des lieux importants comme des échoppes, des entrepôts ou encore une caserne. L'ensemble était illuminé tantôt par d'étroits fentes et failles dans le "plafond" sous la montagne, tantôt par ce qui ressemblait à des champignons ou des plantes souterraines irradiant d'une faible lueur jaunâtre qui portait sur des dizaines de mètres alentours. Ils passèrent devant plusieurs dizaines de locaux. Leurs vêtements étaient cependant moins colorés et plus éparses que ceux des gardes, laissant apparaître des bouts de peau à la pilosité surdéveloppée et des muscles saillants et noueux. Ceci dit, tous portaient des masques ou casques avec ce même visage humanoïde taillé dessus.
Sans qu'il ne s'en rende compte, Blackarion progressait avec son groupe vers le plus grand bâtiment de cette cité si primitive mais à la fois tellement fantastique. Il était comme un enfant, la bouche grande ouverte et les yeux qui ne savaient pas où regarder, son attention filant d'un endroit vers un autre, et poussant des soupirs et autres cris d'émerveillement.

Finalement ils arrivèrent tous devant le bâtiment qui semblait se trouvait au centre de la cité. Au-dessus, la roche avait tellement était creusée que le sommet de la cavité était à peine visible. A l'entrée de la bâtisse, d'autres natifs les attendaient. Ceux-là étaient bien différents de tout ce que le géant avait pu voir jusqu'ici. Leurs habits étaient bien plus amples, les couches plus nombreuses, et leurs couleurs encore plus diversifiées et éclatantes. Il avait également l'impression qu'ils étaient plus petit que le reste mais il ne s'attarda pas dessus. Non, ce qui attira le plus son attention fut les masques qu'ils arboraient. Ceux-ci étaient d'une finesse extrême, un véritable travail d'orfèvre. A vrai dire, Blackarion avait d'abord cru qu'il s'agissait de leur visage tellement les traits gravés et taillés étaient fins et détaillés. C'était comme un second visage apposé sur le premier, mais bien évidemment recouverts de milles couleurs.
A nouveau le meneur de l'escorte s'exclama dans sa langue, après quoi l'une des personnes qui attendait le groupe prit la parole. Blackarion n'y prêta pas attention du tout, d'une parce qu'il ne pouvait pas comprendre un traître mot de ce qui était prononcé, et de deux, parce que cela ne l'intéressait pas. Il était là simplement parce qu'on lui avait demandé d'être là, et il ne comptait pas prendre part aux négociations. Son seul but, lorsqu'il s'en souvenait, était de faire en sorte que tout se passe pour le mieux et aille le plus rapidement possible pour qu'ils puissent progresser dans leur voyage. Et, à vrai dire, il commençait à envier le groupe qui restait dehors, à l'entrée du bâtiment, celui qui devait faire office de figuration d'après les leaders. Ainsi, il n'écouta pas ce que Arthur traduit à l'attention du groupe chargé de la négociation, trop occupé à détailler leurs hôtes ou la construction dans laquelle il allait pénétrer.

A l'intérieur, tout était grand, semblable à l'entièreté de la ville qu'ils venaient de traverser. Il n'y réfléchit pas le moindre du monde, mais compte-tenu de la taille des habitants de cette cité, cela ne faisait aucun doute que leurs bâtiments devaient être adaptés à leur carrure, quand bien même ceux qu'ils suivaient désormais semblaient plus modestes au niveau physique. Ils grimpèrent un escalier pour arriver à une gigantesque salle en rotonde, à l'architecture des plus atypiques. De grandes bannières colorées pendaient à certains points sans qu'aucune intervalle particulière ne soit décelable. Des fenêtres ou ouvertures parsemaient la paroi juste en-dessous du plafond, laissant filtrer la luminosité extérieure ainsi qu'un air frais et agréable. C'était surtout la taille de la pièce qui impressionnait, et qui plaisait extrêmement à Blackarion, qui n'avait pas à se baisser ou se recroqueviller pour marcher.
Arthur, qui menait la cohorte, se dépêcha de donner des directives à certains membres du groupe, puis entama les discussions avec certaines des locaux. Comme il l'avait fait plus tôt, il fit office d'interprète pour le groupe, mais le géant n'en avait toujours rien à faire, trop heureux de pouvoir se déplacer normalement dans une pièce pour l'une des premières fois de sa vie.

« Vous savez ce qu'il vous reste à faire, vous autres. Que ceux qui souhaitent participer aux négociations s'avancent, tout le monde ne pourra pas parlementer avec nos hôtes. Oh, et pour ceux qui ne souhaiteraient pas s'exprimer, vous êtes libres de vous restaurer grâce aux divers mets qu'ont préparés la cour Majingilane. Il semblerait que notre bien-aimé leader ait apprécié certaines de leurs préparations, finit Arthur avec un regard amusé envers Luka Erbin. »

Comme si on lui avait annoncé que l'Organisation avait stoppé ses recherches à leur encontre, Blackarion revint à la réalité aussitôt la mention de nourriture préparée pour eux fut prononcée. Sans prendre en compte le reste de la phrase du second de l'Odyssée, il s'avança en direction de l'une des gigantesques tables où étaient réunies des centaines de plats et mets différents. Manque de chance pour lui, Arthur sauta sur l'occasion pour le féliciter d'être le premier à s'avancer et l'invita à s'avancer vers le maître des lieux et son entourage. Devant la réticence du géant qui se stoppa net et afficha un regard perplexe, le traducteur en chef prit ce dernier par le bras et l'intima à s'avancer, ce qu'il fit, avec l'incompréhension d'un bambin ancrée sur son visage.
Blackarion resta planté devant Styx Majingilane et ses conseillers sans piper mot, presque tétanisé. Puis au bout de longues secondes, il se tourna en direction d'Arthur.

« Euh...je...qu'est-ce que je dois dire ?, demanda le géant tel un enfant timide devant une personne inconnue à qui il devrait poser une question.
-Commence par les saluer, entama Arthur avec un sourire franc et amusé, tu t'adresses à notre hôte après tout. Ensuite je suppose que tu devrais lui dire que tu es prêt à négocier avec lui pour que chacun de nous puisse y trouver son compte et que l'on reste en de bons termes une fois notre cher leader revenu parmi nous.
-Mais...tu peux pas...lui dire toi-même ? Il comprend pas ce que je dit, si ? De toute façon tu vas traduire ce que je vais dire...donc il écoutera ce que toi tu lui dis...pas moi.
-Quand bien même, il sondera tes paroles. Si tu te contentes de m'énoncer ce que je dois dire, ou que cela ne vient pas réellement de toi, il le saura sans aucun doute. Tu dois d'adresser à lui comme s'il pouvait te comprendre, sinon tes mots n'auront aucun poids. De nous tous, toi seul peut leur parler sans avoir à lever les yeux, tu pars déjà avec un avantage, ils ne peuvent pas t'impressionner physiquement. »

Blackarion se retourna fébrilement et regarda les locaux qui se trouvaient en face de lui. Arthur disait vrai. Même s'ils étaient bien plus grands et imposants que les autres membres du groupe, lui était à leur hauteur, il en dépassait même certains et n'avait rien à envier à leurs carrures. S'il s'était agit des gardes, il en aurait été autrement, mais là, Styx et les siens ne pouvaient jouer de leur physique. Malgré son euphorie mentale considérable, le géant commença à gagner un peu de confiance en lui quant à cette tâche. Si Arthur disait qu'il pouvait le faire, alors c'était probablement vrai. Une impression de grande sagesse et de gentillesse naturelle se dégageait de ce dernier, donc Blackarion pouvait très certainement lui faire confiance.

« Hum...euh...comment il s'appelle déjà ?
-Styx Majingilane, répondit Arthur.
-Merci. Je vous salue, Styx Majingilane, vous et vos am...vos sembla...euh...vous et votre entourage. Je me propose pour négocier de la libération de notre chef, Luka Erbin, et je suis prêt à euh...négocier avec vous pour...hum...pour sa libération. »

Toujours avec ce même sourire amusé, qu'il perdit aussitôt qu'il prit la parole, Arthur se mit à traduire les mots de Blackarion à l'attention de leurs hôtes. Le plus dur avait été fait, il avait entamé la discussion et, après coup, il était plutôt fier de son entame.
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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeVen 19 Juil - 0:01

« Hum, ça confirme ce que je pensais. Il n'a aucun intérêt à garder Luka sous son emprise, cela ne serait qu'une dépense de moyens en plus et son clan ne peut se le permettre. Ce qui veut dire qu'il est prêt à trouver un terrain d'entente, il sera libéré dès que nous aurons fini de parlementer. Ceci étant dit, il souhaite tout de même que nos deux groupes concluent un pacte. Il souhaite un accord en échange de la libération de notre leader...mais je n'ai pas bien compris ce qu'il souhaitait. »

Aussitôt Arthur eut fini de retransmettre les paroles de Styx Majingilane, ce dernier reprit la parole.

« Ah, oui, ça fait sens. Il souhaite savoir pourquoi une population aussi conséquente d'humains ont posé le pied sur Pern. »

Toujours aussi perdu, Blackarion se retrouvait maintenant dans une situation dérangeante à la fois pour lui, mais pour le reste du groupe. Pour toute l'Odyssée même. Il avait manqué de tout raconter à son hôte, ou du moins tout ce que lui avait compris de cette vaste entreprise dans laquelle il avait été embarqué malgré lui. Mais au dernier moment, alors qu'il s'était retourné dans la direction du Pernien, il s'était tout d'un coup rendu compte de ce qu'il allait dire. Certes, il s'agissait de négociations et discussions plus ou moins civiles entre deux peuples totalement étrangers, le tout dans le but de garder des relations courtoises, voire même amicales si tout se passait bien, et de récupérer le leader de cet immense groupe. Mais trop en dire sur leur projet de gagner ce "Haut-Pays", sur leur fuite de la Terre et de l'Organisation, tout déballer sans prendre de précaution, c'était peut-être dévoiler des informations capitales et créer une éventuelle trahison de la part du clan Majingilane. Rien ne disait que Styx n'allait pas utiliser ces informations pour éclairer les chiens de l'Organisation une fois qu'ils poseraient le pied sur Pern. Ou qu'il vendrait ces renseignements à un peuple plus belliqueux voyant l'opportunité de réduire en esclavage quelques deux millions de Terriens.
En soit, c'était peut-être l'entièreté du voyage qui reposait sur les épaules de Blackarion. Et il ne savait plus du tout quoi faire. Il pouvait mentir, ce ne serait pas la première fois, mais le risque que Styx et son entourage lisent dans son mensonge et s'en offusque était trop grand. Il pouvait aussi en dire le moins possible, mais où s'arrêter ? Il sentait son esprit toujours dans le vague, et son attention était en trop grande partie tournée vers la pléthore de mets exotiques qui trônaient de chaque côtés de la salle.
Il fit donc ce qui apparaissait comme la solution la plus intelligente et se tourna à nouveau vers Arthur, le regard inquiet.

« Je peux pas tout lui dire, si ? Si je lui raconte tout, si je lui dit qu'on fuit la Terre et l'Organisation et qu'on va jusqu'au Haut-Pays, y a des chances qu'il utilise ça contre nous...ou qu'il le vende à quelqu'un d'autre, non ?
-Je suppose qu'il ne serait pas sage de mentir à notre hôte, n'est-ce pas ?, répondit Arthur avec toujours le même sourire sur le visage. S'il ne comprend pas notre langage, et que nous ne comprenons pas le sien, chacun de nous peut cependant lire dans la voix et les expressions de l'autre Blackarion. Et puis, si nous désirons établir une relation saine et amicale avec les Perniens, il serait préférable de ne pas leur mentir. Nous ne pouvons pas nous mettre à dos toutes les espèces et civilisations sur lesquelles nous tombons. »

Il préconisait donc de raconter la vérité. Toute la vérité ? Encore une fois, le doute envahissait le géant. Trop de choses reposaient sur lui, et il commençait à en avoir marre. A nouveau, il opta pour le chemin le plus simple : se contenter de faire comme Arthur lui avait dit. Si le conseiller de Luka Erbin et second du groupe préconisait de répondre normalement et sans mentir à leur hôte, alors c'était probablement la meilleure marche à suivre.

« Très bien. Pourquoi on est venu sur Pern. Ça commence sur notre planète, la Terre. Un gouvernement mondial... »

Blackarion entama un récit assez conséquent pour expliquer la raison de leur présence sur cette planète. L'Organisation, les laboratoires et les expériences réalisées sur des Humains, Lambda ou Porteurs, la signification du mot Porteur, l'attaque sur le laboratoire, la libération de tous les cobayes et victimes de la ferveur scientifique de l'Organisation, le voyage jusqu'à Dune. Malgré tout, il stoppa son histoire et ne mentionna pas le but de leur odyssée, se contentant de dire qu'ils fuyaient tous l'Organisation d'Eolin Revlis. Arthur prit beaucoup moins de temps à traduire que Black n'avait parlé, ce qui étonna le géant qui n'avait pas vraiment fait attention aux moments où Styx Majingilane parlait, où même au temps de parole de leur interprète attitré. Le maître des lieux offrit ensuite sa réponse. Une réponse simple et rapide, qui tenait véritablement d'un échange entre deux étrangers.

« C'est la seule chose qu'il désire savoir pour le moment. C'est à notre tour de poser des questions, et je vous recommande d'en poser. Au-delà de l'enrichissement personnel et du fait que ce soit la première civilisation extra-terrestre que l'on rencontre, il est d'accoutumée bon ton de s'intéressait à son hôte lorsque l'on vient parlementer sous son toit. »

Ce après quoi Blackarion décida qu'il en avait assez fait. Cette position de représentant d'un groupe de plus de deux millions de Terriens en fuite était bien trop importante pour lui, et même s'il était sous l'effet d'une forte dose de calmants, toute cette scène l'avait profondément épuisé psychologiquement. Un stress énorme avait pesé sur son esprit, et poursuivre cette conversation ne ferait qu'empirer les choses. Il préférait retourner à son petit paradis mental où tout n'était que découverte et joyeuseté, où les problèmes étaient réglés en moins de vingt minutes grâce à ses capacités. Il se tourna donc une dernière fois vers Styx et les siens et se força à apparaître le plus serein possible.

« Je vais désormais laisser la parole à l'un de mes...un de mes compagnons, quelqu'un qui pourra mieux répondre à vos questions et qui sera plus fort que moi dans ces parlem...dans cette discussion. Ah, euh, c'était un plaisir de discuter avec vous monsieur Styx...passez une bonne journée et...euh, ouais, voilà... »

Sans même attendre qu'Arthur n'entame sa traduction à l'attention du maître des lieux, ou encore qu'une autre personne ne se désigne pour poursuivre les négociations, Blackarion se dirigea avec une rapidité relative vers l'une des deux gigantesques tables en bois où étaient posés les myriades de plats aux couleurs diverses et inhabituelles. Contrairement à certains de ses comparses qui avaient attendu ou attendaient que les discussions se terminent, et contrairement à d'autres qui avaient pris leur temps pour choisir quoi goûter en premier, lui n'en fit rien. Il se saisit du premier met venu, le porta à son nez et huma bruyamment son fumet avant de l'engloutir tel un troglodyte. Probablement l'aliment le plus simple parmi l'ensemble de plats et mets, cela ressemblait à un fruit. De la même surface qu'un citron, mais bien plus large, et avec une forme plus ou moins cubique ainsi qu'une couleur très inhabituelle. Majoritairement rosée, des vagues de teintes claires d'orange et de bleu apparaissaient par endroit et s'entremêlaient.
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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeSam 20 Juil - 18:07

L'assemblée des Terriens en majorité fut abasourdie par ce qui venait de se passer. Beaucoup avait tiqué lorsque ce géant de plus de deux-mètres trente s'était avancé pour mener les négociations avec Styx Majingilane et les siens. Alors quand il décida de laisser tomber les discussions de but en blanc pour aller se goinfrer à l'une des tables recouvertes de mets, la stupeur pouvait se lire sur leurs visages. Un blanc assez gênant s'installa pendant de longues secondes, presque une minute entière, puis quelqu'un daigna finalement prendre les devants sans qu'Arthur, autoproclamé maître de cérémonie, n'ait à convier qui que ce soit.
Une jeune femme avec une longue queue de cheval blonde, qui jeta un regard dédaigneux envers Blackarion alors qu'elle venait se placer devant leurs hôtes.

« Elizabeth, la salua Arthur avec son éternel sourire.
-Je vous salue, Styx Majingilane, chef du clan Majingilane, et vous remercie de nous accueillir sous votre toit malgré notre irruption non-annoncée sur votre territoire. De manière à ce que nos deux peuples puissent plus facilement se connaître, j'aimerais d'abord savoir comment nous devrions vous appeler ? Pour nous, vous êtes des Perniens, de la même manière que nous sommes des Terriens, mais, si j'ai bien compris, votre espèce est séparée en plusieurs groupes et clans, devons-nous tout simplement vous appeler les Majingilane ?
-Sa réponse est assez vague. Il dit simplement que nous nous trouvons sur le territoire du clan Majingilane, qui contrôle cette forteresse, et que la planète où ils vivent se nomme Pern. Je pense qu'il m'a donné le nom pour leur espèce, mais trouver un terme équivalent dans notre langue serait trop compliqué, et je ne pense pas qu'il soit utile de vous donner le mot dans sa version originale, expliqua Arthur à l'attention de ses semblables. En somme, nous pouvons les appeler les Perniens, de la même manière qu'un extra-terrestre nous appellerait tous des "Terriens", que nous soyons Humains ou animaux.
-Je vois. A l'avenir il sera peut-être bon de décider d'un terme pour les nommer, si nous voulons établir une véritable relation amicale.
-Ce ne sera utile que si nous sommes amenés à les rencontrer à nouveau, intervint un des cadres du groupe.
-Vous dites être le clan Majingilane, cela veut donc dire qu'il existe plusieurs clans de votre espèce sur Pern, n'est-ce pas ?, poursuivit la jeune femme sans passer plus de temps sur la question précédente. Combien de clans peuplent votre planète ? »

La traduction comme la réponse ne furent pas longue, en revanche Arthur poursuivit la conversation de lui-même sans donner de traduction auprès des siens. Ce après quoi une discussion plus ou moins courte se déroula, laissant le groupe des Terriens dans le flou total. Mais leur interprète se retourna au bout de quelques échanges, un air plutôt grave sur le visage.

« Cette question en a soulevé d'autres malgré elle. Pour te répondre, il existe bel et bien plusieurs clans sur Pern. Les Majingilane se voient comme de profonds pacifistes qui ne prennent les armes qu'en cas d'extrême nécessité. C'est également l'un des clans les plus influents du continent, ou de la planète entière, je n'ai pas tout saisi. Styx m'a donc annoncé que, grâce à cette influence, il pouvait avoir la main mise sur l'une des deux arches de cette planète, l'autre étant tout simplement à découvert à une distance assez lointaine. Or, nous savons tous de source sûre qu'il y a trois arches sur Pern, ce que je lui ai naturellement dit. C'est là que ça pose problème, et c'est pour cela que nous avons cette brève mais mouvementée discussion : la troisième arche est sous le contrôle de l'autre clan influent sur le continent, les Mapogos. Eux sont bien plus belliqueux que les Majingilane. Styx m'a expliqué que si les arches sont des merveilles pour ce qui est des déplacements interplanétaires, ce sont également une véritable plaie car ils peuvent être utilisés très simplement. De ce fait, les Perniens tiennent à exercer une surveillance totale pour ne pas être envahit par d'autres peuples aux intentions plus malsaines. D'après lui, les Mapogos ne nous laisseraient pas emprunter leur arche, et toute entrée sur leur territoire serait réprimandé par la violence.
Les Majingilane ne voient aucun problème à ce que nous utilisions leur arche ainsi que celle qui n'est sous aucune influence, mais si nous tenons à prendre celle des Mapogos, cela pourrait entraîner un conflit à travers tout le continent. Les autres clans se rallieraient très certainement derrière les Mapogos, et Styx veut à tout prix éviter ça. En somme, si nous utilisons les deux arches qui nous sont autorisés, et que nous le faisons rapidement, tout se passera pour le mieux, pour nous comme pour les clans de Pern.
»

Derrière Arthur, malgré les masques et les habits voluptueux que portaient les Perniens, leur air apparaissait bien plus grave. La tension était montée d'un cran, ce qui signifiait clairement que cette situation était des plus sérieuses pour Styx et les siens.

Une tension qui ne troubla pas le moins du monde le géant qu'était Blackarion. Depuis qu'il avait quitté son poste, il se plaisait à déguster tout ce qui lui passait sous la main. D'autres Terriens avaient franchis le pas lorsqu'il s'était avancé vers les préparations prévues pour eux, mais aucun ne se goinfrait comme lui. Il mettait un point d'honneur à tout goûter, parfois même plusieurs fois. Jusqu'à ce qu'il porte son dévolu sur une viande baignant dans un jus ou une sauce à la couleur attirante. Globalement semblable à ce que l'on trouvait sur Terre, son fumet dégageait des odeurs de miel, de lavande et un soupçon de viande de porc grillé. Du moins étaient-ce là les odeurs qu'un Terrien pouvait identifier à ces odeurs-ci. De son côté, la viande était on ne peut plus étrange. Comme séparée en deux parties, le cœur du morceau se rapprochait de celui d'une côte de bœuf, à ceci près que la chaire était d'une teinte bleue nuit, tirant vers le violet en son centre. En revanche, la surface de la viande, entourant le cœur, était d'une couleur et d'une texte bien plus commune pour un Terrien, d'un gris-noir et plutôt moelleux au jugé. Comme il l'avait fait pour le reste des plats qu'il avait goûté jusqu'ici, Black ne réfléchit pas et engloutit une portion de l'épaisse viande, la faisant tremper dans le liquide dont elle était entourée au préalable. Il mâcha de longues secondes, bien plus longues de d'ordinaire, mais ne se posa pas de questions, même quand il força sur sa mâchoire pour écraser la viande qui s'avérait être bien plus épaisse et dure que prévue. Au bout d'une longue minute et demie de mastication, il avala finalement une partie de la viande. Le morceau eut du mal à passer ceci dit, Blackarion prit donc le soin de mâcher encore plus le reste pour éviter de s'étouffer.
Pendant ce temps, pour faire redescendre l'atmosphère et rappeler à tous ce pourquoi ils étaient réunis aujourd'hui, la jeune femme poursuivit rapidement avec une nouvelle question.

« Toujours dans ce même soucis de mieux vous connaître afin que nos relations soient dans les meilleures conditions possible, j'aimerai savoir si vous êtes endémiques de cette planète ou si votre espèce s'étend sur plusieurs planètes ? Avec les arches, il est simple de voyager d'une planète à l'autre, ce ne serait donc pas étonnant que votre peuple soit présent ailleurs que sur Pern. Cela pourrait grandement faciliter notre voyage si jamais nous venions à rencontrer certains des vôtres dans le futur.
-Hum. Styx dit qu'ils sont des "Perniens de souche". D'abord une espèce primitive, ils ont évolués pour se socialiser et former une véritable civilisation humaine d'eux-mêmes. Ah, et ils n'ont jamais quitté Pern, donc il ne peut pas dire si d'autres membres de son espèce sont présents sur d'autres planètes, mais il en doute fortement. [/b][/color]»

Contrairement à d'habitude, la traduction d'Arthur s'était voulut moins naturelle, comme marquée par un certain manque de volonté, ou plus légère. En plus de ça, Luka Erbin, qui se tenait entre les deux groupes, en face d'Arthur, affichait un regard perplexe, fronçant les sourcils. La jeune femme ne fit aucune remarque à ce sujet, comme le reste du groupe d'ailleurs, peut-être parce que personne n'avait remarqué ce changement dans l'attitude des deux leaders de l'Odyssée.

« Je vous remercie grandement de votre temps, Styx Majingilane. Je me retire désormais pour laisser la place à l'un de mes comparses, conclut la jeune femme en reculant de plusieurs pas afin de retourner dans les rangs. [/b] »

Du côté des tables, Blackarion cherchait son souffle depuis maintenant une bonne minute. Il ne s'étouffait cependant pas, ou du moins pas normalement. Il ne toussait pas, ne crachait pas, ne produisait pas de son gutturaux et désagréable. Il avait déjà engloutit la totalité de la sauce accompagnant la viande qu'il avait tenté de déguster quelques instants plus tôt, mais rien n'y faisait, quelque chose bloquait toujours. Ne pouvant rien faire, il tenta tout de même de se calmer, pensant que l'excitation ne le mènerait à rien, et s'appuya sur l'une des tables tout en regardant un point fixe sur le mur.
Quelques secondes passèrent avant qu'une question n'émerge du groupe, sans pour autant que qui que ce soit ne s'avance.

« Pourquoi avoir capturé notre leader si vous ne désirez pas le garder captif de toute façon ? Il aurait été plus simple d'envoyer une cohorte à notre encontre pour nous le rendre, ce qui aurait sauvé du temps et des ressources à tout le monde.
-Avance-toi si tu désires parler Konnor, tu ne voudrais pas manquer de respect à notre hôte, hein ? »

A ces mots, un homme se démarqua des rangs. Une carrure athlétique, des cheveux blancs comme la neige dans une coupe stylisée, un visage ciselé et agréable, des yeux gris perçants. Konnor Bennigold, l'un des chefs d'escadron sous les ordres directs d'Arthur. Connu pour sa loyauté sans faille et son sang-chaud, il était plutôt étonnant de le voir dans le groupe des négociations, à moins que sa présence ne soit que purement préventive en cas de conflit.  

« Ils se prétendent des pacifistes, mais au lieu de conduire Luka à nous avec une escorte pour les représenter, ils nous font venir chez eux. Sur Terre, on appelle ça une tentative d'intimidation, et ça colle pas trop avec des idéaux pacifistes. »

La voix d'Arthur ne changea pas d'un poil en comparaison avec le reste de ses traductions, contrairement à ce que certains auraient pu attendre de lui compte-tenu des propos crus de la part du chef d'escouade. La réponse de Styx, en revanche, était différente de d'habitude. Sans laisser transparaître une quelconque gêne, le désir de convaincre pouvait se ressentir dans sa voix.

-D'après lui, ils n'ont fait qu'appliquer leurs lois, entama Arthur en regardant directement Konnor. Luka leur ait apparut comme un potentiel danger dès son entrée sur Pern. De plus, c'est un parfait inconnu, et non un Pernien qui se serait perdu sur leur territoire. D'après lui, il a également ignoré toute tentative de leurs éclaireurs de lui dire de faire demi-tour, et il aurait, je cite, "déambulé de manière assez étrange, voire agressive" en direction de leur forteresse. Pour empirer la chose, Luka était à priori dans un état second, c'est pourquoi ils ont préféré le capturer plutôt que d'attendre que n'arrive un groupe entier d'être-vivants aussi étranges et totalement étrangers à leur monde.
-Bien évidemment, c'est leur parole contre celle de Luka, et ce serait bien maladroit de notre part de les vexer en les traitant de menteur, j'ai bien compris. Il a parlé d'un accord en échange la libération de notre leader, qu'il parle, nous n'avons pas tout le t... »

Arthur n'eut jamais l'occasion de traduire les mots de Konnor, et Styx ne connut jamais la réponse de son nouvel interlocuteur, car une détonation retentit à quelques mètres d'eux. En lieu et place de Blackarion, qui s'étouffait à peine une poignée de secondes auparavant, flamboyait désormais une masse gigantesque de flammes.

« ដុត, hurlait l'immense brasier dans un dialecte inconnu, tandis qu'une colonne de feu explosait tout autour. »
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Ulrich Wahlberg

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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeLun 22 Juil - 3:06

Une intense lumière bleue, vive et brève, fit irruption dans l’esprit d’Ulrich. Ce fut une expérience étrange, il n’avait pas réellement le sentiment d’avoir vu la couleur bleue, plutôt comme s’il l’avait juste perçue sans la visualiser, comme si le porteur télépathe avait activé la zone de son cerveau qui lui permettait de reconnaître ce pigment. Quoiqu’il en soit, cette position le ravissait d’avance. Il suivit les instructions de Joshua, et forma un petit groupe avec le reste de ses camarades. Là, Joshua se tint devant l’assemblée et divisa les quelques dizaines de personnes en équipes de cinq. Ulrich se vit affublé d’une adolescente, d’un jeune homme et d’une jeune femme, et d’un homme semblant plus âgé, au corps et au visage complètement camouflé par des tissus noirs, ne laissant apparaitre que ses yeux uniquement. Comme prévu, le titre de chef d’équipe lui fut attribué. Il frotta ses mains sur son visage, réticent à l’idée de devoir donner des directives à cette équipe de pacotille.

— Enchanté ! entama la jeune femme. Je m’appelle Karen, je possède un pouvoir de manipulation des eaux que je maîtrise très peu, c’est surtout parce qu’il n’a été activé que très récemment pendant les expériences dans les Laboratoires, enfin c’est ce qu’on m’a dit, parce qu’honnêtement je ne me souviens pas très…
— Oh ! gronda Ulrich.

Il fixait la femme, affichant de gros yeux comme lorsqu’un parent gronde son enfant. Il laissa le silence parler à sa place de longues secondes, faisant peser une culpabilité terrible sur cette femme qui semblait atrocement stressée par cette mission. Il reprit alors :

— J’en ai rien à foutre de ton histoire, on n’est pas là pour faire connaissance. Vous allez juste me donner à tour de rôle votre prénom, ou n’importe quel surnom auquel vous répondrez, ainsi que votre pouvoir si vous en possédez. Je veux pas un mot de plus, on n’a pas le temps pour ces conneries messieurs-dames.
Ulrich recueillit alors chacune des informations, face à lui, de gauche à droite, se trouvaient Iris, sans pouvoir, puis Akim possédant des sens bien plus affutés qu’un homme banal, pouvant percevoir par exemple une gamme de longueurs d’onde bien supérieure à la normale. S’en suivit Karen avec un faible contrôle de l’eau et enfin l’homme recouvert de la tête aux pieds, nommé Aslan, possédant un pouvoir de clonage et de camouflage. Ulrich recueillit ces quelques informations et s’efforça d’imaginer l’utilité que chacun de ces personnages pourraient avoir. Aslan l’intrigua particulièrement, entièrement camouflé sous une tunique et une cagoule noire, seul les yeux de l’homme étaient visibles, dont le regard ne laissait transparaître aucune émotion. Il semblait témoigner d’une forte expérience, certainement s’agissait-il d’un ancien soldat de l’Organisation.
De leur côtés, les deux jeunes adultes Akim et Karen, semblaient profondément affectés par cette situation inhabituelle pour eux, le regard presque paniqué, angoissé à l’idée d’une éventuelle bataille. La plus jeune, Iris, possédait un physique bien particulier. La peau légèrement mate et de petite taille, ses longs cheveux de jais tombaient sur ses épaules, aux boucles parfaitement ondulées. Son visage fin et enfantin, d’une beauté troublante, arborait des yeux dont l’iris scintillait d’un vert hypnotique, lui donnant un aspect presque mystique. Il était difficile de deviner ce qu’elle pouvait ressentir tant son regard était particulier. On n’y sentait cependant aucune peur, aucune crainte.

Ulrich eut du mal à détacher son regard de ces yeux profonds, puis reprit ses esprits. Il suivit les directives de Joshua et guida son équipe vers le point stratégique qui leur avait été attribué. Il leur fit signe de se déplacer discrètement, car s’ils étaient détectés, c’est toute la mission qui se verrait être compromise. Ils se murent dans les feuillages le pas léger, et arrivèrent à l’endroit indiqué auparavant par Joshua. De là, l’équipe se tenait au milieu d’une végétation dense, et pouvait observer une des entrées de la cité troglodyte. Celle-ci se trouvait à environ une centaine de mètres, une construction faite entièrement de bois à l’entrée d’une galerie dont l’obscurité ne laissait rien paraître. Il semblait s’agir d’un avant-poste, quatre gardes se tenaient sur le toit de la structure, balayant du regard les alentours. Ulrich ne pouvait pas exclure la possibilité que d’autres Perniens puissent se trouver à l’intérieur de la structure, dans les étages inférieurs. Légèrement en hauteur, ils pouvaient partiellement apercevoir ce qui ressemblait à l’entrée principale de la cité. Ulrich demanda à Akim d’user de ses pouvoirs pour donner le maximum d’informations sur l’avant-poste et la galerie qui se trouvait derrière.

Captant des longueurs d’onde entre l’infrarouge et les ondes radio, Akim réussit à percevoir les ondes thermiques émanant des différents corps humains, ou quelle que soit l’espèce à laquelle ces êtres appartenaient. D’un claquement de langue, il émit une onde sonore en direction de la galerie, celle-ci se réfléchit sur les obstacles et permit à Akim de percevoir la disposition des lieux grâce à l’écholocalisation. En couplant ces deux capacités, il avait désormais une très bonne appréciation des lieux et des personnes s’y trouvant. Il fit alors un bref résumé à toute l’équipe.

—Comme vous pouvez le voir, ils sont quatre sur le toit de l’avant-poste, mais j’en ai aussi détecté deux à l’intérieur même de la structure. Quant à la galerie, je détecte trois gardes légèrement derrière l’ouverture que l’on peut apercevoir, et je pense qu’il y en a d’autre plus loin dans le tunnel. Malheureusement je ne peux pas les dénombrer, ils sont trop éloignés de notre position. La galerie en elle-même fait environ deux mètres cinquante de haut pour cinq mètres de large, elle est assez régulière et mesure au moins cent mètres de profondeur. Mes pouvoirs sont limités à environ deux-cent mètres, là où se trouve potentiellement une autre garnison de soldats.

Ulrich recueillit avec plaisir ces informations précises et concises de son jeune partenaire, cette qualité le surprit, il pensait avoir affaire à un néophyte dans le domaine.

— Je peux permettre à Akim de s’approcher grâce à mes pouvoirs, indiqua Aslan de sa voix grave, je peux t’offrir un camouflage parfait si tu ne t’éloignes pas trop de moi.
— Cela ne sera pas nécessaire, répondit Ulrich après avoir considéré la proposition quelques instants. Notre objectif n’est pas d’attaquer l’ennemi directement mais uniquement si une bataille se déclare. Si cela venait à se produire, le nombre de soldats présents au fond de cette galerie ne nous intéressera pas car l’alerte sera sonnée, et on peut être sûr que des renforts seront appelés. Qu’ils soient seulement deux ou vingt à l’heure actuelle, il faudra se préparer à combattre des dizaines de soldats si on est amenés à entrer dans cette forteresse. De plus, je suppose que ton camouflage est essentiellement visuel, et nous ne connaissons pas la capacité de ces êtres à percevoir les sons et autres perturbations que le déplacement d’Akim pourrait provoquer.

L’équipe accepta sans broncher la réponse d’Ulrich. Ils se positionnèrent donc, de manière à pouvoir observer l’avant-poste tout en se tenant prêt à bondir vers la forteresse si nécessaire. Au bout de quelques minutes, ils aperçurent du mouvement au niveau de l’entrée principale, sans pouvoir réellement distinguer ce qu’il se passait.

— Il s’agit du groupe chargé des négociations, affirma Akim, ils sont escortés par des Perniens tous solidement armés.
— Bien, répondit Ulrich, à partir de maintenant tenez-vous prêts. Les gardes que l’on peut voir ne semblent pas réellement puissants, nul doute que je saurais les vaincre. Cependant, on n’a aucune idée de quel genre de monstre cette cité peut bien contenir. Alors tâchez d’éviter de vous mettre dans des situations dangereuses, car je viendrais pas à votre rescousse.

Autour de l’unité, la végétation était abondante, et l’on pouvait observer ces étranges cascades s’écoulant sur les troncs des arbres. De leur position, ils avaient une très bonne vue sur l’avant-poste, creusé directement dans le flanc de ce qui semblait être une gigantesque montagne. La flore verdoyante envahissait même les parois du mont, et les arbres semblait s’élever de plus en plus haut à mesure que l’altitude grimpait. Le feuillage autour d’eux leur permettait de se tenir camouflé des sentinelles, et Aslan usa de son pouvoir pour améliorer leur couverture. Ils attendirent de longues minutes, fixant l’avant-poste et contemplant le paysage qui s’offrait à eux, tant magnifique qu’exotique. Akim effectuait des analyses régulières pour se tenir au courant de l’évolution de la situation.
Les minutes s’écoulaient lentement. Ils ne savaient combien de temps cette mission allait encore durer, mais Ulrich se satisfaisait de cette situation, il n’avait aucune envie d’entamer le combat face à ce peuple. S’il avait confiance en ses capacités en temps normal, aujourd’hui était un jour particulier. C’était la première fois qu’il voyait des extraterrestres de ses yeux. Si les gardes à portée de vue semblaient abordables, cette espèce pouvait potentiellement être composées d’être bien plus dangereux. Il espérait alors n’avoir aucune réponse à cette question.

— J’entends des pas derrière, lança Akim d’un ton paniqué, tirant Ulrich de ses pensées.
— Quelle distance ? interrogea le chef d’équipe tout en gardant son sang-froid.
— Proche… Très proche. Ils arrivent vite, ils sont beaucoup ! Qu’est-ce qu’on fait ?!

Ulrich lança un regard à Aslan, celui-ci comprit sans un mot et camoufla l’unité au maximum de ses capacités. Son pouvoir permit de brouiller tous les sens des potentiels ennemis, vision, odorat, ouïe, il devait prévenir la détection de n’importe quel humain qui observerait dans leur direction. Alors qu’Ulrich pouvait entendre le vacarme provoqué par les créatures se ruant droit vers eux, des rugissements et hurlements se firent entendre bien plus loin, là où d’autre unités avaient été envoyées.
Alors il pouvait les voir, ces créatures qui fonçaient tête baissées à travers les branches. Des gigantesques hommes-fauves, dépassant tous les deux mètres cinquante, à la musculature saillante. Une meute entière se déplaçait d’une manière désorganisée, une vingtaine de ces créatures passait à quelques mètres d’Ulrich, courant à une vitesse phénoménale grâce à leurs puissantes jambes. Que venaient-ils faire ? Sur qui ou quoi ces créatures se ruaient-elles ? Contrairement à leurs homologues surveillant la cité, ils ne portaient aucun vêtement ni masque, laissant leur corps et visage félidé apparents.
La vision de ces créatures fascina Ulrich, une fascination étrange, mêlée à la frayeur qu’un tel inconnu pouvait provoquer. S’il avait l’habitude de rencontrer des humains au pouvoirs morphiques, ces êtres-là possédaient cette apparence naturellement et quotidiennement.

Le camouflage d’Aslan semblait fonctionner à la perfection, et alors que les sentinelles détectèrent ce mouvement inhabituel, l’une de ces créatures tourna son regard vers le groupe, quand bien même le camouflage était toujours actif. Plus grand, plus large, cet individu se démarquait particulièrement des autres. Le pelage d’un argent scintillant et les yeux rouges, les pupilles de la créature s’élargirent lorsqu’elle détecta le groupe. L’expression de son visage assoiffé de sang noua l’estomac d’Ulrich lorsqu’il croisa son regard. L’homme-lion fondit sur l’équipe, armant son puissant bras muni de griffes, et le balaya droit sur Ulrich. Ce dernier se leva brusquement, plaça ses bras en croix pour parer l’attaque et recula de plusieurs mètres suite au puissant choc. Aslan attrapa Iris qui était à ses côtés et bondit pour se mettre en sécurité, tandis qu’Akim et Karen furent projetés par l’onde de choc provoquée par le contact.
Ulrich encaissa le coup sans broncher, bien que surprit par la puissance de cette créature. La tête pleine de questions, il se demandait comment il avait bien pu le détecter. Le visage de la bête à quelques centimètres du sien, il pouvait sentir le souffle chaud de la créature, semblant afficher un étrange sourire. Dévisageant son opposant, il en déduit que ses vibrisses, ou bien un odorat surdéveloppé pourraient être la réponse à sa question.

Ulrich analysa brièvement la situation. Aslan se tenait prêt à combattre, protégeant Iris derrière lui. Akim de son côté s’était retrouvé directement sur l’une de ces flaques de boues comparables à des sables mouvant, et Karen, complètement sonnée, se trouvait à quelques mètres de lui. Derrière, plus loin, quatre autres créatures se dirigeaient lentement vers eux, intriguées par la situation. Akim peinait à se relever, s’empêtrant de plus en plus dans le sol boueux, voyant bientôt ses deux jambes être complètement immergées.

— Karen, utilise ton contrôle de l’eau pour aider Akim ! s’écria Aslan tout en faisant apparaître une lame dans chacune de ses mains.

Paniquée et déboussolée, des larmes commencèrent à couler sur les joues de la jeune femme.

— Je sais pas faire ça moi ! s’égosilla-t-elle tout en tendant ses mains timidement vers son compagnon en danger. Qui est le responsable de toute cette mission ? Je veux lui dire deux mots !

Aslan se posta face aux quatre fauves nouvellement arrivés, affichant clairement qu’il serait leur seul opposant. De son côté, Karen tentait comme elle le pouvait d’aider Akim pour qu’il ne sombre pas dans les boues marécageuses. Iris semblait impuissante, dépassée par la situation, elle recula de quelques pas pour s’éloigner des batailles qui se préparaient et s’approcha de Karen.

Dans un grognement effrayant, le félin argenté brandit de nouveau son bras pour asséner un deuxième coup à Ulrich. Bien plus puissant que le premier, le terrien ne s’était pas préparé à encaisser une telle force, et fut projeté sur un large tronc d’arbre loin derrière. Le fauve se rua droit vers son adversaire sans lui laisser le moindre répit, tandis qu’Ulrich retombait dans la boue engluante. Il releva la tête et vit le danger s’approcher à toute allure. Face à la situation, Ulrich n’eut d’autre choix que de hausser son niveau d’énergie, fournissant à son corps la puissance nécessaire pour se dépêtrer en une seconde de ce piège mouvant. Il bondit dans les airs et analysa les mouvements du fauve, fonçant bêtement en ligne droite sur sa position. Dans le même mouvement, Ulrich prit appui sur le tronc d’arbre et se propulsa sur l’ennemi, fracassant son poing sur le visage du félin.
Celui-ci s’écrasa loin derrière, offrant de nouveau au terrien l’occasion d’observer la situation. L’une des créatures tenait Karen par le cou, la soulevant de quelques dizaines de centimètres, resserrant son emprise à l’aide de ses griffes. Le sang coulait sur le corps de la jeune femme au corps inanimé. Non loin d’elle se trouvait Iris, assise par terre regardant ce spectacle avec effroi, ses yeux scintillant d’un vert pur. Akim de son côté s’était sorti de sa situation, alors que trois version d’Aslan bataillaient avec les derniers assaillants.

A peine Ulrich avait-il le temps d’analyser la situation une seconde que son opposant direct revint à la charge. Bien plus vif qu’auparavant, Ulrich distingua seulement un éclair gris du coin de l’œil. Il s’accroupit pour esquiver le fauve, balayant son bras dans le vide et désintégrant les arbres alentours par l’onde de choc provoquée par le coup. Le terrien para un coup de genou consécutif de l’adversaire, déployant une quantité d’énergie bien plus grande qu’il ne l’aurait imaginé. Armant son bras gauche, il frappa d’un crochet directement dans le flanc de l’ennemi. S’appliquant dans sa technique, Ulrich asséna de nouveaux coups, une salve continue qui ne laissait aucune ouverture à l’ennemi. Le fauve fut alors projeté sur le meurtrier de Karen, qui s’apprêtait à en finir avec Iris.
Il vit alors Aslan se tenir debout autour des trois hommes-fauves gisant sans vie sur le sol. Tout autour d’eux, d’autres de ces créatures couraient à travers les feuillages dans la direction opposée à la forteresse. Celui qui avait assassiné la jeune femme suivit ses comparses qui semblaient se replier, tandis que le fauve argenté assaillit une fois de plus Ulrich qu’il avait pris pour cible. Ses muscles bandés, son pelage dressé, il asséna au terrien une attaque bien plus puissante que les précédentes. Dans l’incapacité de la parer, Ulrich tenta de l’esquiver mais les griffes acérées du félin vinrent lacérer son épaule gauche. Par réflexe, Ulrich usa de son pouvoir et forma une coquille osseuse. L’attaque réduisit en morceau la protection, et s’enfonça légèrement dans la chair, faisant jaillir une effusion de sang qui éclaboussa d’un rouge écarlate la végétation luxuriante.

Emporté par son élan, la créature s’arrêta quelques mètres plus loin. Ulrich se retourna, prêt à poursuivre ce duel. Le fauve argenté se tenait fier, le torse bombé, affichant ce qui semblait être un sourire, les yeux pétillant d’excitation. Il grogna de sa gorge puissante, comme pour lancer une ultime provocation à son adversaire, et imita ses compagnons en se repliant dans la jungle. Ulrich soupira longuement, à mesure que ces invités indésirables repartent là d’où ils venaient. C’est du moins ce qu’il espérait.
Inspectant tout autour de lui, Ulrich vit le corps sans vie de Karen et des fauves tombés au combat, Iris se releva avec cette frayeur toujours affichée sur son visage, et Aslan aida le jeune homme à bout de force à se relever. Le chef d’équipe tourna alors le regard vers l’avant-poste. Ces derniers semblaient avoir essuyé plusieurs pertes, mais les gardes restant regardaient droit dans leur direction. Ulrich comprit alors que les complications ne s’arrêteraient pas là. C’est alors que les sentinelles semblaient porter leur attention vers une direction différente. Ulrich en fit donc de même, et c’est là qu’il vit.

Devant la grande entrée de la cité se tenait un humain, un terrien, avec derrière lui plusieurs centaines de soldats, tous prêts à en découdre. Ceci était complètement incohérent avec le plan premièrement établit, Ulrich comprit alors qu’il s’agissait d’un autre régiment ayant décidé d’attaquer de front la cité Pernienne.

— Je crois bien que les choses ont dégénérées, soupira Ulrich.


Dernière édition par Ulrich Wahlberg le Mar 30 Juil - 15:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeMer 24 Juil - 12:22

Il suffit d'un instant, un court laps de temps, infime en comparaison avec le reste de cet évènement qu'était la rencontre entre deux peuples diamétralement opposés et provenant de deux mondes si loin l'une de l'autre. Un instant pour que tout ces efforts de la part des Terriens comme des Perniens ne partent sur une pente raide qui menait tout droit vers le chaos. Un malheureux concours de circonstance qui mena Blackarion Vulcantar, aux bords de l'inconscience, à se transformer en quelque chose d'encore plus imposant que lui : un élémentaire géant de feu. Dépassant très largement quiconque à l'intérieur de la pièce, voire de la forteresse même, il était comme un Goliath face à tous ces hommes inférieurs qu'il avait pu affronter. Il était un désastre ambulant apparut au beau milieu de ces discussions pacifiques. L'énorme rocher qui venait briser et déclencher une longue série d'ondulations sur la surface de l'eau, détruisant la quiétude d'un cours d'eau.

Premiers à réagir, deux gardes Perniens se jetèrent sur la créature de feu qui était soudainement apparu. Dans le même temps, le reste des gardes à proximité formèrent une ligne devant Styx Majingilane et ses conseillers. Cependant, tous, soldats comme dirigeants, comprirent bien rapidement qu'ils n'étaient pas de taille face au Porteur qui envoya les deux gardes s'encastrer dans un mur d'un simple revers du bras. Et lorsqu'ils furent pris pour cible par ce dernier, tous reculèrent prudemment, les gardes ne quittant par leur poste et faisant face avec courage.
Leur salut vint en la personne d'un de leurs invités Terriens. Le même qui s'était prononcé avec force et vérité : Konnor Bennigold. Chef d'escouade et guerrier chevronné, il était parmi les mieux placés pour intervenir face à pareil catastrophe. Son caractère au sang chaud n'avait fait que précipiter les choses alors qu'il se plaçait devant les hôtes Perniens, ancrant solidement ses pieds dans le sol.

« C'est quoi ton problème ?!, exulta ce dernier alors qu'il bandait les muscles de la partie haute de son corps. T'en a pas eu assez de nous faire passer pour des débiles, faut que tu... »

Le premier assaut ne se fit pas attendre puisque le géant frappa de son poing. Konnor croisa les bras pour absorber le choc, qui l'enfonça de quelques centimètres dans le sol de la pièce, mais qui ne lui causa pas plus de dégâts que ça. Malheureusement, le poing de son adversaire était enflammé, et il fut contraint d'utiliser un surplus d'énergie pour repousser la main géante qui l'oppressait.
Après avoir bloqué cette première attaque, un sourire confiant se dessina sur le visage du Terrien. S'il pouvait arrêter un assaut de la part d'un tel monstre, le vaincre serait probablement plus simple qu'il ne l'aurait pensé. Il décida donc de passer à l'attaque, car c'était la meilleure défense selon les dires. Le chef d'escouade bondit droit sur le géant, arma son poing et frappa avec la force de dix éléphants en charge. Gonflant sa résistance avec son énergie pour ne pas être brûlé, son poing s'enfonça dans le corps de l'élémentaire, mais n'eut pratiquement aucun effet sur ce dernier. Au contraire, Konnor était désormais bloqué en plein air, ce qui profita à Blackarion qui, ne répondant qu'à son désir inconscient de tout brûler, frappa son assaillant d'un coup de poing ô combien plus puissant.
Le corps du Terrien s'enfonça profondément dans le sol, la violence du choc creusant un cratère tout autour de lui. Il avait sous-estimé son adversaire à cause d'un premier coup bloqué et n'avait pas pris le temps d'examiner les forces et faiblesses de ce dernier à cause de son sang chaud. Et maintenant, il se retrouvait à la merci d'un géant de feu dépassant les cinq mètres de hauteur qui préparait une nouvelle attaque.
Gonflant son torse, ou ce qui s'en rapprochait dans sa forme plus ou moins humanoïde, il cracha un torrent de flamme depuis ce qui était à priori sa tête. Un trait de feu continue frappa Konnor...ou du moins c'est ce qui aurait dû se passer si Luka Erbin n'était pas intervenu en un battement de cil pour protéger l'un de ses chefs d'escouade. Retenant les flammes d'une main et tenant le corps inconscient de Bennigold de l'autre, il se tenait les jambes légèrement fléchies sous le feu continu de l'un de ses guerriers qui laissait libre court à sa folie destructrice, mut par un seul ordre inscrit dans son subconscient.

« Arrêtes-toi Blackarion, je t'en prie. Tout ceci n'a que trop duré ! »

Le leader de l'Odyssée ne reçut en réponse qu'une nouvelle attaque, une énorme boule de feu fusant dans sa direction. Aisément bloquée et réduite à néant, elle s'avéra n'être qu'un appât pour attirer son attention, car Blackarion frappait de nouveau, tentant d'écraser celui qui pouvait facilement prendre le rôle de David dans cette scène. Mais Goliath n'écrasa que le sol, l'abîmant encore un peu plus et fragilisant d'autant plus la structure du bâtiment. Luka se trouvait à une petite dizaine de mètres de la créature de feu, donnant le corps inconscient de Konnor à d'autres membres du groupe. Il s'avança ensuite de nouveau vers Blackarion, lançant quelques ondes d'énergie dans sa direction comme pour déclencher quelque chose en lui. Mais cela n'eut pour effet que de provoquer un nouvel assaut de l'élémentaire gigantesque.
Un deuxième torrent de flammes, cette fois-ci provenant des mains jointes du géant, fusa sur un Luka prit par surprise, ou du moins, qui ne réagit pas et prit l'attaque de plein fouet. Mais alors que les flammes n'avaient pas encore disparu, le leader de l'Odyssée les traversa à toute vitesse pour infliger un coup surpuissant à son adversaire. La frappe, violente et brutale, regorgeant d'énergie, fit reculer Blackarion de plusieurs mètres, créant un sillon noir dans le sol. Ce dernier voulut alors riposté et infliger une punition à la hauteur de l'assaut qu'il venait d'essuyer, sinon plus intense, mais sa cible n'était plus dans son champ de vision.
Avant qu'il ne puisse faire quoique ce soit d'autre, une vague d'air à l'intensité extrême le frappa en plein visage. Stoïque l'espace de quelques secondes, le géant restait comme figé après cette soudaine attaque, laissant le temps à Luka Erbin de réapparaître juste derrière lui. Il asséna un vif mais puissant coup dans ce qui s'apparentait à la nuque de l'élémentaire. Les flammes s'éteignirent aussitôt, et le corps de chair et d'os de Blackarion s'écroula au sol, inconscient.

Luka vint alors se placer au-dessus de son adversaire vaincu et se saisit de son couteau de combat. Sans vergogne aucune, il le plaça sur la gorge de Vulcantar, prêt à mettre fin à ses jours, le visage fermé et ses intentions malsaines irradiant de tout son corps. Mécanisme de défense ou pur réflexe devant la mort, une colonne de flammes encore plus intense que tout ce qu'avait pu lancer l'élémentaire explosa du corps de Blackarion. L'attaque aurait sans doute carbonisé la quasi-totalité des personnes présentes dans la salle, peut-être même sur le contient tout entier, mais pas le leader de l'Odyssée.
Au beau milieu des flammes, un trou d'air s'était créé, produit par la résistance inhumaine de Luka Erbin qui usait de son énergie pour ne pas être touché par les flammes ainsi que pour les retenir et ne pas laisser la colonne s'étendre plus loin. Malgré cela, l'attaque ne semblait jamais se terminer, des flammes hurlantes apparaissant sans fin du corps du Porteur de feu.
Abandonnant son couteau, Luka arma lentement son bras avant de frapper avec une vitesse et une précision d'un autre monde. Les doigts de sa main joint pour former une sorte de lame, son coup s'enfonçant dans l'épaisse chaire du géant avec une vélocité surnaturelle. Aussitôt, les flammes disparurent.

Blackarion gisait sans vie au milieu de la pièce, devant le regard abasourdis de la majorité des personnes présentes, tandis que Luka Erbin se relevait, la main recouverte de sang et un sérieux mortel dans son regard comme dans l'entièreté de son être.
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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeMer 31 Juil - 0:09

Le regard froid, sans émotion aucune, Ulrich fixait droit dans les yeux les quelques soldats perniens se tenant face à lui. Ce regard n’avait d’autre but que d’intimider l’ennemi, puisqu’il tenait dans sa main droite le cou d’un des hommes-fauves, tentant de se débattre. Le terrien n’avait pas particulièrement l’envie de tuer, mais si la mort pouvait réprimer chez ces individus toute envie de résistance, il serait prêt à le faire. Ces soldats, paralysés par la peur, n’avaient jamais été préparés pour affronter un tel ennemi. Ils se rendirent vite compte du fossé qui les séparaient lors de la courte bataille qui s’était déroulée entre eux.
Ulrich resserra alors son emprise, comprimant les organes respiratoires de ce malheureux pernien qui servirait d’exemple à tous les autres. Le masque de celui-ci tomba lorsqu’il poussa un cri étouffé, laissant apparaître un visage tordu par la douleur et la peur de la mort.

— Arrête, ordonna Aslan d’un ton ferme.

Ulrich, étonné de cette intervention, tourna le regard vers son compagnon. Il relâcha quelque peu son emprise, laissant à Aslan l’occasion de s’exprimer avant d’achever le fauve.

— Si tu le tues, poursuivit-il, ces soldats risquent de passer à l’offensive malgré la peur qui les tétanisent pour l’instant. Laisse-le en vie, montre-leur que tu peux les tuer sans aucun souci, mais que tu ne le feras pas. Ils comprendront que tes intentions à leur égard ne sont pas mauvaises, et nous laisseront très certainement passer.

Le chef d’équipe sourit suite à cette proposition, laissant tomber avec fracas le corps du pernien, tentant avec peine de retrouver son souffle.

— Bien, répondit Ulrich le sourire aux lèvres, j’écoute ta revendication. Si ta stratégie ne se passe pas comme prévu, je te laisserai régler le problème à ta manière. Ceci dit, c’est bien la première et la dernière fois que tu me donnes un ordre de la sorte.

L’homme-lion rampa vers ses camarades qui s’approchèrent de lui pour le ramener en lieu sûr. Ceux-ci pointaient de gigantesques lances en direction des intrus, incapable de faire confiance aux terriens. Ulrich se recula derrière le groupe, laissant à Aslan la possibilité de faire comme il le souhaite. Ce dernier, n’ayant d’autre moyen de communication, tenta faire comprendre son pacifisme avec les gestes. Il s’avança donc les bras levés en signe de bienveillance, se dirigeant vers les guerriers toujours à l’affut. Ceux-ci, comme des bêtes sauvages effrayées, reculèrent dos au mur, et laissèrent pénétrer le terrien dans les profondeurs de la galerie.
Le reste de l’équipe imita Aslan et le suivit. Ils laissèrent donc derrière eux une poignée de guerriers effrayés, et leur tournèrent le dos pour poursuivre l’avancée. Soudainement, un pernien assaillit Akim qui ne prêtait plus attention à l’ennemi qui semblait s’être soumis à leur puissance. Les griffes acérées du guerrier vinrent effleurer la tendre nuque du jeune homme, avant qu’Ulrich n’écrasa son poing droit dans l’abdomen du fauve, d’un puissant uppercut. Ce dernier fracassa le plafond et retomba lourdement au sol, immobilisé par la puissance de l’attaque. Ulrich repassa en tête de l’escouade, rétorquant :

— Je l’ai sauvé car il nous est utile pour retrouver la salle des négociations, mais tu n’aurais pas été capable de prévenir cette attaque surprise. Si t’as pas été désigné chef d’équipe c’est parce que tu n’as pas les épaules, alors la prochaine fois que tu as une idée comme celle-ci, je t’invite à juste fermer ta gueule.

Aslan regarda son chef d’équipe d’un regard indifférent, et fit un signe de tête en arrière pour inciter Ulrich à regarder derrière lui. Ce qu’il fit, et il vit alors deux clones de l’homme cagoulé, se tenant devant trois corps perniens évanouis. Ulrich déglutit et sentit son estomac se nouer, il prit cette provocation comme une humiliation et ne le supportait pas. Gardant son calme tant bien que mal, il poursuivit sa marche dans les profondeurs de la cité-troglodyte.
Les quatre terriens tournèrent à droite à l’intersection suivante, selon les indications qu’Akim donnait à mesure qu’ils s’enfonçaient. Usant de ses pouvoirs, le jeune porteur put dresser une carte des lieux sur un rayon d’environ deux cents mètres. Examinant les différentes sources de chaleurs émises par les êtres vivants aux alentours, il dirigea l’équipe de sorte à éviter au maximum les gardes alertés. De même, il put aisément reconnaître la salle des négociations de par la large différence de taille entre terriens et perniens, ainsi qu’une légère variation de la température corporelle. Un détail le perturba cependant, un détail qu’il partagea avec ses coéquipiers. Une chaleur bien plus élevée que celle émise par un être vivant banal émanait d’une zone bien précise dans cette salle. Il pensa d’abord qu’il s’agissait d’une sorte de braséro, mais il du rapidement mettre cette hypothèse de côté lorsque cette zone se mut tel un être doté d’intelligence. Bien qu’intrigués, ils n’avaient d’autre choix que d’atteindre la salle pour comprendre ce qui pouvait bien s’y passer.

Lorsqu’il avait aperçu l’armée terrienne se mettre en position de siège autour de la cité-forteresse, Ulrich décida rapidement qu’il leur serait favorable d’entrer à l’intérieur et d’apporter les nouvelles à leurs supérieurs. S’ils étaient restés au-dehors, les sentinelles placées aux avant-postes se seraient certainement montré hostiles envers le groupe. A cela s’ajoutait un éventuel second assaut de la part de ces perniens sauvages, et Ulrich n’avait aucune envie de se retrouver à batailler sur deux fronts à la fois. En pénétrant ainsi les lieux, ils se dirigeaient droit vers Luka Erbin et l’équipe des négociations qui était très certainement composée de vaillants guerriers. Bien qu’au cœur de la cité pernienne, cette position leur serait avantageuse puisque le gros de troupes serait occupé à défendre l’attaque terrienne extérieure.
Allongeant le temps de trajet par les détours effectués pour éviter les gardes, l’équipe n’était plus qu’à quelques minutes de la salle des négociations. La chaleur perçue par Akim ne fit que s’accroître et gagner de plus en plus d’ampleur, c’était comme si toute la salle s’embrasait, quand bien même celle-ci était gigantesque. Tournant à une énième intersection labyrinthe creusé à même la roche, Ulrich et ses équipiers n’étaient plus qu’à quelques pas de ladite salle. Etrangement, aucun garde n’était posté devant les portes, ceux-ci étant très certainement intervenu à l’intérieur de la salle lorsque cette chaleur inhabituelle s’était déclarée. Ulrich réfléchit un instant quant à la procédure à suivre désormais, ils se trouvaient devant la salle, mais cette chaleur représentait un potentiel danger qui ne pouvait être ignoré.

C’est alors qu’Akim nota une baisse drastique de la température à l’intérieur. Bien que toujours plus chaude que le reste de la cité, les flammes qui embrasaient certainement les lieux semblaient s’être éteintes. Dans ce bruit d’informations confuses, Akim parvint à déceler la présence de nombreux terriens, rassurant Ulrich dans sa décision. Ulrich ouvrit brusquement la porte et tous pénétrèrent à l’intérieur de la salle. Une bouffée de chaleur vint envelopper le visage suant du terrien, mais ce n’était qu’un détail comparé à la scène qui s’offrait à lui. Au beau milieu de la pièce démesurément grande, entouré par des dizaines de terriens et de perniens, gisait inanimé le colosse Blackarion qu’il avait rencontré quelques jours plus tôt. Luka Erbin le surplombait, le regard glaçant, inspirant la crainte et la mort. D’épaisses gouttes de sang coulaient de ses mains recouvertes du fluide écarlate. Tout autour, tous les regards oscillaient entre les nouveaux arrivants et la scène macabre.

— C’est vraiment la merde ici, murmura Ulrich, l’esprit empli d’interrogations.
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Luka Erbin

Luka Erbin



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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeJeu 1 Aoû - 15:55

Quoi ? Pourquoi avait-il la désagréable impression de s'être réveillé d'un long sommeil ? Combien de temps s'était-il écoulé depuis qu'il s'était approché de ce guerrier ? Mais surtout pourquoi avait-il l'impression que quelqu'un s'était emparé de son corps à son insu ? Le jeune porteur tenta de se remémorer la raison pour laquelle il se tenait au dessus du corps d'un de ses propres hommes, en vain. Blackout total. Le simple fait d'essayer de retrouver ses souvenirs l'empêchait en l'état de calmer la rage qui l’animait. "Je dois reprendre mes esprits". Pas de remède miracle pour y parvenir, le jeune Erbin s’infligea de lui-même deux gifles sur ses joues. Si sa tentative découlait d’une bonne intention, elle provoqua dans la salle une réaction collective de peur chez les Perniens. ‘’Oh’’. Luka se remémora avoir vécu plusieurs expériences similaires par le passé. Arthur avait qualifié cette expérience de trouble de dépersonnalisation.

Suite à un stress sévère, un individu pouvait alors se retrouver comme détaché de son propre corps, piégé dans une position d’observateur extérieur de sa propre vie dans les cas les plus extrêmes. Le concernant, le déclencheur de cet état second avait toujours été l’exposition à un agent incendiaire. La raison de l’état de ce guerrier vaincu devenait alors plus évidente : il avait du essayer d’immoler par le feu Luka Erbin. Une erreur qui lui avait semble-t-il couté cher, Luka peinait à déterminer s’il l’avait achevé ou non. D’aussi loin qu’il se souvienne, le feu avait toujours éveillé chez lui une peur irrationnelle. Pourtant aucun événement particulier dans son enfance n'avait vraiment stimulé cette phobie. Pourtant, le simple contact de flamme sur son corps suffisait à lui faire perdre la raison. Dans ces moments de perte de soi, le jeune porteur se contentait alors à fonctionner comme un automate bien huilé par la philosophie des Erbins : éviter tout risque et éliminer les éléments nuisibles. C’est en suivant cette mentalité qu’il avait du prendre pour cible un de ses alliés, d’où les regards étranges que lui jetaient les membres de son groupe et les perniens.

L’air désolé de son ami Arthur ne faisait que confirmer sa théorie. Son attitude aurait-elle une incidence sur les négociations ? Bien entendu, Luka Erbin n’était plus un simple soutien d’Aidan Silver mais le chef de l’opération Odyssée. Chacun de ses faits et gestes auraient des conséquences sur ceux qui le suivaient. Après une telle démonstration de force, les plus belliqueux des siens seraient encouragés à agir si rien n’était fait pour désamorcer l’escalade de la violence. Afin d’éviter tout malentendu, Luka s'agenouilla pour la troisième fois de la journée tout en mettant ses mains derrière la tête. Se rendre aux gardes était l’unique solution qui lui venait à l’esprit. Cette attitude absurde n’amena que plus de suspicion parmi les locaux et une incompréhension lisible sur tous les visages terriens. Mis à part un garde pernien qui plaça une paire de menottes aux poignets de Luka –bien que l’inutilité de celles-ci semblait évidente aux yeux de tous-, personne n’osait faire le moindre mouvement.

Ce fut finalement Arthur qui brisa la glace en demandant au groupe d’Ulrich la raison de leur venue au beau milieu de ces négociations. Le rapport –succinct et concis- de leur leader vint jeter de l'huile sur le feu. Des Perniens qui s’attaquaient à des Terriens avec en prime un groupe isolé qui avait pris l’initiative de lever un siège sur la forteresse de Styx, ces deux événements séparés ne pouvaient rien présager de bon pour aucun des deux partis. Les rouages de la guerre semblaient s’être actionnés. Perdant patience, Styx ordonna dans sa langue que l’on lui amène le leader de ce groupe qui menaçait la sécurité des siens dans l’optique d’obtenir ses conditions. Quelques minutes plus tard, le dénommé Antoine -l'un des 12 chefs d'armées de l'Odyssée- fit une entrée triomphante avec à ses côtés une dizaine de guerriers parmi les plus rodés de sa bande. Sur demande de Styx Majingilane, il expliqua alors la raison de son action agressive.

Entre la capture de Luka Erbin et la mise en place des négociations, beaucoup d’événements secondaires s’étaient déroulés en parallèles. Le sang avait coulé, et pas seulement devant la forteresse troglodyte. Qui a fait le faux premier pas ? Quel camp a versé le sang le premier ? Rétrospectivement, seuls les historiens pourront le dire. Lorsque Béryl avait traduit le texte laissé par les autochtones aux autres chefs d'armées à leur arrivée sur Pern, il avait exercé directement son droit de véto à toute opération armée pour libérer Luka. Il était hors de question pour lui de commencer ce périple par un bain de sang. Hélas, ses semblables n'étaient pas forcément du même avis. Une heure durant, ils avaient débattu sans trouver le moindre compromis à la façon d'opérer pour sauver leur jeune leader. Soutenu par Eva Glove -l'une des plus hauts placées du groupe avec Luka Erbin et Lucy Tenner- et plusieurs chefs d'armées, Arthur était parvenu à imposer son point de vue sur la marche à suivre : négocier la libération de Luka Erbin avec un contingent de guerriers et de civils.

En attendant le cas échéant, les autres chefs de groupes resteraient en stand-by sur la plaine. Malheureusement, le compromis ne dura pas bien longtemps lorsque la rumeur de l'enlèvement de Luka Erbin commença à se répandre dans les rangs des membres de l'Odyssée au départ du groupe d’Arthur. Tandis qu'il se rendait vers les lieux de la négociation avec son petit bataillon, un vent de discorde souffla sur la plaine abritant le groupe. Ce qui vint mettre le feu aux poudres fut l'annonce de multiples attaques d'autochtones qui avaient provoquées la mort d'une vingtaine de guerriers chargés de protéger les civils terriens. Il n'en fallut pas plus pour que la rancœur s'installe dans le cœur des expatriés terriens à l'encontre des Perniens et que des contre-offensives soient réalisées. Cette escalade de la violence inquiéta fortement les grosses huiles du groupe qui ordonnèrent de barricader la plaine et de cesser toute avancée sur Pern. Peu de temps après, une grave dispute avait éclatée entre Saphir et Émeraude sur la façon de réagir à cet événement.

Contre l'avis de sa consœur, Lucy Tenner avait ordonné à tous les individus sous sa bannière (soit un peu moins d'un million de personnes) de se rendre au plus vite vers la seule Arche à portée de vue afin de sécuriser les environs, au risque de croiser le fer avec des autochtones. Du côté des chefs d'armées sous la juridiction de Luka Erbin, ils jugèrent qu'en son absence ils ne recevaient d'ordre de personne -et surtout pas d'un autre chef d'armée tel qu'Arthur- quel que soient ses liens avec leur leader. Tandis que la majorité d'entre eux s’était aligné sur la position d'Eva Glove de défendre la plaine et de repousser toute forme de vie s'approchant trop près, l'autre chef d'armée de l'arrière garde du Milieu avait décidé de lever plusieurs bataillons constitués exclusivement de porteurs aguerris. Ce chef d’armée était Antoine. De peur que son ami d’enfance Luka ne se retrouve seul face à une armée pernienne, il avait amené à lui une force armée suffisamment solide pour faire pression sur le chef de la forteresse pour le contraindre à libérer leur chef. Plus que cette prise de décision agressive qui attisait les flammes de la guerre, ce fut la dernière déclaration d’Antoine qui retint l’attention de tous : ''Nous avons capturé et interrogé sous la contrainte des dizaines de ces hommes-fauves. Vous serez tous surpris d’apprendre que l’un de nos prisonniers parle notre langue, la langue de l’Organisation. Cela change la donne n’est-ce pas ? ''
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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeJeu 1 Aoû - 19:38

La tension monta à nouveau d'un cran dans la salle de réunion de la forteresse pernienne. Que ce soit les gardes de Styx Majingilane ou les guerriers de l'Odyssée, chacun tenait fermement ses armes, se regardant en chiens de faïence. Pitoyables. Tous aussi pitoyables les uns que les autres. En dépit de tous ses efforts pour se contrôler, Arthur ne pouvait que difficilement réprimer le dégoût qui l'habitait. Nul besoin de don de précognition pour deviner où cette route allait les mener : vers un massacre unilatéral. Le rejet de l'inconnu ayant peu à peu pris le dessus sur la raison, la probabilité que les terriens en viennent à prendre de force le contrôle des trois arches augmentait de minute à minute. Et avec elle, l'extermination des perniens. Écœurant. "Tuer ou être tué ; Mieux vaut eux que nous ; Nous ne pouvons nous permettre de perdre du temps dans cette course à la montre contre l'Organisation, écrasons ceux qui nous font obstacles ; Nos vies valent plus que les leurs." Ces pensées nocives animaient les actions de beaucoup de membres du groupe. La vie avait-elle aussi peu de valeur pour eux ? Ainsi soit-il. Si tout ne se résume qu'à un rapport de force comme leur idéologie mortuaire le présume, qu'est-ce qui l'empêche d'exécuter tous ces va-t-en-guerre ? Non, son rôle devait se cantonner absolument à celui de conseiller. Il ne pouvait en être autrement. C'est donc avec toute l'habilité politique qui le qualifiait qu'il tenta de démêler ce sac de nœuds.

<< Ecoutez-moi tous attentivement. Je conçois que ces négociations soient parties du mauvais pied du fait de circonstances exceptionnelles. Des vies ont été sacrifiées inutilement de chaque côté, ce qui n'a fait qu'amplifier le malaise entre nos deux groupes. Il serait si facile de s’abandonner aux sirènes de la guerre après cela. Mais cette solution de facilité ne mènera qu'à plus de drame. Voilà pourquoi je vous demande de garder votre calme et d'agir en personnes civilisées. Styx, je comprends votre colère. Nous nous sommes invités sur vos terres, avons rompus le pain avec vous dans cette forteresse et malgré cela, certains irresponsables ont fait de cette réunion une farce tandis que d'autres au dehors ont laissé leurs plus viles émotions prendre le meilleur d'eux-mêmes. Pour toutes ces raisons, votre colère est légitime. Luka, il en est de même pour toi. Tu as été trainé ici de force dans des circonstances troubles, notre groupe laissé derrière a été attaqué à au moins deux reprises par des Perniens belliqueux et tu as tout à fait raison de douter de l'honnêteté de tes hôtes. Après tout, ils n'ont fait que donner des demi-vérités depuis des heures. Ne voyez-vous pas ? Chaque personne ici est à blâmer pour la tournure qu’ont pris ces simulacres de négociations. Cessez de ne voir que vos intérêts personnels. Maintenant je vous invite à mettre un peu d'eau dans votre vin et à reprendre le chemin de la raison.

-Ce sont là de biens belles paroles, applaudit Antoine. Vraiment, j'admire cette abnégation. Je doute que quiconque ici ne souhaite trouver une issue pacifique à ces incidents diplomatiques. Hélas, le cœur du problème reste le même : la confiance avec les locaux a été rompue et à moins qu'ils ne fassent un geste envers nous, il faudra les considérer comme des ennemis. Après tout, pourquoi devrions-nous faire de compromis ? Nous sommes en position de force. Chef du clan Majingilane, qu'êtes-vous prêts à nous concéder pour éviter un bain de sang ? Parlez directement notre langue, votre ruse ne fonctionnera plus. Que chaque chef d'armée écoute ce que vous avez à nous dire. Vous avez tout intérêt à nous fournir une explication valable sur ce sujet. Sachez que le sort de votre peuple dépend de votre réponse.

-Nous sommes un peuple fier, n'espérez pas que l'on cède à ces objectes coups de pression. Les termes restent les mêmes qu'auparavant.

-Laissez-moi reformuler dans des termes moins offensifs : quelle est votre marge de manœuvre pour ces négociations ? Questionna calmement Eva Glove par le biais de l'une des radios rapportées par Antoine que tenait un de ses acolytes. Vous devez comprendre que nous ne pouvons nous permettre de simplement emprunter une seule arche, cela reviendrait à devoir revoir complètement notre stratégie, et nous n'avons pas le temps pour cela. Deux arches, est-ce là votre limite ? Si vous consentiez à nous donner des garanties que nos groupes puissent avancer en toute sécurité alors nous pourrons trouver un compromis. En gage de bonne foi, nous pourrions retirer nos troupes qui se sont trop avancées sur votre territoire et les réunir à nouveau sur le plateau pour prévenir toute nouvelle escalade de la violence.

-Ce n'est pas une décision que vous pouvez prendre, il appartient à moi seulement de décider ce que je fais de mon groupe, coupa sèchement Lucy Tenner. Je n'abandonnerai pas cette position. Ce serait tendre le bâton pour se faire battre ! Nous l'avons pris par surprise la première fois, mais rien ne garantie qu'ils ne prépareront pas de piège à notre retour. Tout cela n'est qu'une perte de temps. La différence de force entre nos deux groupes n'est-elle pas évidente après la démonstration de force de notre chef dans cette salle ? De même, des guerriers du niveau de ce colosse étalé au sol, nous en avons également en réserve. Ils n'ont d'autre choix que d'accepter une capitulation sans condition.

-En dépit des paroles censées de ce brave conseiller et de cette femme dont j'ignore le nom, vous persistez dans votre folie ? Il ne fait aucun doute que nous ne pouvons pas vous battre à en juger par la force de votre chef. Et alors ? Si vous optez pour une guerre totale, alors nous combattrons en conséquent. Le concept de guerre asymétrique vous est-il familier ? Cette terre est nôtre ! Nous n'hésiterons pas à nous livrer à des tactiques de guérilla dans ce monde dont vous ignorez jusqu'aux contours ! Combien des vôtres parviendraient à rejoindre l'autre bout de ces arches ? Pas l'intégralité, loin de là. Qui sait, peut être même que notre combat désespéré pourrait donner assez de temps pour que les ennemis que vous craignez tant ne retrouvent votre trace. Vous n'y gagnerez rien à nous mettre au pied du mur !

-Faut-il une autre preuve que ces bêtes sont de mèche avec l'Organisation ? Pesta Lucy Tenner. Quelque chose cloche chez ces perniens. Ils parlent la langue des terriens et maintenant nous menacent de s'appuyer sur l'Organisation en cas de conflit armé ? Au diable la diplomatie ! Ces pourparlers ont été un désastre, vous en avez trop dit. Tant bien même ils nous laisseraient passer docilement par les arches sous la contraindre des armes, qu'est-ce qui nous dit qu'ils ne vendraient pas ces informations à l'Organisation quand ue équipe passera par Pern US68 ?

-Dis-moi Luka, quelle est la procédure habituelle en cas de risque de divulgation du secret lié à notre trajectoire dans la mission Odyssée ? Requit Antoine, une étrange lueur dansant dans les yeux.  

-L'incorporation des témoins dans le groupe s'ils sont coopératifs, leur capture s'ils sont peu nombreux, et en dernier recours... l'élimination des témoins.

-Vous envisagez donc d'éliminer tous les perniens dans cette salle pour qu'ils ne puisent divulguer d'informations ? Et si l'un d'eux s'échappe, serait-ce alors au tour de la forteresse de disparaître ? En employant des méthodes pareilles, vous ne seriez en rien différent de... >>

A nouveau, Arthur fut coupé dans son élan par un événement indésirable. Une explosion d'une ampleur inattendue vint creuser un trou béant dans le plafond de la salle de réunion, projetant d’imposants débris dans toutes les directions. Si ceux-ci ne représentaient qu'une faible menace pour les guerriers de chaque camp qui protégèrent efficacement leurs chefs respectifs, le souffle de l'explosion lui en surpris plus d'un par son intensité mais surtout par le terrible spectacle qu'il projetait dans la salle. Des corps par dizaine de membres du clan Majingilane s'écrasèrent au sol de la salle dans des positions ridicules que seule la mort pouvait offrir. Certains rebondirent même sous la force de l'impact. Telles des poupées désarticulées, ils volaient à quelques mètres du sol dans un ballet aérien funèbre, comme dirigées par un marionnettiste invisible. Hélas pour les esprits sensibles présents sur place, une catastrophe n'arrive jamais seule. La foudre s'abattit à nouveau sur cette assemblée, foudroyant d'une balle entre les deux yeux l'un des deux fils de Styx qui tomba lourdement au sol, son masque brisé en deux couvrant à peine le visage bestial du Pernien mort.

La vitesse du projectile fut tel qu'aucun guerrier dans la salle ne put ne serait-ce qu'entrapercevoir sa trajectoire ou la forme de celui-ci, pas même le leader de l'Odyssée. Les grognements de colère des gardes ne parvinrent qu'à peine à couvrir les cris de désespoir d'un père à la vue de son défunt fils. Un sifflement aigu à peine perceptible pour les terriens imposa brusquement le silence à tous les hommes-fauves combattants qui posèrent chacun pied à terre. Il ne dura qu'une seconde, pourtant il provoqua des effets secondaires encore plus dévastateurs chez les dirigeants perniens -hormis Styx- qui s’évanouirent purement et simplement, leurs corps révulsant de douleur. L'auteur de cet attentat apparut par enchantement derrière le second fils de Styx, désactivant brusquement son camouflage optique. Luka Erbin reconnut instantanément le coupable. Tout en pointant une arme à feu sur l'arrière du crâne du plus jeune enfant de Styx, Maël arborait le sourire satisfait d'un homme qui a noyé il y a bien longtemps son humilité dans le puits sans fond de ses ambitions. Fier de son entrée fracassante et remarquée, l'humain s’éclaircit la gorge puis demanda dans un accent terrien impeccable à toute l'assemblée s'il pouvait bien avoir toute leur attention.

<<Et maintenant mesdames et messieurs : le clou du spectacle.  Un spectacle unique qui vous est proposé par votre humble serviteur Maël. Je vais sous vos yeux ébahis faire danser ces fauves dans la paume de ma main ! >>


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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeDim 25 Aoû - 20:57

Tout ce brouhaha avait bien servi a quelque chose.

Léana était sur le dos d’Ian, qui peinait à marcher à travers l’épaisse végétation Pernienne. Il avait chaud, son front suintant et ses mains glissantes, n'ajoutaient rien de bien aux tremblements et aux frissons étranges qui poursuivaient son corps, a chaque fois qu’il croyait entrevoir un autre autochtone.
Après avoir parcouru la jungle de Pern US68 pour une dizaine de minutes, ses jambes lâchèrent prise. Il s’écoula au sol, avec son amie sur le dos.
Un regard dans le vide, devant lui, et le silence momentané. Ian planta sa main dans la terre verte de végétaux, et contractant sa main, soupira un “putain”, avant de se décaler, roulant sur le côté.

Le bruit du reste des humains avait disparu. Il s’était estompé pendant la chute d’Ian. Ils étaient perdus. Pas juste perdus en forêt, mais perdus dans une jungle sur une planète extraterrestre, a des milliers d’années lumières du plus proche cheeseburger.

Soudainement, boum. Une explosion. Non, un tir ? Ian n’en avait aucune idée, mais ça venait de la même direction. Il se releva, et attrapa Léana par les bras, la traînant sur le sol sur deux mètres, avant d’utiliser son élan pour la soulever et la poser sur son dos de nouveau.

Léana se réveilla sur le coup, et tomba de ses bras, se rattrapant à quatre pattes, cognant ses genoux contre le sol relativement solide. Une plainte après, elle se leva en baillant. “Qu’est-ce que j’ai raté ?”

“Ce que t’as raté ? On est perdus en pleine jungle !”

Léana si figea pendant un moment. “Ah. Oui. Bien sur. Qu’est-ce qu’on devrait faire ?”

“Tu devrais te ménager, et me suivre maintenant que t’es debout.” Ian répondit, dégainant son couteau pour libérer le passage si une plante sauvage s'interposait entre eux.

Le duo avançait lentement, certes, mais plus vite que précédemment. En une autre dizaine de minutes, dans le silence, ils avaient parcouru deux fois la distance qu’Ian avait parcouru seul. Trop préoccupés à suivre la direction du son disparu, le duo avançait seulement. Seule la survie comptait.

Ian s’arrêta, en levant le poing. “Attends. Attends. Eh.” Il se tourna vers Léana. “Tu veux bien me donner ta main s’il te plait ?”

Léana lui tendit sa main en levant le sourcil. Un courant électrique traversa l’entièreté de son corps au contact de leurs paumes. Les poils de son bras se levèrent au passage de l’énergie, et leurs cheveux se mirent à flotter légèrement.

Déplaçant une mèche flottante sur le côté, Ian commenta : “C’est plutôt….”

Le coupant en plein milieu, elle finit sa phrase. “Étonnant ? Je sais. Et qu’est-ce que c’est censé faire ?”

“Je pense savoir. J’avais just besoin d’une antenne. Par la. Lâche pas.” Il se mit à avancer, assez rapidement, d’un coup.

Léana le suivit avec difficulté, essayant de déchiffrer ce qu’il se passait. “Tu veux bien me dire ce qu’il se passe la ?”

Toujours en avançant, sans même tourner la tête son partenaire lui répondit. “GPS magnétique. Ça te va ?”

Léana soupira en se mettant a côté d’Ian, qui marchait de plus en plus vite. “Très bien. Et ou est-ce que ce GPS est censé nous mener ?”

“Si je me trompe pas, vers tous les petits gadgets que les humains ont. Téléphones, montres, implants. On devrait y arriver…. maintenant.” Ils découvrirent, au milieu de la jungle sauvage, en dessous d’eux, des somptueux bâtiments taillés dans une étrange matière marron, ornés de vert, en lignes et formes rondes dans les coins, et géométriques sur les murs. Les lignes allaient de rond à carré, dans ce carré vert qui contenait cette petite ville, ce campement.

Léana fît un pas en avant. “C’est étrangement….”

“Beau, je sais. On devrait trouver le reste de notre escouade ici.” Dit il, finissant la phrase de Léana, et lâchant sa main pour tenir son couteau avec la main droite. “ Tu penses que c’est du bois ?” Il demanda en faisant tourner son couteau sur sa paume, la pointe en pivot.

Léana plissa les yeux légèrement en s’accroupissant. “C’est trop beau pour être du bois… et pourtant. Je n’ai aucune idée de quel peuple y vit, mais ils ne sont clairement plus à l’âge de pierre.”

“Espérons qu’ils soient pas aussi forts que les autres brutes.” Son partenaire ajouta. “Eh mais attends !” Il s’accroupit et se mit à chuchoter. “Il y’a quelqu’un ici.”

Léana levait à peine les yeux qu’un explosion sonna dans le village extraterrestre, ouvrant un trou, non, remplaçant le toit d’un de ces bâtiments boiseux par un trou. On pouvait entrevoir à travers la fumée et la lumière du choc initial des silhouettes humaines. Et sur la falaise d’en face, un homme, tout à fait normal, était posté. Il baragouinait quelque chose, en levant les bras et en faisant des grands signes avec, le sourire au lèvres.

“Alors ça, c’est le méchant. Je suppose que nos alliés sont à l’intérieur de ce bâtiment. Il te reste du jus ?” Ian demanda, préparant son couteau.

Léana regarda sa main en écartant les doigts. Quelques étincelles bleues et blanches crépitèrent entre ses doigts, s'effaçant dans l’air instantanément. “Je suis complètement vidée. Le coup de grâce précédent m’a complètement déchargée.”

“On dirait bien que tu vas faire diversion.” Ian ajouta, tournant la tête vers Léana, avec un léger sourire un peu forcé.

“Sérieusement ? On a aucune idée de si notre groupe est ici.”

“Le seul moyen de savoir, c’est de tenter. Allez.”

Léana soupira et se leva, prenant une grande inspiration, prête à courir.
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Ivan Barghest

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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeSam 31 Aoû - 19:01

« Quoi qu'tu cherches, c'est pas en regardant le sol avec cet air hébété qu'tu vas l'trouver », lança une voix inconnue dans le dos d'Ivan, qui marchait en effet avec un air hébété mais ne fixait pour autant pas le sol. C'aurait été manquer de précision que de l'affirmer. C'était plutôt un vague point dans le vide qui captivait ses yeux alors que son esprit, lui, voguait sur les noirs océans d'une déraison infinie et dystopique.

Une grosse main se posa sur son épaule lâche, découragée. Sans doute l'inconnu comprenait-il, au silence du jeune homme, que ce dernier n'avait pas été extirpé de ses réflexions par son intervention. Ce geste eut un effet bien plus visible sur le garçon, qui immédiatement se tourna en direction de l'étranger. Il le considérait de ses deux grands yeux gris, rougis et cernés par le manque de sommeil. Ivan posait alors le regard sur un homme étonnamment propre sur lui - ou du moins était-ce étonnant dans ce contexte-ci – qui n'avait définitivement pas l'apparence d'un réfugié quelconque. Sobrement vêtu d'un chino gris dans lequel se glissait une chemise d'un rouge vif dont les manches retroussées dévoilaient de puissants avant-bras, celui qui se faisait appeler Léonard avait tout de l'homme d'expérience, en apparence. Son visage de quinquagénaire aux cheveux déjà bien grisonnants portait le stigmate invisible dont étaient affublés les anciens soldats et les hommes ayant longtemps eu trop de poids sur le dos : c'était une sorte de lueur dans le regard, comme une prestence muette ou un indicible charisme. Si Ivan avait immédiatement reconnu ces attributs chez Léonard, c'était qu'il avait déjà fait face au même type de personnes lorsqu'on le forçait à combattre d'autres cobayes, afin de mettre à l'épreuve l'arme que l'Organisation comptait faire de lui. Le souvenir de cette période de sa vie était à peu de choses près...

« La seule chose que tu saches vraiment de ton passé, ouais », fit Léonard dans un sourire presque carnassier, interrompant les pensées d'Ivan, qui levait des yeux abassourdis sur son interlocuteur. Venait-il de.. ? « Lire dans tes pensées ? Tout à fait. Ca fait partie de mes compétences, avec deux-trois autres trucs », continua-t-il. « C'est le bordel dans ton esprit, hein ? Mais va bien falloir te ressaisir mon grand, tu viens toi aussi dans le groupe des négociations. »

Cette rencontre avec Léonard le lui avait presque fait oublier. En effet, Ivan figurait parmi les quelques « chanceux » qui iraient dialoguer avec le chef des hommes-fauves perniens. Si le jeune homme était assez grand au regard des standards terriens, il n'en restait pas moins d'une carrure ridiculement faible en face de l'un de ces extraterrestres, et craignait donc de devoir les affronter. Faire face à un télépathe était une expérience inédite pour Ivan, qui ne savait pas vraiment comment réagir. Il avait la désagréable impression qu'il lui suffisait de regarder Léonard dans les yeux pour qu'il sache tout de lui, de ses forces et de ses tares. Aussi, le jeune homme évitait-il de croiser le regard du vétéran. Soupirant longuement, Ivan leva les yeux au ciel quelques secondes, alors que continuait leur marche vers la cité troglodyte. Il avait tout le loisir de contempler le manège météorologique anormal qui se jouait au sommet de la canopée verte de feuillages exotiques. On aurait dit, à certains moments, qu'un climat propre s'était développé à ces hauteurs cyclopéennes, faisant s'écouler d'étranges filets d'eau le long des troncs épars, lesquels voyaient se former à leurs pieds des flaques de boue engloutissantes : noirs abîmes stygiens qui vous agrippaient et vous avalaient comme un millier de bras damnés. Cette pensée fit frémir le jeune homme, qui se mit à regarder attentivement où il mettait les pieds.
Alors que se dessinaient, au loin, les reliefs de la montagne où logeait le clan Majingilane, Ivan quitta le spectacle de la nature environnante pour revenir à Léonard qui avançait désormais devant, en vis-à-vis. Le voyant de dos, la crainte que lui inspiraient ses yeux ne l'empêchait pas de relancer la conversation.

« J'ai juste perdu la notion de qui je suis. Si mes souvenirs ne sont que des mensonges, qu'est ce que je dois en déduire à propos de mon identité ? » demanda-t-il au télépathe, sans vraiment d'espoir de réponse ou de solution de sa part.
« T'es pas une page vierge simplement parce que quelques connards t'ont fait croire des années à quelque chose qui a jamais existé », rétorqua Léonard. « C'est parce que tu penses ça que tu vois pas la réalité de ta situation, et à quel point t'es chanceux par rapport à bon nombre de gus qui sont encore dans la merde que t'as quitté en même temps que la Terre. »

Ces mots eurent l'effet d'une claque en plein visage pour Ivan. S'ils avaient été prononcés sans animosité ni autoritté quelconques, le jeune homme y trouvait une étrange impression de vérité quasi-paternelle. Ce sentiment était nourri par le fossé d'expérience qui les séparait. Et Ivan prit quelques secondes le temps de la réflexion afin de comprendre où voulait en venir Léonard.

« Vous voulez dire que tout ça... Fait partie de moi quand même, mais que maintenant c'est moi qui suis aux commandes ? Je suis pas une page vierge... Mais maintenant c'est moi qui tiens le stylo pour écrire la suite du bouquin. C'est ça ? »
« Ouais », ricanna Léonard sur un ton un peu moqueur, « C'est ça, si t'as envie de pousser la métaphore jusqu'au bout », rit-il, arrachant aussi un sourire à Ivan qui en venait à s'amuser lui-même, par autodérision, de sa situation actuelle.

Léonard avait raison. Il était temps pour lui de se ressaisir. Depuis la traversées des arides territoires de Dune, le suivi médical dont il avait fait l'objet l'avait aidé à se débarrasser de certains des « commandements » qu'on lui avait inculqués par force. Sans doute restait-il des traces du minitieux lavage de cerveau auquel il avait eu droit, dans les profondeurs insondables de son inconscient, mais sa liberté lui semblait plus ou moins acquise désormais. Et rien que ça, c'était un pas de géant. Il se trompait peut-être, mais le travail qu'il avait dû effectuer sur lui-même et la discussion qu'il tenait avec Léonard l'avaient rassuré sur la réalité de son libre-arbitre. Peut-être n'était-il pas la poupée abandonnée derrière elle par la petite-fille destin, finalement. Sans y avoir trop fait attention, le jeune homme avait suivi le groupe chargé des négociations jusqu'à l'intérieur de la cité troglodyte. Les bâtisses creusées dans la roche au cœur même de la montagne, dans une architecture qu'il n'avait vue nulle part ailleurs, pas même dans ses rêves les plus fous, dégageaient une splendeur primitive majestueuse et captivante à la fois. Ces merveilles d'ingéniosité ne laissaient aucun doute quant à l'intelligence des créatures qui les accueillaient : une espèce de moindre cognition que les terriens n'aurait pu produire de telles prouesses d'ingénierie tellurique, en tirant aussi bien parti des contraintes du terrain et des particularités de la faune et de la flore locales.

« Hé, gamin ? », l'interpella Léonard, coupant court à la fièvre contemplative qui s'était emparée d'Ivan. « T'es toujours avec nous ? On va entrer là, tâche de te tenir à carreau », sourit-il amicalement. « Ah et, tant que t'y es. Si tu veux tourner la page sur ton passé, tu devrais commencer par te trouver un nouveau nom. »

Léonard avait conclu dans un clin d'oeil, laissant Ivan douter quand à son sérieux potentiel. L'idée lui parut étrange, peut-être trop hative, mais elle fut bien vite reléguée au second plan par l'entrée du groupe dans le lieu où se décideraient la vie et la mort de nombre de réfugiés et de perniens. La salle des négociations, bien qu'il doutait qu'elle ait été initialement construite pour accueillir ce genre d'événements, impressionna encore le cobaye par ses proportions véritablement inhumaines – et c'était bien normal – et Ivan se surprit à accorder, dans un premier temps, plus d'attention aux murs et au mobilier qu'à leurs hôtes extraterrestres. Lorsqu'il s'échapa enfin de l'abîme obscurci de ses pensées, il vit s'avancer le géant à la peau sombre, qui semblait s'être retrouvé malgré lui sur le devant de la scène. Sans réellement prêter attention à ce que disaient les négociateurs, Ivan tourna la tête en direction de Léonard, à nouveau, et vit que ce dernier n'était pas plus concerné que lui par le déroulement des discussions. Quelque chose semblait préoccuper le télépathe, mais l'arrivée soudaine d'un groupe extérieur, et la mauvaise tournure que semblait prendre ce qui était au départ une rencontre plus ou moins cordiale eut tôt fait de détourner l'attention du jeune homme, qui se reporta à Luka Erbin, Styx, et tous ces gens là. Il ne put pourtant pas suivre le reste de la discussion très longtemps, puisqu'une détonation aussi soudaine qu'effrayante le fit se protéger instinctivement le visage, passant son bras au devant de ses deux yeux pleins de surprise.

« Bordel de merde ! » laissa s'échapper Léonard à la droite d'Ivan, qui dégagea son bras pour constater que c'était le colosse de tout à l'heure qui était responsable de ce grabuge... Le géant s'était soudainement changé en une colonne de flamme dantesque, une créature élémentaire digne d'un récit d'apocalypse qui fut maîtrisée tant bien que mal par le chef de leur expédition. La rédition qu'il offrait ensuite aux perniens, s'agenouillant et se laissant menotter, parut presque grotesque aux yeux d'Ivan, qui doutait qu'une telle démonstration de pacifisme soit véritablement pertinente après le tour de force qu'il venait d'effectuer. S'ils avaient tous manqué de brûler, les négociations s'enflammaient bel et bien, et Ivan pressentait que cette discussion finirait par ce que certains des négociateurs, côté terrien, préconisaient déjà : une déclaration de guerre. La verve d'Arthur et son penchant pour le pacifisme n'apparaissaient pas suffisantes pour désengager le processus qui devrait mener des milliers de gens, au bas mot, à s'entretuer dans une ironnie sanglante et presque comique. Les événements donnèrent vite raison à Ivan quand une nouvelle friction éclata sous la forme d'une explosion moins surprenante que la première, mais au bilan bien plus macabre. On ne pouvait qu'observer impuissamment le spectacle mortuaire qui menait ces dizaines de corps à s'écraser au sol dans un fracas d'os et de chair à en donner la nausée, spectacle assourdissanrt d'horreur. Et quelle horreur, quand le constat était fait qu'un seul et même homme était en cause pour ce massacre. Le laïus de celui qui se faisait appeler Maël ne parvint à Ivan que comme un écho lointain, tant la surprise et l'appréhension de l'immédiat l'avaient figé de stupeur. La seule chose qu'il entendit distinctement, au milieu des cris d'indignation des perniens, fut la voix de Léonard qui semblait résonner à l'intérieur même de son crâne : « Surtout, tu ne fais rien. »
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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeSam 16 Nov - 18:20

<<Tu as l'air surpris de me voir Luka. Tu ne pensais quand même pas que je t'avais abandonné seul au beau milieu de cette forteresse ? Voyons, je ne suis pas aussi cruel.

-Une de tes connaissances Luka ? Tu te portes garant de lui ? Questionna Antoine d'un air méfiant.

-Il s'agit de Maël, un pilote humain dont le vaisseau s'est crashé sur Pern. Il était enfermé avec moi dans leur prison. Nous avons eu l'occasion de faire connaissance et nous avons rapidement sympathisé. Après lui avoir appris notre langue je lui ai proposé de nous rejoindre. Il a accepté et a même préparé un plan d'évasion qui s'est soldé par un échec lorsqu'il m'a fait faux bond. Du moins c'est ce que je croyais jusqu'ici.

-Cela n'a aucune importance ! Monstre ! La pièce au dessus donnait sur les cuisines. Tous ces corps inertes autour de nous sont des civils, tu répondras de tes crimes ! Libère mon fils immédiatement ou sinon...

-Ou sinon quoi ? Je tiens la vie de votre fils entre mes mains. Si vous pensez sincèrement que sa peau soit suffisamment solide pour arrêter une balle de cette arme, revisitez votre jugement. Un coup d’œil au cadavre de votre autre fils devrait suffire à vous donner un aperçu de la puissance de feu que j'ai entre les mains. Bon, je ne suis pas venu ici pour parler armement. Terriens, je me présente, Maël, un humble malheureux qui ne souhaite qu'atteindre au plus vite le Haut-Royaume afin de ne pas être considéré comme un déserteur. Je souhaite rejoindre momentanément votre groupe pour y parvenir. Je m'excuse également auprès de votre leader pour ne avoir été totalement honnête avec lui. Cette évasion n'avait pour seul but que de me permettre de remettre la main sur mon équipement en profitant d'une diversion. Je comptais évidemment revenir l'épauler après cela, d'où la raison de mon retour. De toute façon, nous pouvons tous convenir que sa vie n'était pas réellement en danger avec ou sans ma présence. Comme je ne suis pas un rustre, je ne suis pas venu les mains vides pour vous rejoindre. Je vous apporte de précieux cadeaux.

-Ce massacre de perniens est l'un d'entre eux ?

-Pas vraiment non. J'aime juste soigner mes entrées en scène. Comme première offrande, je vous apporte mon savoir. Des informations sur vos fameux hôtes dans l'immédiat, par la suite sur l’univers et ses mystères si vous le désirez. Certes vous avez déjà l'air d'avoir un guide compétant, mais ça ne vous couterait rien d'avoir un autre son de cloche n'est-ce pas ? Revenons au sujet qui nous intéresse tous : les "Perniens". Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? Qui sont leurs créateurs ? On va commencer par répondre à ces questions. Après avoir récupéré mon équipement qui m'avait été subtilisé, j'ai pris l'initiative d'utiliser la base de données de mon vaisseau pour me étudier le sujet. Faisons un saut dans le temps quelques milliers d'années plus tôt. Notre histoire commence quelque part dans les Possessions humaines. L'une des Nations marchandes -ces terrifiantes corporations à la main longue- a dépossédé une jeune nation de la moitié de ses territoires pour défaut de paiement. C'est ainsi que les titres de propriété d'une galaxie du nom de Pk-07 ont fini entre leurs mains. Un trou paumé avec aucune forme de vie intelligente présente mais quelques planètes au potentiel intéressant. Pour être plus précis certaines ressources souterraines valaient le détour. C'est à cet instant là que nos hommes-bêtes entrent en jeu.

-Leurs ancêtres n'étaient rien de plus que de la main d'œuvre ? Pourquoi une nation évoluée capable de voyager entre les étoiles utiliserait ce genre de travailleurs au lieu de machines ?

-Une question pertinente, je vois que vous avez l'esprit vif. La réponse est simple : le risque encouru était trop important pour l'utilisation de technologie avancée. Ce n'est qu'une question de rentabilité. La zone était particulièrement reconnue pour subir des raids en tout genre, à la fois de la part de nations humaines que de nations tiers. C'était donc un investissement risqué. Dans ce cas précis, créer une main d'oeuvre bon marché pour exploiter ces planètes était plus rentable. Des hommes-lions paraissaient tout indiqué pour cette mission. Cette sous-espèce avait d'ores et déjà obtenu le statut de Demi-Humain par le passé aussi bien pour sa bravoure au combat que sa force de travail dans des milieux accidentés. Fidélité, résistance au travail, coût de production peu cher, tant de qualités qui poussèrent la Nation marchande à faire ce choix. Ils furent donc créé artificiellement pour ce travail. Durant quelques années, ils firent leur travail comme il leur était demandé. Comme dans toute histoire, il y eut un élément perturbateur. Les raids ennemis qui étaient jusqu'ici repoussés par des mercenaires engagés pour l'occasion devinrent de plus en plus pressant. Les dits mercenaires décidèrent donc de recruter parmi les hommes-lions pour combler leurs pertes. Intéressant sur le court terme, moins pour la suite. Quand les raids devinrent impossibles à repousser, la majorité des mercenaires firent défection, laissant derrière eux une galaxie sous faible protection. Les guerriers demi-humains profitèrent de cette situation pour mordre la main qui les avait nourris. Des révoltes éclatèrent sur ces planètes minières, des révoltes dont les leaders n'étaient autres que cinq frères, les frères Majingilanes.  

-Ces informations sont-elles viables ? Questionna Luka à son ami Arthur qui acquiesça par dépit.

-Elles le sont, je n'ai fait que lire le rapport de la Nation Marchande. Ces mondes miniers ont été saccagés par ces traîtres. Le bilan se chiffre en centaines de milliers de morts et un nombre bien plus élevé de réfugiés. Par leur trahison, ces bêtes n'ont pas seulement trahis leurs semblables à travers l’Univers qui avait sué sang et eau pour acquérir leur statut de Demi-Humains mais également l'Humanité tout entière. Ils ont ensuite fui à travers des vaisseaux volés qui ont été intercepté puis détruits. La suite n'est pas sur le rapport mais est relativement prévisible. Ils se sont terrés sur ce monde dépeuplé afin d'en faire leur terre promise. L'absence d'autre Majingilane laisse supposer qu'un conflit fraternel a eu lieu. Le grand vainqueur Styx Majingilane a alors dicté sa loi, créant de toute pièce une société proto-humaine sur le modèle de ses anciens maîtres. Je suppose qu'ils se considèrent mêmes comme humains, reniant totalement la part bestiale en eux. Cela explique leur prédisposition à porter ces vêtements ridicules, à cacher leurs visages et à agir comme nous. Néanmoins quelque chose cloche : pourquoi certains agissent-ils comme des bêtes là-dehors ? Qui dirige cet autre clan qui a attaqué votre groupe ? Quoi ? Ils se font appeler les Mapogos ? Oh, je vois. C'est une excellente plaisanterie. Même vos noms de clans sont calqués sur notre culture. Si je me souviens bien de ce conte pour enfant, les Mapogos étaient les rejetons rebelles des Majingilanes. A partir de là, ce n'est pas bien compliqué de comprendre ce qu'il s'est passé. Vos enfants ont refusé de vous suivre dans votre délire et sont retournés à la vie sauvage accompagnés de nombreux fidèles, reniant complétement leur part humaine. Dites-moi Styx, mon raisonnement est-il juste ? >>

Tel un charmeur de serpents, Maël semblait avoir totalement envouté Styx, plongeant le pernien dans une docilité déconcertante. Tout en se remémorant de douloureux souvenirs, Styx ne pouvait que confirmer la théorie de Maël d'une légère inclinaison de la tête. L'ancien pilote exerçait sur lui une pression morale qui lui rappelait celle de ses anciens maîtres. Hélas, il n'était pas à le seul à être sous l'emprise du mauvais sort lancé par ce diable ayant pris les traits d'un homme. Si les paroles d’Arthur savaient faire ressortir des terriens le meilleur d’eux-mêmes en faisant appel à leur empathie, celles de Maël réveillaient les démons sommeillant au plus profond de leurs esprits. Xénophobie et paranoïa, tels étaient les outils en sa disposition pour manipuler le cours de la conversation.

<<Voyez donc, cet odieux personnage a confirmé lui-même ses crimes. Ils ont abandonné leur humanité il y a bien longtemps, pourquoi donc devriez-vous négocier avec les représentants d'une société bâtie sur les os et le sang de nos semblables ? Vous souhaitez prendre le contrôle des trois arches ? Alors faites-le, rien ne vous en empêche, tant moralement que physiquement.

-J'ai peut être quelques réserves désormais concernant le fait d'employer la force.

-Oh, mais n'étiez-vous pas de ceux qui voulaient initialement prendre de force cette forteresse ? N'avez-vous pas également relevé l'absurdité de laisser en vie des témoins qui pourraient aider vos poursuivants ? D'où vous vient ce soudain retournement de veste ?

-Si l'on en croit ce rapport, certains ancêtres des perniens ont été embrigadés par des mercenaires afin de protéger leur galaxie d'origine. Les perniens que nous avons vu dans cette forteresse ne sont peut être pas tous représentatifs de ce que cette planète peut offrir en résistance. Il serait contre-productif de lancer une campagne militaire contre les hommes-bêtes de la troisième arche s'ils possèdent dans leurs rangs des ennemis capables de rivaliser avec nos meilleurs éléments.  

-C'est un argument qui fait sens. Vous craignez de perdre votre énergie contre les perniens avant même de rencontrer la moindre équipe de l'Organisation. Mais si je vous disais qu'il existe un moyen de neutraliser ces bêtes sans avoir à verser le moindre sang humain, changeriez-vous d'avis ?

-Encore l'un de vos fameux cadeaux ?

-En effet, les plus attentifs d'entre vous avez sans doute remarqué un certain sifflement aigu qui a eu des effets dévastateurs sur nos hôtes. Il s'agit d'une mesure de sécurité prise par la Nation Marchande pour neutraliser ses ouvriers en cas de révolte. C'est un son inoffensif pour nous mais qui endommage le cerveau de ces pauvres créatures. Malheureusement pour les humains de Pk-07, les antennes de diffusion du virus sonore avaient été sciemment prises pour cible par les insurgés, rendant impossible leur diffusion. Fort heureusement pour nous, nous disposons d'une orbe d'exception en la personne de Luka. Reproduire ce virus devrait être un jeu d'enfant pour toi non ? Avec l'aide d'autres individualités du groupe, vous pourriez planifier une neutralisation massive des forces armées pernienne. Selon la durée d'émission, vous pourriez aussi bien juste les rendre inconscients... que les neutraliser définitivement.  

-Non ! Les erreurs que moi et mes frères avons commises ne concernent pas les perniens actuels. Vous réclamez vengeance ? Bien, alors exécutez-moi sur le champ. Que faut-il que je fasse de plus pour vous convaincre de ne pas vous lancer dans cette folie ? Mes fils n'accepteront jamais de vous laisser accéder à la troisième arche si vous employez ce virus sur notre peuple.

-Nous nous passerons de leur avis. N'avez-vous pas écouté ? Ils ne pourront rien contre ça, dit sèchement Maël en secouant son émetteur.  
-Ils n'hésiteront pas à faire appel au protecteur de Pern. S'il venait à répondre à leur appel, qui sait quels dégâts il pourrait causer à ce monde !

-Vous nous prenez pour des idiots ? Vous venez d'inventer tout cela, ça ne fait aucun doute. Si ce bienheureux protecteur existait, vous en auriez fait mention bien plus tôt. A moins qu'il ne s'agisse d'une divinité imaginaire que votre peuple primitif vénère ?

-Je ne vous permets pas de l'insulter, le protecteur de Pern est bel et bien réel ! Je ne voyais pas de raison de vous en parler jusqu'à ce que vous m'en voyiez contraint. Il est arrivé sur ce monde il y a de cela moins d'un mois. C'est un humain comme vous. Il est tout d'abord passé par l'arche du plateau sans entrer en contact avec nous. Pour des raisons qui nous sont inconnues, il est revenu sur Pern quelques jours plus tard par la même arche pour se rendre ici-même. Tout ce que je peux vous dire sur lui est que son visage était dissimulé par une sorte de maléfice, que ses habits étaient en lambeaux et les parties visibles de son corps recouvertes de bandages. Afin de pouvoir négocier avec lui, il nous a apprit sa langue, votre langue. Il n'est pas resté très longtemps après cela, prétextant de devoir à tout prix passer par l'arche de cette forteresse. Nos routes se sont recroisées une semaine plus tard, lorsqu'il est revenu nous demander la permission de passer par la troisième arche. Je lui alors répété ce que je vous dis depuis des heures : en dehors de mon clan, le reste des perniens est hostile aux étrangers. Il m'a remercié pour cette mise en garde mais s'est tout de même rendu seul sur le territoire des Mapogos pour faire face à mes six fils. Il les a vaincu, sans les humilier. Chacun d'entre eux lui a fait passer une épreuve afin de le tester. Que ce soit Makulu, Mr. T, Kinky Tail, Pretty Boy, Rasta ou Scar, tous mes fils ont échoué à prouver leur supériorité. Ce faisant, il est devenu le protecteur de Pern. Il a non seulement pu emprunter la troisième arche, mais il a également instauré une loi interdisant la chasse aux étrangers sauf en cas de légitime défense. Certains clans ont beau s'être rebellés contre cette mesure, le clan Mapogo s'est montré étrangement coopératif vis-à-vis des ordres de notre protecteur. Les mentalités changent progressivement sur Pern, vous ne pouvez pas d'un simple revers de la main balayer tous ces efforts ! >>

Le débat continua de plus belle lorsque Lucy Tenner balaya d'un revers de la main l'autoproclamé pacifisme pernien mentionné par Styx en rappelant le bilan humain de l'attaque des perniens sur son groupe. De son côté, Luka Erbin resta muet et se contentait de jauger la situation. ''Nous courons tout droit au désastre, l'écrasante majorité des chefs d'armées et leurs subordonnés sont pour le recours de la force militaire. Quel choix me reste-t-il ? ". Imposer son propre point de vue ? Non, bien qu'il soit le chef de l'Odyssée, il n'irait pas bien loin s'il s’aliénait d'entrée de jeu l'élite du groupe. Il perdrait en légitimité s'il agissait de la sorte, ouvrant la porte à des luttes de pouvoir qui pourraient bien mener à l'éclatement de leur petite bande. S'il voulait absolument préserver la paix en outrepassant l'avis de l'armée, il ne lui restait plus qu'une seule option. Comme il l'avait fait durant la réunion en hémicycle sur Dune US65, le jeune Erbin mit fin au tumulte d'un claquement de main qui propagea une onde sonore dans la salle.

<<Silence, je vous demande à tous de m'écouter attentivement. Chefs de armées, je tiens à vous rassurer, je ne vous imposerai pas mes idéaux, bien que je sois farouchement opposé à la mise en place du plan de Maël. Ce n'est pas à moi qu'il incombe de choisir du destin de l'Odyssée, pas plus que vous n'êtes légitime pour le faire. Ce fardeau doit être partagé entre chaque membre de l'Odyssée. Une centaine de guerriers ne peuvent pas imposer leur volonté à 3 millions d'âmes, pas quand cela concerne une question aussi grave. Plus que notre survie à tous, il s'agit de définir la façon dont nous allons nous comporter face aux peuples que nous rencontrerons. Est-il moralement acceptable d'éliminer une menace potentielle afin de gagner du temps ? Ou devons-nous composer au cas par cas tout en ayant conscience que cela nous rapprochera un peu plus des chiens de chasse lancés par l'Organisation ? Quand l'avenir d'un monde entier est en jeu, je refuse d'endosser seul le rôle de leader. Autrement, si nous gouvernions tout le temps sans concertation, nous ne vaudrions pas mieux qu'Eolin Revlis et les Grandes Familles.

-C'est bien beau tout cela, mais nous perdrions encore plus de temps si nous devions consulter l'ensemble de notre groupe, coupa Lucy Tenner. L'armée a le droit de regard sur ce genre de décisions en cas de crise tout simplement par nécessité d'agir vite.

-Lucy, la démocratie directe n'est pas la seule forme de démocratie. Un régime représentatif peut pallier à la contrainte temporelle. C'est la raison pour laquelle je convoque le Grand Conseil. >>

Ces derniers mots réduisirent au silence toute opposition de la part des chefs d'armées. Chacun d'entre eux avait été élevé par l'Organisation et connaissait par conséquent sur le bout des doigts l'histoire des Céléstiens. L'épisode du Grand Conseil était un classique de celle-ci. Un tableau le représentant trônait toujours dans le bureau d'Eolin Revlis. Quelques jours seulement après le début de la guerre ouverte avec les Abominations, une crise politique sans précédent avait éclatée au sein des Districts. En dépit du mouvement d'union sacrée décrété par l'Espoir, les Doyens et chefs d'armées s'opposaient en coulisse sur la marche à suivre concernant les civils. Chacun campait sur ses positions sans en démordre, les uns souhaitant les employer pour faire tourner l'économie de guerre à plein régime en attendant le retour d'Origin, les autres décrétant qu'une conscription générale devait être décrétée pour remplacer les soldats tombés au front. A mesure que ces débats stériles stagnaient, les Abominations gagnaient du terrain et le spectre d'une défaite totale se dessinait progressivement. Afin de débloquer la situation, l'Espoir convoqua le Grand Conseil. Furent choisis 5 représentants des principales forces de la société céléstienne : les Doyens, l'Armée, l'Industrie, les Civils et enfin l'Espoir. Aux termes de débats à huit clos, le Grand Conseil déclara que les Districts ne pouvaient plus être sauvés et que l'évacuation des civils devait être enclenchée sur-le-champ. Rétrospectivement, c'est cette réunion de crise et l'application directe de ses mesures qui permit à la civilisation céléstienne d'échapper de peu à l'extinction. La Tour des Doyens -symbole du pouvoir et lieu de rassemblement de tout le savoir céléstien- fut anéantie, l'Armée se sacrifia dans un ultime baroud d'honneur pour permettre l'évacuation, mais une partie du peuple parvint à fuir. Ce furent les descendants de ces survivants qui repeuplèrent la Terre et exterminèrent les dernières Abominations. Tout membre de l’Organisation connaissait cette histoire. En sa qualité de leader, Luka Erbin réunissait un conseil sur le modèle céléstien. Quelle que soit la décision prise par ce nouveau Grand Conseil, elle aurait force de loi.
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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeDim 12 Jan - 14:48

«C'est la raison pour laquelle je convoque le Grand Conseil. »

Avec cette phrase, le jeune Luka Erbin réveillait un évènement notoire vieux de plusieurs siècles, une réunion exceptionnelle. Le caractère unique du Grand Conseil allait parfaitement de paire avec la situation dans laquelle se trouvaient désormais les membres de l'Odyssée. Une prise de décision sèche mais forte, dans des conditions dures et demandant le plus grand des sang-froid. Sur ce rassemblement d'élus reposait le futur de la population tout sauf endémique de Pern et le statut de progression vers le Haut-Royaume du groupe connu comme l'Odyssée. Deux choix principaux s'offraient à eux, les nuances et les détails n'ayant pas réellement de place si l'on se tient de façon à regarder la grande histoire de ce groupe incongru.
D'un côté, amené par cet étrange humain du nom de Maël, l'utilisation d'une fréquence sonore capable de neutraliser les Perniens, jusqu'à leur intégralité. De l'autre, la négociation avec une partie de ce peuple bien plus belliqueuse que les Majingilane. Certains y verraient le choix de la facilité contre celui du respect des valeurs fondatrices du groupe, d'autres un massacre pur et simple contre d'ordinaires pourparlers. Ce choix cornélien aurait, peu importe la décision finale, un impact majeur sur tout un chacun et influerait grandement sur le futur direct et lointain des réfugiés et des guerriers de l'Odyssée. Civils comme défenseurs, chefs d'armées comme dirigeants de petits groupes, Lambdas comme Porteurs, leur destin à tous arrivait à un embranchement, et il n'incombait désormais qu'à une minuscule partie d'entre eux de décider de quel chemin suivre.

Pareil état d'urgence demande une prise de décision rapide et ferme, quelque chose qu'un groupe de plusieurs millions de personnes ne peut faire en si peu de temps. Réunir les voix de tout le monde demanderait plusieurs jours au bas mot, sans garantie d'un résultat clair. La formation de pareil conseil exceptionnel semblait être la meilleure des solutions, bien qu'il fut monté dans la précipitation et avec les personnes sur place, ce qui entacherait quelque peu la légitimité de certains aux yeux du plus grand nombre et créerait certainement une discorde de plus au sein de l'Odyssée. Mais, à la manière de leurs ancêtres les Céléstiens, seuls quelques élus furent choisis pour représenter cette gigantesque population disparate.
Il fut décidé que la composition de ce premier Grand Conseil de l'Odyssée serait formée de cinq personnes, tout comme le seul et unique Grand Conseil a jamais avoir eu lieu jusqu'ici. Un représentant pour chaque "force" au sein du groupe.
Les chefs d'armées, les généraux qui dirigeaient tant bien que mal plusieurs centaines de milliers d'hommes et de femmes, symbole de la force militaire et stratégique du groupe, et jusqu'ici uniques décideurs de la marche à suivre. Ils seraient, en cette heure compliquée, représentés par Antoine, l'un des deux seuls chefs d'armées présents sur place et le seul à véritablement souhaiter prendre part au débat - Arthur, l'autre chef d'armée à être présent, ne souhaitant pas influencer directement sur la prise de décision du groupe, ce malgré un fort penchant pour la méthode pacifiste.
Ensuite viennent les chefs informels de l'Odyssée. Au sein d'un si grand groupe, comprenant des humains d'origines et d'horizons tous différents, bien que rassemblés par une même cause, nombreux sont ceux qui veulent s'élever parmi leurs semblables et rassembler les plus faibles pour imposer leur vision ou les protéger. Peu sont ceux qui y parviennent, et encore moins sont ceux qui peuvent se targuer d'avoir une réelle influence. Véritable contre-pouvoir aux chefs d'armées, ces "petits chefs" sont en réalité ceux dont l'autorité est universellement respectée parmi les millions de personnes de l'Odyssée.
Troisième pilier du groupe, les guerriers, ou défenseurs. Ceux-là sont en quelque sorte les soldats, les Porteurs chargés de défendre l'Odyssée fasse aux menaces potentielles et à leurs poursuivants. Qu'ils soient des rescapés des laboratoires de la mort ou d'anciens membres de l'Organisation ralliés à la cause de Luka Erbin, tous ont été jugés capables d'affronter les dangers sur leur chemin et de protéger les civils du groupe.
Les civils sont les plus nombreux au sein de l'Odyssée, et la majorité d'entre eux est malheureusement trop faible pour faire quoique ce soit d'autre que de suivre le reste du groupe car encore majoritairement soumis aux Commandements des Revlis. Porteurs comme Lambdas, ils dépendent des guerriers et des chefs informels, qu'ils fassent directement partie d'un sous-groupe ou qu'ils se contentent de se laisser aller au flot des trois axes du groupe.
Finalement, le pilier central du groupe, celui à l'origine même de l'Odyssée, Luka Erbin. Bien qu'il n'ait initialement pas prévu de participer au Grand Conseil, cédant volontiers sa place à "plus apte que lui", il accepta les nombreuses demandes de ceux qui le voyaient comme le cinquième membre de ce Grand Conseil et qui apportait à sa voix une aussi grande importance qu'à celles des représentants des autres forces.

Encore une fois, ce Grand Conseil, si important et prestigieux soit-il, fut bâti avec précipitation, de manière à ce qu'une décision soit prise au plus vite pour l'entièreté des millions de membres de l'Odyssée. Aussi, les représentants de chaque force du groupe furent avant tout choisi pour leur influence, et ne représentaient donc pas forcément la volonté du plus grand nombre.
Les Perniens, quant à eux, observèrent avec attention le débat qui pris place au beau milieu de leur cité, alors même qu'une partie d'entre eux étaient véhiculés vers les bâtiments adéquats pour qu'ils puissent recevoir des soins ou, pour certains, être préparer pour leur inhumation suite aux évènements tragiques précédant l'apparition de Maël. Styx Majingilane, bien qu'accablé de chagrin et de peine, restait concentré sur les paroles de ces Terriens qui détenaient d'une certaine manière l'avenir de son peuple entre leurs mains. Il suffisait d'une simple entente de trois représentants sur cinq pour que ce gigantesque groupe d'extra-perniens mette fin aux jours de son propre peuple, tout ça à cause d'une seule et unique personne. La situation ne pouvait être plus tendue après avoir viré au cauchemar en l'espace de quelques heures.

Au sein du Grand Conseil, deux idées principales s'affrontaient, découlant bien évidemment des deux choix qui se présentaient à l'Odyssée. En faveur du virus sonore, l'argumentaire était tout tourné vers le danger de l'Organisation. Privilégier la négociation et la bonne entente entre leur groupe et les autochtones de la planète était un objectif vertueux et louable, mais il était bien trop éloigné de la réalité dans laquelle ils se trouvaient tous. Engager des discussions avec une civilisation se voulant pacifique et prête à écouter ceux que beaucoup auraient perçu comme de simples envahisseurs avait demandé un temps certain et une logistique conséquente. Et l'entreprise de ces négociations pour récupérer Luka Erbin s'étaient terminé d'une manière désastreuse. Les Mapogos étaient décrit par leur hôte comme bien plus belliqueux et extrêmement réticents à l'idée que des étrangers de leur acabit n'utilise l'arche qu'ils avaient sécurisés. Entreprendre une rencontre pacifique demanderait encore plus de temps et de ressources que la première rencontre avec les Majingilane n'en avait requis. Perdre autant de temps pour engager une conversation qui n'était même pas garantie de réussir, c'était mettre l'intégrité du groupe en jeu et possiblement anéantir tous les efforts mis en place pour garantir la sécurité de l'Odyssée et l'avance qu'ils avaient sur leurs poursuivants. Les Mapogos pouvaient tout aussi bien refuser et lancer une guerre face aux Terriens, qui, même si probablement plus forts que les Perniens, ne pouvaient garantir une victoire assez rapide pour échapper aux limiers à leurs trousses, en plus d'induire la mort de nombre d'entre eux qui seraient pris dans une guerre qu'ils seraient incapables de mener.
L'apparition d'un tel moyen de neutralisation des Perniens était un cadeau du destin. Comme Maël l'avait précisé, le virus sonore n'était pas forcément létal pour le peuple de Styx, ils n'auraient qu'à l'utiliser de façon à mettre hors d'état de nuire la population entière de Pern, franchir les arches comme ils l'avaient planifier au départ, et ne plus jamais remettre les pieds sur la planète forestière. Leur objectif était le Haut-Royaume et la sécurité des rescapés qu'ils avaient eu tant de mal à sauver des griffes des laboratoires de la mort de l'Organisation. Le pragmatisme prévalait sur la vertu.
De l'autre côté, les arguments utilisaient aussi le danger de l'Organisation, mais d'un axe totalement différent. Si la possibilité d'être rattrapé par ceux qui étaient à leur trousse était évidemment présente, le risque de tomber dans les mêmes travers de ceux qu'ils fuyaient l'était tout autant. Violer la liberté et la volonté d'une civilisation de la sorte, c'était agir de la même manière qu'Eolin Revlis et les siens. N'agir que pour son propre bien en mettant l'intégrité physique et morale de ceux qu'ils pouvaient rencontrer, c'était bafouer le but initial de l'Odyssée, piétiner les valeurs qu'ils s'étaient promis de respecter. Autrement, ils n'étaient qu'une bande d'hypocrites de la même espèce que ceux de l'Organisation qui regardaient leur monde tomber dans la décadence sans bouger un sourcil.
Garder le plus de monde en vie, si ce n'est la totalité des vies en jeu, cela impliquait aussi les vies des peuples et civilisations qu'ils rencontreraient sur leur chemin. A quoi bon vouloir sauver les victimes de la folie scientifique d'Eolin et de ses partisans si c'était pour causer les mêmes boucheries et agir de la même manière ? Les dirigeants de ce groupe prétendaient vouloir agir pour le salut de ceux qu'ils avaient sauvés tout en leur offrant l'espoir d'un avenir meilleur que sur Terre, mais cet avenir ne pouvait être acquis en détruisant la liberté d'autres peuples. Ils ne pouvaient prétendre être des victimes alors qu'ils s'apprêtaient à agir comme des conquérants sans valeurs. S'ils posaient un pied sur cette pente, ils ne pourraient plus faire marche arrière, et leur prospérité désirée serait à jamais entachée par l'acte horrible qu'ils s'apprêtaient à faire, qu'ils utilisent le virus uniquement pour neutraliser les Mapogos ou pour anéantir le peuple de Pern tout entier.

Malgré le désir d'en venir à une décision rapidement, le débat perdura durant presque trois heures, durant lesquelles les arguments des uns étaient réfutés par les autres, contrés par de nouveaux raisonnements. Le dénouement put avoir lieu grâce à nul autre que Luka Erbin qui, devant la réalité de la situation, se contraint à mettre fin aux discussions même si sa cause semblait en défaveur.
Ainsi, dans un soucis de garantir le respect de la volonté de chacun des représentants, un compromis fut décidé, ce malgré la majorité en faveur de l'utilisation du virus.
L'Odyssée utiliserait la méthode amenée par Maël, et de façon à atteindre l'entièreté de Pern. Mais, comme leur objectif n'était que de franchir les trois arches, et par respect pour ce peuple qui, malgré plusieurs assauts malencontreux sur une partie d'entre eux, avait fait montre de civilité pour des étrangers qui foulaient leurs terres sans invitation aucune, le virus ne serait utilisé que pour neutraliser les Perniens assez longtemps pour que l'Odyssée quitte la planète, garantissant ainsi l'intégrité de Styx et de ses semblables.
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Luka Erbin

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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeLun 20 Jan - 22:55

Quelques minutes avant le vote final qui allait clôturer le Grand Conseil, Luka Erbin prétexta vouloir prendre l'air pour suspendre la réunion avant le moment décisif. L'issue du Grand Conseil ne faisait plus aucun doute : le virus sonore serait utilisé de manière non létal. Il n'aurait alors d'autre choix que de respecter cette décision, et c'est bien cela qui provoquer en lui une gêne de plus en plus insupportable. Étant donné son Talent, il aura même le plaisir d'être aux premières loges de cette opération. Bientôt, le dégoût laissa place à la rage, une rage irrationnelle qui ne trouvait pas de cible. Qui devait-il blâmer au juste ? Ceux qui défendaient les intérêts personnels de leurs groupes respectifs en mettant de côté une partie de leur humanité ou lui-même qui n'avait pas eu le courage d'imposer son opinion dès le début ? Malgré le conflit intérieur qui faisait rage en lui, Luka Erbin ne laissa transparaître aucune émotion devant les membres de l'Odyssée qu'il croisait sur son chemin. S'il y a bien une chose qu'il avait retenu de son entraînement avec les Erbins, c'était bien cela. Être trop expressif est une faiblesse qui peut être retournée contre soi. Le leader de l'Odyssée ne pouvait se permettre ce genre d'écart dans un moment pareil. Son masque tint bon jusqu'à ce qu'il parvienne à s'isoler dans une pièce. Ce n'est qu'après avoir pris la peine d'empêcher tout son de s'échapper de la pièce que Luka laissa éclater un cri de rage. Hélas un malheur ne vient jamais seul, ces douleurs chroniques dans son bras gauche étaient de plus en plus récurrentes depuis leur départ de la Terre. Leur durée et leur intensité lui avaient toujours semblé aléatoire, pourtant le jeune homme avait la désagréable impression qu'elles se manifestaient en réalité à chaque fois qu'il devait prendre une décision importante. Alors que Luka se perdait dans d'absurdes hypothèses, une voix familiale le rappela à la raison :

<<Que se passe-t-il Luka ? Cette petite séance de pourparler a-t-elle eu raison de ton sang froid ?

-Désolé de m'être emporté de la sorte Arthur. J'étais pourtant sûr d'être seul dans cette pièce. Ce Grand Conseil m'a épuisé. Non, toute cette situation m'épuise. Je ne suis pas fait pour prendre des décisions. Je n'ai jamais eu l'âme d'un leader tu le sais bien.

-Et pourtant c'est toi qu'ils ont choisi pour les diriger, je ne te le répéterai jamais assez.

-Je ne suis qu'un homme de paille, je ne contrôle absolument rien. Aidan Silver a réuni ces gens et permit ce voyage. Ce sont ses hommes qui dirigent l'Odyssée. Que ce soit ses chefs d'armées ou ses guerriers, ce sont eux qui ont le pouvoir. Je l'ai vu dans leurs yeux, je l'ai ressenti en les côtoyant, ces gens-là ne sont pas si différents de ceux qui nous pourchassent. Comme eux, ils ont été élevé par l'Organisation, ils pensent encore comme eux. Si je n'avais pas réuni le Grand Conseil, ils auraient massacré les Perniens. Quel chef formidable je fais ! Dès le premier obstacle que je rencontre, j'utilise cette carte maîtresse que tu m'avais conseillé de n'utiliser qu'en cas de coup dur.

-Regrettes-tu ton choix ? Penses-tu qu'il aurait été plus judicieux d'imposer ton avis au groupe ?

-Non, c'était le choix le plus logique. Imposer mon choix n'aurait fait que m'aliéner les chefs d'armées. Ils auraient saisi cette occasion pour me démettre de mes fonctions en retournant les gens de l'Odyssée contre moi. C'est bien la dernière chose dont l'on a besoin pour débuter ce voyage.

-Oh je vois, tu crains véritablement qu'ils ne finissent par se débarrasser de toi. Si tu n'as pas imposé ton avis d'entrée de jeu, c'est uniquement par peur de représailles. Donc ce Grand Conseil était pour toi un moyen de regagner en légitimité en t'appuyant sur les autres représentants. Tu pensais naïvement qu'ils te soutiendraient par solidarité ou par sympathie. Ce n'est pas ce qu'il va se passer. Ils prêcheront leur propre paroisse. Maël a fait un boulot formidable en semant le doute et la peur dans leurs esprits. Ton pari risqué aura finalement échoué, le groupe va se ranger derrière l'avis des chefs d'armées, affaiblissant un peu plus ton autorité. J'imagine que c'est le bilan que tu en as tiré ?

-Dans les grandes lignes, oui.

-Dans ce cas, si ce n'est que le résultat qui te dérange, pourquoi ne pas le trafiquer ? Si je te disais que je possède le moyen de te donner le score de ton choix sans que personne ne s’aperçoive de la supercherie, accepterais-tu cette proposition ? Je pourrais aussi bien te donner une majorité absolue de cinq voix que t'offrir une majorité simple de trois voix pour sauver les apparences. Allons plus loin dans la réflexion, tu pourrais à partir de maintenant diriger de la sorte : utiliser les Grands Conseils pour imposer tes choix à l'ensemble du groupe. Les chefs d'armées ne te poseraient plus aucun problème.  >>  

Luka regarda avec consternation son ami qui affichait un regard des plus sérieux. Il ne doutait pas un instant qu'Arthur était capable d'un tel tour de magie, mais la simple idée de recourir à de telles extrémités provoquait en lui un sursaut de rage.

<<Non, je préfère encore être démis de mes fonctions que de diriger comme un tyran. Qu'importe le choix pris par le Grand Conseil, il fera office de décision de l'ensemble de l'Odyssée. Les voix de millions d'hommes prévalent sur la mienne.

-Ouf, me voilà rassuré. Cela m'évite d'avoir à employer ce stratagème. Ça me rassure également de voir que tu respectes tes principes, tout n'est pas perdu.

-Il me reste peut être encore une chance d'inverser la tendance, qui sait... Mais dis-moi Arthur, tu as été dans une position similaire à la mienne dans le passé pas vrai ? Qu'aurais-tu fais à ma place ?

-On ne devrait pas s'engager sur ce chemin là, ça ne mènerait à rien de bon.  

-Au contraire, tes conseils m'ont toujours été d'une grande aide !

-A ta place hein ? Je ne serais pas en ce moment sur Pern. Je n'aurais même pas quitté la Terre. J'aurai mené les survivants du laboratoire des Erbins dans une guerre contre Eolin Revlis.  

-Ça serait du suicide, l'Organisation n'aurait fait qu'une bouchée de nous !

-En effet, la majorité des rescapés serait morte. Dans ma jeunesse je n'étais pas vraiment du genre à m'assoir dans un coin et réfléchir rationnellement à la façon de gérer une situation, j'agissais d'instinct, le plus souvent guidé par mes sentiments. J'étais aussi du genre très persévérant, je ne comprenais pas vraiment les rapports de force. J'aurai poursuivi le combat jusqu'à la mort d'Eolin, peu importe le prix. Fuir était le comble du déshonneur. J'aurai fini par fuir la Terre seulement après avoir subi une défaite cuisante.  

-Ça ne m'aide pas vraiment dans l'immédiat, admettons que tu aies fuis pour ne pas être écrasé par Anna Revlis. Qu'aurais-tu fait sur Pern ?

-J'aurai employé le virus sonore, de manière létale.

-Je vois, c'est triste à admettre, mais c'est la solution la plus logique. Je n'adhère pas à la logique mais laisser en vie des témoins ne ferait qu'accroître les chances que l'Organisation nous attrape...

-Non tu n'y es pas. Je n'aurai pas éliminé toute la population pernienne. Les Mapogos auraient été épargné, après les avoir passé à tabac personnellement bien sûr.

-Quoi ? Si ce n'est pas pour se débarrasser tes témoins, pourquoi faire preuve d'une telle cruauté ?

-Il y a bien un intérêt direct à utiliser le virus sonore de manière létale, il vous a simplement échappé lors du Grand Conseil. D'après toi, pour quelle raison personne n'a-t-il plus jamais osé attaquer Anna Revlis depuis l'unification de la Terre ? Pour quelles raisons Styx et les siens ont-ils préféré fuir leurs bourreaux plutôt que de les combattre ? Quelle est cette main invisible qui maintien en place l'équilibre des forces dans cet univers ? La renommée. Un outil formidable dont il ne faut pas sous-estimer la portée. Personne n'attaque Anna Revlis car il est de notoriété publique qu'elle était à la tête des armées de l'Organisation et a écrasée d'elle-même tous les pires ennemis de son père. Les puissants Majingilane ont fui les fouets de leurs maîtres car ils craignaient au plus profond de leur être l'Humanité et ont appris dès leur plus jeune âge l'étendu du chaos provoqué par cette espèce qui les avait crée. En éliminant tous les Perniens et en épargnant les plus puissants, tu envoies un message aux planètes alentours et à l'Organisation elle-même. Seuls les éléments les plus forts d'Eolin oseraient alors te faire face.

-"Nous sommes déterminés et prêt à recourir aux pires stratagèmes pour survivre" ? Cela ferait de nous des monstres, même le membre de l'Organisation lambda a des principes. En agissant ainsi, cela ne légitimise pas leur traque ? Ne risque-t-on pas de finir par tomber sur plus fort que nous ?

-C'est le genre de questions qui ne me traversaient pas l'esprit. Pas plus que je ne me souciais de l'avis de mes généraux. Si l'un d'entre eux devenait trop menaçant ou critique vis-à-vis de mes décisions, j'en faisais un exemple. Régner par ma présence, la force et la terreur a fonctionné... pendant un temps. A la seconde où j'ai commencé à perdre pied, tout s'est écroulé comme un château de cartes. Tu as l'air surpris d'entendre cela de moi. Je n'ai pourtant jamais prétendu avoir été un saint, pas plus aujourd’hui qu'hier. Si je me permets de vous donner ces conseils, c'est bien parce que je suis capable d'anticiper par expérience quel résultat une action risque de provoquer. J'aurai aimé acquérir cette sagesse à un moindre prix. J'ose espérer que vous ne marcherez pas dans mes pas. >>
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Ulrich Wahlberg

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Personnage
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Talent: Indéfini

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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeJeu 23 Jan - 22:51

Le bruit cinglant de l’acier crissant contre l’acier faisait écho dans cette immense pièce dont les murs étaient faits de roche. A quelques mètres d’Ulrich, Aslan aiguisait sa dague inlassablement depuis de longues dizaines de minutes. Il avait utilisé son pouvoir de clonage pour produire une seconde arme qui lui permettait d’affûter la première. Cela avait le don d’agacer Ulrich, mais celui-ci n’osait rien dire depuis la dernière altercation qu’il avait eue avec lui. Cette étrange personne l’intriguait, certainement en grande partie à cause du fait qu’il camouflait la quasi-entièreté de son corps dans ce tissu noir, mais aussi parce qu’il semblait être doté d’un sang-froid inébranlable. Mais surtout, il avait encore en travers de la gorge l’affront qu’il lui avait fait auparavant. L’avait-il sous-estimé ? Etait-il bien plus puissant qu’il ne l’aurait cru ? Inspectant sa dague avec minutie, Aslan fit disparaître l’autre lame dans un nuage de particules qui s’envola dans les airs, puis jeta un regard sur Ulrich qui le fixait depuis bien trop longtemps désormais.

Loin de lui l’idée d’être gêné, mais il ne préférait pas garder cet étrange contact visuel avec cet individu. Il laissa alors tomber sa tête en arrière et fixa le plafond. Cela faisait maintenant bientôt plusieurs heures que Luka Erbin avait annoncé qu’il réunissait le Grand Conseil, et Ulrich et son équipe avait été envoyés avec bien d’autres personnes dans une immense salle le temps d’attendre que la décision soit prise. Au-dehors, la situation semblait s’être calmée. Malgré quelques rares escarmouches, les perniens n’eurent d’autre choix que de s’incliner face au nombre et à la puissance de l’armée terrienne. La garnison déployée par le général Antoine avait largement suffi à maîtriser la situation, ce qui permit aux groupes ayant été en conflit direct avec le clan Mapogo de s’éloigner des tensions et de se reposer un temps avant la décision du Grand Conseil.

Ici, Ulrich s’ennuyait atrocement, voilà presque trois heures qu’il était assis sur cet étrange fauteuil inconfortable au dossier courbé. Bien que la situation n’avait rien d’habituelle, il n’avait que faire de la décision qui serait prise ni du destin des perniens. Cependant, ce Maël ne lui inspirait pas la moindre confiance, cet homme semblait posséder un immense savoir et un puissant pouvoir de persuasion. Tout ceci faisait de lui un être extrêmement dangereux, qui pourrait compromettre l’équilibre de l’Odyssée. L’irruption de cet illustre inconnu n’augurait rien de bon selon lui.
Perdu dans ses pensées, il pencha la tête et jeta un œil à son environnement proche. Autour de lui s’était regroupé tous les membres de son équipe. Assis sur sa gauche, Akim tenait sa tête dans ses mains, le regard sombre portant loin vers une direction quelconque. Ce devait être la première fois qu’il menait une bataille, ce devait être extrêmement éprouvant pour lui, mais il semblait avoir cette volonté de tout faire pour le mieux et de rester concentré bien que les combats avaient cessés depuis plusieurs heures. A ses côtés, la jeune Iris s’était assise en tailleur et était complètement perdue dans ses pensées. Ulrich s’interrogeait encore sur les raisons de sa présence tant elle n’avait servi à rien jusqu’ici. Elle n’avait pas l’air d’avoir une quelconque expérience au combat et se présentait comme sans pouvoir, mais surtout, elle avait toujours l’air d’avoir l’esprit complètement ailleurs. A vrai dire, il doutait sincèrement de la capacité de ses dirigeants à former des groupes cohérents. Le nombre de personnes inexpérimentées qui avaient été intégrées à cette mission à haut risque dépassait l’entendement, il soupçonnait largement les chefs d’armée d’être complètement incompétents et de n’avoir aucune idée de la manière dont gérer la situation.
Sans s’en rendre compte, Ulrich se perdit une nouvelle fois dans la profondeur de ses yeux d’émeraude et se laissa hypnotiser par ce pouvoir envoûtant. Lorsqu’il émergea de cette mystérieuse sensation, il se leva et décida de l’approcher pour en apprendre plus sur elle. Celle-ci n’avait quasiment pas décroché un mot depuis leur rencontre et elle intriguait profondément Ulrich sans que celui-ci ne comprenne pourquoi. Avant qu’il n’eut atteint la jeune femme, l’une des portes donnant sur les galeries s’ouvrit, et les quelques centaines de personnes présentes dans cette pièce adressèrent un regard attentif à l’homme qui venait d’y entrer. Ulrich reconnu son précédent chef d’escouade qui l’avait mené jusqu’à la cité troglodyte, Joshua. Celui-ci fit quelques pas et grimpa sur une table faite de pierre taillée, de sorte à surplomber toute l’assistance.

— Camarades, entama-t-il de la même voix puissante dont il avait fait démonstration précédemment, le Grand Conseil vient de nous soumettre sa décision : nous utiliserons la fréquence sonore afin de neutraliser la totalité des perniens de façon non-létale.

Si tous n’avaient pas assisté à la longue tirade de Maël, les rumeurs s’étaient rapidement propagées et tous avaient plus ou moins conscience de la situation actuelle. Un tumulte prit naissance au sein des terriens, une grande proportion d’entre eux trouvait un tel procédé révoltant et ne pouvait le cautionner. Ulrich sentit Akim tressaillir suite à cette annonce, tuer des ennemis lui avait été difficile, mais infliger une telle souffrance à des innocents allait complètement à l’encontre de ses principes.

— Calmez-vous, gronda Joshua d’un ton ferme, plongeant l’immense salle dans un silence pesant. La décision du Grand Conseil est irrévocable, nos représentants ont délibéré durant de longues heures afin de déterminer la meilleure marche à suivre. Nous n’avons pas plus de temps pour argumenter désormais, sachez juste que cette fréquence audio devra être employée de façon non-létale et a uniquement pour objectif de mettre hors d’état de nuire les nombreux perniens se trouvant sur notre passage. Négocier avec chacun d’entre eux aurait été une perte de temps incommensurable, et même avec l’accord des chefs de clans, nous n’aurions eu aucune garantie quant à la coopération de chaque individu.

La cohue générale se dissipait progressivement, certains semblaient avoir été convaincus par ce discours improvisé par un homme qui essayait de faire de son mieux pour maintenir l’ordre dans ce groupe aux opinions hétéroclites.
— Il est de notre devoir d’assurer un chemin sans embûches aux centaines de milliers d’hommes et femmes qui traverseront ces contrées pour rejoindre la prochaine arche ! Nous n’avons d’autre choix que d’appliquer l’ordre qui nous a été transmis, et nous devons le faire au nom de l’Odyssée !

Tentant maladroitement de galvaniser ces hommes, Joshua parvint tout de même à faire regagner un semblant de calme dans l’assemblée. Les clameurs s’étaient évanouies pour laisser place à un faible bruit de fond produit par les centaines de discussions.

— Que tous les survivants des groupes qui ont déjà été formés se regroupent, attendez que moi ou l’un de mes homologues viennent vous donner vos instructions !

Cela ne l’étonna pas, mais Ulrich grogna à l’idée de devoir faire à nouveau équipe avec Aslan. Les deux jeunes ne le dérangeaient pas le moins du monde, Akim avait fait preuve d’un sérieux étonnant, tandis qu’Iris ne se faisait pas entendre, et il souhaitait en découvrir plus sur sa personne. Le groupe de quatre s’écarta du reste de la foule et vint se placer près de l’un de ces gigantesques murs, hauts de presque quatre mètres. Akim semblait être en proie à une terreur sans nom, alors que le celui-ci avait le regard plongé dans le vide, comme s’il ne pouvait détourner les yeux d’un démon se tenant devant lui, que lui seul pouvait percevoir.

— Tout se passera bien, souffla Aslan au jeune homme tout en posant délicatement sa main sur son épaule, nous serons là pour te protéger, et nous ferons en sorte de nuire le moins possible aux perniens.
— Nuire le moins possible ? railla Ulrich, inquisiteur. Je ne pense pas que réduire des êtres à une brutale soumission par la force corresponde réellement à la définition de « nuire le moins possible ». Ces perniens menaient une vie simple jusqu’à ce que nous débarquions sur leurs terres, qu’importe la façon dont ils ont pu s’en emparer, et voilà maintenant qu’après avoir saccagé leur cité, nous nous apprêtons à les neutraliser en employant ce cruel stratagème. Il n’y a certainement pas pire manière d’interagir pour la première fois avec une autre civilisation, nous les torturerons délibérément pour notre simple confort. Attention, ne vous méprenez pas, je ne suis pas en train de dire que ce n’est pas la décision que j’aurais choisie. Non, je dis seulement qu’il faut voir la réalité en face, ce que nous allons commettre d’ici quelques heures sera un horrible acte de barbarie envers un peuple qui ignorait jusqu’à notre existence hier encore.

La mâchoire tremblante, Akim ne put s’empêcher de laisser s’échapper une larme qui coula jusqu’à son menton, s’accrochant difficilement aux quelques poils de barbes, puis se laissant tomber sur le sol dans un « plic » à peine perceptible. Avoir peur du mal qu’un autre puisse nous faire est un effroyable sentiment, mais avoir peur de faire du mal aux autres est un sentiment bien plus terrible encore.
Un homme et une femme s’étaient immiscés derrière eux sans qu’ils ne s’en rendent compte. La femme présenta l’homme à ses côtés, un homme fort, à la tête ronde et aux joues roses, le crâne rasé et dégarni. De profondes fossettes se creusèrent sous ses yeux, alors qu’il arborait un heureux sourire, affichant sans aucune gêne ses dents jaunâtres.

— Voici Igor, annonça la femme, il s’agit du porteur idéal pour cette mission, il peut recréer des sons à la fréquence et à l’intensité désirée. Il n’a qu’une maîtrise partielle de ce pouvoir mais saura reproduire bêtement ce son sans le moindre souci. Vu le gros gabarit que représente votre équipe, vous aurez pour mission de l’escorter dans l’une des banlieues les plus peuplées autour de la seconde arche pour y neutraliser jusqu’au dernier pernien qui s’y trouve. Vous jouerez un rôle clé dans cette opération puisqu’Igor est certainement l’un des mieux placés pour reproduire ce son à la perfection. Vous formerez l’une des meilleures équipes pour répondre à cette situation, Akim repérera facilement les cibles et Igor pourra les neutraliser en un rien de temps avec l’aide du pouvoir d’Iris. Quant à vous deux, vous serez en charge de leur protection, cela ne devrait pas poser trop de problèmes.

Ulrich tiqua et leva son sourcil droit, puis dirigea son regard vers Iris, qui semblait elle-même perplexe. Celle-ci balbutia alors :

— Mon… Mon pouvoir ?
— Quoi, on ne t’en a pas parlé ? s’étonna la femme en ouvrant grand ses yeux globuleux. On ne saisit pas encore bien de quoi il s’agit, mais les résultats d’expériences qui sont ressortis de l’Organisation montre que tu es capable de décupler le Talent des autres rien qu’en les regardant dans les yeux. Il sera toujours temps d’en comprendre les subtilités plus tard, pour le moment on se contentera de ça. Bien, suivez-moi, nous allons appliquer la première étape de ce projet.

L’équipe marcha instinctivement, suivant la femme qui n’avait toujours pas daigné donner son nom, à travers les galeries de ce dédale artificiel. Ulrich ne pouvait s’empêcher de repenser au pouvoir d’Iris, était-ce ceci qu’il avait ressenti dans ce regard si puissant que mystérieux ? Il avait plongé son regard dans cette mer d’émeraude à plusieurs reprises sans s’en rendre compte et s’y était laissé emporter à chaque fois. Il avait quelque chose d’apaisant, de réconfortant. La jeune femme, bien que ne laissant paraître quasiment aucune émotion, semblait être quelque peu impactée par la nouvelle, le regard divaguant. Ne voyant encore une fois pas le temps s’écouler, il se surprit à sentir l’air chaud et humide recouvrir son visage moite. La luminosité extérieure n’était guère plus intense que celle à l’intérieur.

Ulrich s’était retrouvé devant une gigantesque place encastrée dans une enceinte minérale aux parois aussi hautes qu’il ne pouvait en deviner le sommet, donnant à cet endroit une allure de prison à ciel ouvert. Là-haut, à une altitude démesurément haute, la voûte luxuriante, moins dense, laissait filtrer quelques fins rayons de soleil qui illuminaient çà et là quelques zones de ce lieu mystérieux. La pluie avait cessé, et le ridicule soleil de Pern paraissait être encore à son zénith. Ulrich ne put savoir si les journées étaient incroyablement longues ou incroyablement courtes sur cette planète, mais le minuscule disque jaune dans le ciel ne semblait pas avoir bougé d’un centimètre depuis qu’ils étaient arrivés ici. Quelques torches avaient été placées sur tout le périmètre de cette enceinte pour révéler les recoins les plus sombres, dessinant de lugubres ombres dansantes.

Au centre de cette place entièrement vide s’érigeait fièrement une immense statue de pierre représentant un homme brandissant le poing dans le ciel. Haut d’au moins quinze mètre de haut, il se tenait sur un piédestal et était enveloppé dans un drapé si bien taillé qu’il semblait être fait d’un tissu véritable. Etrangement, le personnage avait la carrure d’un pernien, mais un visage tout ce qu’il y avait de plus humain. Le plus grand halo de lumière perçant la cavité rocheuse illuminait de mille feux ce monument à la gloire des perniens.
Tout autour, contrastant misérablement avec cette sculpture triomphante, des milliers de perniens se tenaient agenouillés, dépouillés de leur masque, penchant la tête vers le sol comme pour cacher leur monstruosité bestiale. Un seul homme se tenait debout face à Ulrich, le regard fier et droit, il reconnut en cette posture la prestance du personnage sculpté qui se trouvait en son dos. Il s’agissait là de Styx Majingilane, dont le visage félidé, abimé par les cicatrices du passé, laissait transparaître un sentiment de malheur et de dégoût. Il levait haut le menton, arborant un regard de défi.

Ulrich dirigea son regard dans la direction de celui de Styx, et il vit Luka Erbin se tenir au bord d’une éminence rocheuse. Il se tenait là, accompagné de Maël et de nombreux autres généraux. Surplombant toute la place formidablement grande, ces hommes et femmes ressemblaient à des juges s’apprêtant à abattre leur terrible sentence. De toutes parts, des terriens et terriennes sortaient des cavités creusées dans la roche donnant accès à la cité troglodyte, encerclant les malheureux perniens. Ulrich vit le dénommé Antoine se tenir fièrement devant une armée constituée de plusieurs milliers d’hommes. Cette place aux grandeurs cyclopéennes contenant des dizaines de millier d’humains encerclant tout autant de perniens dans un silence de mort faisait frissonner Ulrich. Jamais il n’avait assisté à une telle scène, où des étrangers se donnaient le droit d’humilier tristement un peuple sur ses propres terres.

— Odysséennes ! Odysséens ! tonna Luka Erbin d’une voix si puissante qu’elle faisait trembler les parois rocheuses. L’heure est venue pour nous d’unir nos forces contre l’adversaire pour pouvoir poursuivre notre périple. Ces êtres demi-humains, ayant fondé une civilisation sur une terre qui ne leur appartient point, fait obstacle à notre destinée. Tous ensemble, nous unirons nos forces pour ouvrir la voie à nos compagnons vers les arches qui nous rapprocheront de notre objectif final, et par la même occasion, nous punirons l’égoïsme dont a fait preuve le clan Majingilane lorsqu’il s’est auto-proclamé souverain de ces terres en massacrant de trop nombreux humains. D’une main de fer, nous les ferons ployer pour montrer à nos ennemis, qu’ils soient passés ou futurs, que nous ne sommes pas à prendre à la légère. Cependant, par bonté, nous épargnerons les perniens. Car nous sommes différents, différents de ceux que nous combattons.

La voix du jeune Erbin résonna dans la tête de tous les êtres présents, assistant à cette scène d’une puissance rare. Brisant ce silence pesant, Styx gonfla sa poitrine et poussa un puissant et long rugissement, un dernier cri d’une révolte désespérée face à un ennemi bien trop puissant. Alors les perniens se relevèrent un à un, scrutant Erbin d’un regard apeuré mais défiant l’autorité du terrien. Accompagnant leur chef, tous rugirent d’une seule et même voix, dans un chant plaintif. Luka fit montre d’une puissance encore plus grande, et ordonna à tous ses hommes :

— Compagnons, à vous !

Des centaines d’hommes et femmes s’avancèrent et émirent tous ensemble à l’unisson un son atrocement aigu dont la fréquence sonore ne faisait qu’augmenter. Akim ploya un genou au sol. La fréquence sonore grimpait toujours plus dans les aigus, jusqu’à ce que l’oreille humaine ne soit plus capable de l’entendre. Alors, les rugissements perniens se muèrent en étranglement, ils s’écroulèrent au sol dans un hurlement de douleur, se tenant la tête entre leurs immenses pattes. Quelques-uns, plus résistants, tentèrent de rester debout, par pure fierté. Styx était l’un d’entre eux, alors qu’une symphonie de mort se jouait derrière lui, il persévérait et continua de rugir, gardant les yeux rivés devant lui. Son visage se crispait de douleur, des veines gonflèrent sous sa peau recouverte de poils, tandis que la sclérose de ses yeux virait au rouge. Ses congénères tombaient comme des insectes, et il les rejoignit bientôt, dans un dernier souffle mêlant rage et souffrance. Quelques rares perniens tinrent debout plus longtemps que leur chef, mais ne tardèrent pas à s’effondrer comme les autres.
Autour de la statue, allégorie d’une gloire pernienne appartenant au passé, des milliers d’hommes-fauves gisaient inanimés. Ce spectacle avait de lugubre que les terriens n’avaient pu percevoir le son émit par les porteurs, et tous ces hommes-fauves tombèrent face à cette arme destructrice et inaudible. Il était impossible de savoir si ces milliers de perniens étaient morts ou vivants, quoiqu’Ulrich semblait distinguer la faible respiration de quelques-uns d’entre eux. Il avait assisté à de nombreuses horreurs dans sa vie, mais jamais il n’avait été autant impacté. Il se surprit à reprendre sa respiration, car il avait coupé son souffle sans y faire attention durant les longues secondes de ce supplice. Pourtant, son visage ne laissait rien transparaître, contrastant aux côtés d’Akim qui peinait à rester debout, le visage recouvert de larmes de peine et de douleur.

— On les a couchés en un rien de temps ! ricana Igor en se retournant vers eux, dans un rire gras.

Ulrich ne put s’empêcher de grimacer de dégoût. Il vit alors que Luka et Maël eurent une courte conversation. Puis la femme de tout à l’heure revînt vers eux et s’apprêta à leur donner la suite des indications.
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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeDim 15 Mar - 17:24

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Adam Hound



« ...je sais ce que tu vas dire, Adam, mais ce n'est pas du babysitting. Ou en tout cas, pas le genre de babysitting que tu as pu faire auparavant. Là, c'est important. Si ne serait-ce qu'un Pernien parvient à résister au virus sonore assez longtemps pour abattre l'un des Porteurs transmetteurs, le plan tombe à l'eau et on repart de zéro...non, ce sera même pire que ça puisqu'on aura une véritable guerre sur le dos. Ils sont peut-être primitifs et ne semblent pas comporter de Porteurs parmi eux, mais on ne s'en sortirait pas indemne. Encore une fois, dis-toi que tu œuvres pour le bien commun, termina la jeune femme aux cheveux bleus sur un ton ironique.
-Ahaha, se gaussa le dénommé Adam. Passer de chasseur de Porteurs à baby-sitter attitré pour ces mêmes types que j'ai chassé par le passé, qu'on vienne pas m'dire que le karma n'existe pas. Bon, je suppose que c'est mieux que de rester le cul assis à rien faire au beau milieu de cette plaine. Et puis, j'aime bien ce qui arrive aux gars qui "œuvrent pour le bien commun", ajouta-t-il avec un sourire en coin. »

Adam prit le menton de la jeune femme qui lui faisait face avec sa main et lui fit lever légèrement la tête avant de l'embrasser succinctement. Cette dernière lui offrit un sourire puis elle l'observa rejoindre son escouade.

* * *

« Bon, le topo est simple, et je pense que vous êtes plus ou moins tous au courant, mais pour qu'on soit bien tous sur la même longueur d'onde, je vais vous briefer quand même : on a obtenu un virus sonore capable de neutraliser les Perniens, et c'est pile ce qu'on va faire. Je précise bien évidemment que notre mission est de mettre les Perniens hors d'état de nous nuire. Ça veut dire utiliser le virus de manière à ce qu'ils tombent juste dans les vapes le temps qu'on quitte leur planète. Les grosses pointures ont donné pour instructions que les morts sont à éviter mais ne seront pas punies dans la mesure ou elles sont possibles puisqu'on ne connaît rien du virus et que les morphologies peuvent influer sur le résultat. Et c'est tout aussi possible que l'on soit attaqué en chemin, les Perniens ne sont pas tous diplomates comme ceux qui ont capturés notre boss, affirma Adam avec un sourire en coin. Je ne mettrai la vie d'aucun de vous en danger, donc vous avez mon autorisation pour liquider toute menace directe à notre mission ou notre propre intégrité. Quatre d'entre nous sont là pour protéger Lydia, qui a pour mission de diffuser le virus, donc tout devrait bien se passer tant que l'on garde l'oeil ouvert et que personne ne joue les héros. La dernière chose dont j'ai besoin c'est d'un massacre sur les bras ou de pertes à mon actif. »

Adam marqua une pause pour que tout le monde puisse bien intégrer ce qu'il venait de dire. S'il n'était pas des plus enchanté à l'idée de marcher pendant des heures pour atteindre le point d'émission du virus, le tout en faisant attention à ce que ni la faune, ni la flore de ce monde inconnu ne mette la vie de son escouade en danger, il restait tout de même heureux de finalement passer à l'action après des jours à ne rien faire de plus que de garder des civils et des anciens rats de laboratoire qu'il avait probablement lui-même participé à capturer.
Il y eut de courts échanges, un rire gras venant de l'un des Porteurs chargé d'assurer la sécurité de l'émettrice, puis ils regardèrent tous Adam en attente de la suite. Peu après, ils quittaient tous le point de rassemblement qu'avaient établis les dirigeants de leur groupe, et fondaient dans l'épaisse végétation alentour qui semblait au courant de ce qui allait se passer sur la terre qui la nourrissait tant les feuillages et branchages étaient agités.

* * *

Le trajet jusqu'au premier point d'émission n'avait posé aucun réel problème. Un des gardiens avait manqué de perdre un bras en touchant une plante qui s'était avérée carnivore, ou au moins capable de se défendre contre des prédateurs bien plus gros qu'elle, et un autre s'était bêtement foulé la cheville et reposait désormais sur la capacité d'un troisième Porteur pour se déplacer. Lorsqu'ils avaient fait un court bivouac pour s'assurer de leur route et sauvegarder leurs forces, Adam n'avait pu s'empêcher de soupirer en regardant l'état d'une partie de son escouade, alors qu'ils n'avaient même pas atteint leur premier point de contrôle.
Lydia, la Porteur émettrice du virus, montra des doutes et une certaine appréhension lorsqu'elle propagea la fréquence sonore pour la première fois. Les cris des Perniens, surtout des plus jeunes, s'avéra être un réel défi pour la jeune femme. Si bien qu'Adam fut contraint de neutraliser deux Perniens, probablement parmi les mâles forts du village. Heureusement pour ces derniers, l'ancien limier était d'une précision chirurgicale, et les morceaux de métal qu'il propulsa contre eux ne touchèrent que des points non-vitaux mais qui les empêchèrent toutefois de poursuivre une quelconque riposte.
Prévision de la part des personnes chargés du bon déroulement de la mission ou coup du sort, un Porteur de l'escouade détenait un talent capable d'agir sur les émotions des autres. Aussi, les doutes de Lydia la quittèrent assez rapidement lorsqu'une détermination et le désir sans faille de protéger ses amis et proches au sein de l'Odyssée firent surface. Le virus eut tôt fait de faire tomber les Perniens, et un rapide examen ne décompta pas un seul mort au sein du village primitif.
Le deuxième point d'émission fut plus catastrophique en comparaison. Gert, le Porteur chargé de supporter l'un des gardiens blessé grâce à son don de télékinésie, ne put éviter les griffes d'un Pernien qui surprit le groupe tout entier lorsque le virus fut propagé. Et l'assaut provoqua rapidement une suite d'évènements qui auraient tôt fait de causer la mort partielle, voire totale, du groupe.
La vue du sang de l'un des siens bloqua Lydia dans son entreprise et le support émotionnel d'Ariette ne put relancer le virus assez tôt pour que tous soient saufs de tout danger. Les Perniens, désormais conscients qu'une menace planait sur eux, eurent tôt fait de prendre pour cible l'escouade d'Adam. Plusieurs d'entre eux assaillirent le groupe de toute part, et la situation tourna très vite au combat rangé. Cependant, l'expérience du meneur et son sang-froid évitèrent toute perte additionnelle. Trois Perniens tombèrent avant que Lydia ne retrouve ses esprits et ne diffuse à nouveau la fréquence sonore.
Du côté de l'escouade, seul Gert était à déplorer. Et Lydia, comme deux autres membres, pleura sa perte. Mais les pleurs ne pouvaient durer éternellement, et une fois les blessures pansées et une tombe décente creusée pour le défunt, le groupe se remit en marche vers leur prochain point d'émission, avant-dernier dans leur trajet.

* * *


« Pi...pitié ! Ces...ces salopards ont tués Gert ! Ils méritaient ce que je leu... »

Pip, le gardien blessé par une plante plus tôt dans la journée, n'eut pas le loisir de finir sa phrase, un mince trou dans le crâne et des morceaux de cervelle recouvrant le sol derrière lui à mesure que du sang coulait sur son visage encore tordu de peur.
En face de lui, Adam était méconnaissable. Les traits tirés, son regard n'exprimait que colère et haine. Son énergie était devenue tumultueuse, chaotique, oppressante. Autour de lui, personne n'osait le regarder, ni lui, ni le cadavre de Pip.

« Que cela serve de leçon à tous les enfoirés qui penseraient pouvoir s'en tirer en faisant la même chose que ce fils de pute !, exulta Adam, toujours devant le cadavre de celui qu'il venait d'exécuter, fulminant. Pas la peine de lui creuser une tombe, laisser son cadavre nourrir les insectes et la vermine. Avec un peu de chance, les Perniens de ce village pourront se venger sur sa dépouille. Allez, on se remet en route ! »

Le groupe quitta les lieux rapidement, suivant malgré eux la cadence effrénée de leur meneur, et laissant derrière eux une scène macabre, une atroce hécatombe.
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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeMar 31 Mar - 18:23

D’atroces hurlements résonnèrent dans ce village idyllique. Sortant de derrière une cabane en bois, un homme-fauve s’arracha le masque de son visage et griffa ses joues en geignant dans une atroce douleur. Un sang presque noir ruissela sur tout son corps, tandis que la victime plongeait son regard emplit d’une souffrance inimaginable dans celui des terriens. Il remuait tout son corps, effectuant une dernière danse morbide, puis s’écroula au sol en se frappant le crâne de puissant coups de pattes. Il se roula au sol, cognant encore et encore son visage ensanglanté. Sa fourrure blonde devenait poisseuse et rougissait. Dans un dernier gémissement, le pernien abandonna son corps puis s’écrasa dans l’herbe, sur lesquelles perlaient des gouttes de sang, à la manière de la rosée du soir de sa vie. Au loin, d’autres cris se firent entendre quelques instants, quand enfin le silence regagna les lieux. Un silence de mort.
Igor, la bouche grande ouverte et le visage rouge, relâcha ses muscles et rompit ce terrible silence en tentant de reprendre sa respiration les mains sur les genoux, dans un souffle fort et rauque. Akim s’agenouilla au sol, plantant ses deux bras et resserrant ses poings en arrachant quelques brins d’herbe, laissant couler de chaudes larmes dans le sol boueux.

— On a très mal dosé ce premier assaut, souffla Aslan, l’intensité du son était bien trop forte. Malheureusement il est difficile d’en juger lorsqu’il est émis dans une fréquence imperceptible.
— Bah…, glissa Igor entre deux inspirations, vaut mieux ça plutôt que… pas assez…

Ulrich lorgna Akim avec un regard froid. Durant tout le trajet, le jeune porteur avait tout tenté pour se tenir prêt à ce qui allait arriver, mais il ne s’attendait certainement pas à une telle scène d’horreur. Après trois à quatre bonnes heures de marche, l’équipe avait quitté la forêt luxuriante et s’était retrouvée à l’entrée d’une gigantesque plaine, parsemée ici et là de quelques arbres exotiques. Ulrich avait pu reconnaître à quelques reprises ces kunos dont le feuillage était coloré d’un bleu mystique. Sur leur chemin vers les grandes cités, ils avaient pour mission de « faire le ménage » dans les quelques villages qu’ils pourraient croiser. Cet endroit était le premier sur lequel ils étaient tombés, un petit village constitué de bâtiments en bois, pas plus d’une cinquantaine. Au centre se trouvait une tour deux fois plus grandes que toutes les habitations, arborant d’étranges pierre de couleurs vertes taillées dans des formes géométriques aux apparences chaotiques.
A une centaine de mètres du petit village se trouvait un large point d’eau, entouré d’une densité d’arbres bien plus élevée que partout ailleurs dans la pleine, ressemblant à une oasis entourée de végétation. De part et d’autres de ce lac, l’eau s’écoulait calmement dans une rivière artificielle. Une fois le premier village repéré, l’équipe avait pour mission de suivre le courant du canal, afin de rejoindre la plus grande cité, Mala Mala, à proximité de l’arche que l’Odyssée avait pour objectif de franchir. Ici, d’autres équipes les rejoindraient pour mener à bien la neutralisation de ce qui était l’une des plus grandes cité pernienne.
Depuis leur départ, le ciel était resté d’un vert turquoise immaculé et le soleil ténu de cette planète n’avait pas bougé de son zénith. Il semblait être fixé à la voûte céleste, tel un œil divin et impartial scrutant Ulrich et son équipe.

Soutenant Akim par l’aisselle pour l’aider à se relever, Ulrich invectiva Igor :

— Les ordres sont les ordres, on a pour mission de les neutraliser, pas de les abattre. Tu vas donc t’en tenir à ce qu’on te dit de faire et fermer ta grande gueule. Tu réduiras de moitié l’intensité du son la prochaine fois, on verra bien ce que ça donne, Aslan et moi seront là pour les repousser si cela s’avère trop peu efficace. Ensuite, on réfléchira à augmenter l’intensité ou non.

Igor expira lourdement une dernière fois, puis lança un regard noir au chef d’équipe. Il ouvrit la bouche et s’apprêta à parler. A peine eut-il le temps de prononcer le son « je » qu’il eut le souffle coupé. A une vitesse qui lui avait semblé être instantanée, Ulrich l’avait frappé dans l’abdomen et tenait désormais sa tête dans ses mains. Exerçant une pression insoutenable, il avait placé son front contre le sien.

— Ecoute-moi bien espèce de merde, tonna-t-il, depuis qu’on est partit je ne peux pas te supporter toi et tes remarques incessantes. T’es de la pire espèce, tu prends plaisir à faire souffrir ces perniens alors que tu ne vaux rien du tout, sans nous, ils t’auraient déjà réduit en morceaux. La mission dépend de toi alors je ne peux pas te crever, mais crois-moi je peux te faire subir bien pire. Alors je vais me répéter mais ce sera la dernière fois : tu fais ce qu’on te dit et tu fermes ta putain de gueule.

Durant tout ce temps, Igor n’avait osé détourner le regard de celui d’Ulrich, et ce ne fut que lorsque ce dernier le relâcha qu’il s’autorisa de nouveau à respirer. Assis par terre, encore le souffle coupé et les yeux emplit de terreur, Igor avait l’air pathétique. Bien qu’un peu violent, le ressenti d’Ulrich était partagé par tous les autres membres. Laissant l’homme au sol, Ulrich indiqua à son équipe qu’ils iraient faire une pause de quelques heures autour du lac, de quoi s’abreuver et reprendre des forces avant la suite. Une fois arrivés au premier village, ils savaient que la densité de la population ne ferait que croître jusqu’à la grande cité de Mala Mala.

Une fois ceci fait, la troupe s’était remise en marche en suivant le long du courant, puis ils arrivèrent à peine une heure plus tard à un deuxième village, très ressemblant au premier. Ils l’avaient détecté de loin grâce à cette même tour qui surplombait tous les autres bâtiments. Pour ce deuxième assaut, ils avaient procédé de la même manière. Tout d’abord, ils approchèrent furtivement grâce au pouvoir d’Aslan, puis Iris plongea son regard d’émeraude dans celui d’Akim qui repéra les différentes cibles. Lorsque la position de chaque pernien était bien déterminée, Akim avait pour mission de continuer de sonder le village pendant la propagation du son pour s’assurer que chacun d’entre eux fut bien neutralisé. Alors, Iris usait de son pouvoir sur Igor, qui cette fois-ci se garda bien de faire un commentaire désobligeant comme il avait pu le faire la première fois : « Tu vas me faire craquer si tu continues de me regarder comme ça !». Puis, émettant un son deux fois moins intense que la dernière fois, il neutralisa la quasi-totalité de tous les Perniens de ce village. Quelques individus plus résistants avaient chargé sur l’équipe, en vain. Ulrich et Aslan en vinrent à bout sans aucuns soucis et ordonnèrent à Igor d’augmenter légèrement l’intensité du son pour les neutraliser définitivement.

Alors l’opération se répéta, la troupe longeait le canal et neutralisait sans sommation tous les perniens sur leur passage peu importe la souffrance qu’ils pouvaient leur faire subir. Arrivés à proximité du huitième village, ils s’arrêtèrent comme d’habitude à une centaine de mètres du lieu et se camouflèrent à l’aide du pouvoir d’Aslan. Cette fois-ci, Akim nota cependant quelque chose de différent. D’ordinaire, les perniens étaient disséminés naturellement partout dans leur village, mais ça n’était pas le cas ici.

— C’est… C’est pas comme d’habitude, balbutia Akim, ils sont tous regroupés sur la place centrale du village. Mais, pas d’une façon agressive. Non, ils sont tous agenouillés, tous tournés vers la même structure. Ils ont la tête baissée… Oui j’en suis sûr. Et, j’entends qu’ils marmonnent des chants.

Le garçon leva la tête et fixa son chef d’équipe, une détresse encore plus profonde se lisait sur son visage. Car tous ces indices ne menaient qu’à une seule conclusion pour lui : les perniens priaient leur Dieu. Tous les habitants s’étaient réunis autour de cette tour qui ornait ces étranges pierres vertes qui se trouvait sans exception dans chaque village qu’ils avaient traversé. Un pernien tournait autour de ce cercle formé par ses compatriotes, psalmodiant des mots dans un langage inconnu, produisant une mélopée que seul Akim pouvait percevoir. A ses yeux, cela ne pouvait être une coïncidence, il y voyait là un signe du désespoir des perniens qui s’en remettaient à leur divinité. Ces êtres-là n’avaient plus aucune envie de combattre, ils souhaitaient juste trouver le salut et être épargner de ce tourment. Déjà, durant les dernières escarmouches, quelques perniens semblaient être prêts au combat, comme s’ils avaient été mis au courant de l’arrivée des envahisseurs terriens. Certains d’entre eux s’étaient certainement enfuis pour transmettre l’information, ou alors avaient des pouvoirs leur permettant de contacter les villages voisins.

— L’un d’entre eux doit avoir un pouvoir qui lui a permis de voir ce qu’on a fait, ils abandonnent ! Ils ne comptent pas résister ! On n’est pas obligés de les neutraliser, ils feront rien, passons au suivant !
— Réfléchis, répondit Aslan d’un ton calme, s’ils nous ont repérer à l’avance, ils peuvent tout autant nous avoir tendu un piège. On ne peut logiquement pas se permettre de laisser ce village tout entier derrière nous, c’est inenvisageable.

De chaudes larmes coulaient sur les joues du jeune garçon, il souhaitait répondre mais ne trouva pas la force et s’effondra sur le sol. Son mental craquait, cette opération était trop dure pour lui. Alors qu’Aslan se penchait pour tenter de lui faire reprendre ses esprits, Ulrich fit signe à Iris et Igor de poursuivre l’opération. Une fois qu’Iris eut posé son regard dans celui d’Igor, les deux hommes quittèrent le camouflage et s’approchèrent du village. Avançant d’un pas sûr derrière son chef, Igor débuta l’émission de la fréquence sonore. Dans un même temps, Aslan forma deux clones qui se placèrent de part et d’autres des deux jeunes porteurs, parés au combat. Akim ne put s’empêcher de sonder les environs malgré sa détresse, et il perçut les perniens tombés au sol, poussant ces mêmes cris d’agonie qu’il n’avait que trop entendu. Puis, il sentit d’autres présences, des présences qu’il n’avait pas perçues jusqu’alors. Tandis qu’Ulrich et Igor pénétraient dans le village, des perniens semblaient faire apparition de parts et d’autres du village, comme s’ils s’étaient dissimulés derrière un rideau les camouflant de tous ces sens. Mais ça n’était pas tout, d’autres individus jaillirent à quelques pas de lui, fondant sur les clones d’Aslan.

De puissant rugissements parvinrent jusqu’aux oreilles d’Akim, et les bruits chaotiques du combat mené à quelques mètres de lui l’assourdirent. Il se prit la tête dans ses mains et fixa le sol, tentant de reprendre sa respiration, le souffle saccadé. Ces ennemis avaient échappé à sa vigilance, ils lui avaient tendu un piège simple dans lequel il était tombé stupidement. Depuis le début de cette journée, il n’avait cessé de se concentrer sur sa mission et avait refoulé chacune de ses émotions pour mener à bien l’opération. Mais c’en était trop, la souffrance de tous ces perniens s’accumulait et pesaient extrêmement lourd sur son cœur, il n’était pas fait pour ça. Lui, qui n’avait jamais mené la moindre bataille de son vivant, se retrouvait aujourd’hui au centre d’une action militaire d’une ampleur qui le dépasse. Ces sons, ces cris, ces images, ce rouge. Ils marqueraient son esprit jusqu’à son dernier souffle. Cette journée avait semblé durer plus longtemps encore que sa vie entière. Mais cet instant, durant lequel les corps tombaient à quelques mètres de lui, s’effondrant dans une mare ensanglantée, cet instant, il semblait durer plus longtemps encore que cette journée.
Toujours agenouillé au sol au centre de cette cohue, son cœur s’emballait, il ne trouvait plus son souffle, prit d’une angoisse incontrôlable. Il ne trouvait pas la force de relever la tête, le regard plongé sur ces herbes bientôt tachetées de grenat, la gueule grande ouverte. Un frisson parcourut son corps entier alors qu’il se sentait partir, ne souhaitant plus endurer cette épreuve. Mais juste avant qu’il ne perde connaissance, une chaleur bienveillante enveloppa son épaule et se propagea dans l’entièrement de son être, ramenant un semblant d’équilibre dans son âme. Il leva lentement la tête et il put voir les yeux d’Aslan à travers son voile noir, plongés dans son regard. Agenouillé devant lui, alors que le chaos régnait autour et que le nombre de perniens ne cessait de croître, il avait posé sa main sur son épaule. Ses yeux étaient emplis de compassion et d’encouragement.

— Akim, ça ira. Relève-toi, bats-toi pour ta survie.

Akim ne sut trouver le réconfort qu’il cherchait, mais l’intervention d’Aslan avait au moins eu le mérite de ramener son esprit à la réalité. Autour de lui, six clones d’Aslan combattaient fiévreusement contre les assauts incessants des perniens. Alors il concentra son attention vers le village et perçut qu’Ulrich combattait lui aussi des dizaines d’ennemis. Est-ce que ces deux-là s’étaient laissés surprendre comme lui ? Cela semblait dur à dire tant ils semblaient préparés même face à une telle bataille. Akim prit appui sur le sol et se releva péniblement, aidé par celui qui devenait peu à peu son mentor. Alors Aslan lui tendit deux dagues qu’il avait cloné, puis Iris, qui tenait elle-même une lame dans chaque main, plongea son intense regard dans le sien. Comme à chaque fois, il sentit une chaleur agréable l’envelopper, revigorant ses membres tétanisés. Un sentiment de confiance inattendu le gagna, puis il prit une longue inspiration.

— Pourquoi le virus sonore ne fonctionne pas ? demanda-t-il en étant bien conscient que personne n’aurait certainement la réponse.

Aslan ne lui répondit que d’un « non » de la tête, puis tourna la tête vers ses clones qui semblaient perdre du terrain face aux assauts ennemis incessants. Akim retrouva un simili de calme, comme rassuré par ses partenaires, il savait qu’Aslan couvrirait ses arrières. Il fit alors le premier pas vers ce qui serait son premier combat, serrant fermement chacune des lames dans ses mains. Les trois compagnons tiendraient bons face à l’assaut ennemi.
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MessageSujet: Re: Pern US68 (Deuxième monde)   Pern US68 (Deuxième monde) Icon_minitimeMar 31 Mar - 18:35

Alors qu’Akim était écroulé au sol, Ulrich accourut droit vers le village, précédant Igor qui le suivait péniblement. Il fallait rapidement émettre la fréquence sonore avant que le piège ne se referme sur eux, car il le savait, d’autres perniens se camouflaient tout autour d’eux. Aux abords du village, Ulrich ordonna à Igor d’émettre le son. Alors, ceux qui étaient agenouillés autour de la tour religieuse s’écroulèrent, gémissant de douleur et se roulant dans la poussière. Ulrich les sentit alors, au même instant, les perniens qui se terraient jusqu’alors, surgissant de toute part et acculant le binôme. Avec une simultanéité impressionnante, autant de perniens se jetèrent sur lui que sur Igor. Les bêtes rugissaient, toute griffes en avant, jouant sur l’effet de surprise pour abattre leurs adversaires le plus rapidement possible. Mais c’était largement sous-estimer la force du terrien.
D’un seul mouvement de bras, déployant une quantité d’énergie colossale, Ulrich se débarrassa de la demi-douzaine d’hommes-fauves qui fondaient sur lui. Il ancra ses pieds dans le sol puis sauta vers Igor et frappa quatre perniens avant que ceux-ci n’eurent le temps d’atteindre leur cible. L’un d’entre eux parvint à loger sa griffe dans le bras d’Igor avant qu’Ulrich ne le projette d’un coup de pied, et le dernier frappa de plein fouet à la poitrine, envoyant Igor à plusieurs mètres de là. Une fraction de seconde plus tard, Ulrich fractura les côtes du pernien d’un coup de poing surpuissant, le mettant hors d’état de nuire, puis sauta en arrière pour se préparer au prochain assaut.

Les perniens avaient misé toute leur stratégie sur une attaque éclaire à l’instant même où la fréquence sonore serait émise. Comptant sur leur surnombre, leur objectif était de vaincre avant que le virus ne les neutralise complètement, surmontant l’horrible sensation causé par celui-ci. Une véritable blitzkrieg. Ulrich sentit tout autour de lui plus encore de perniens se ruer dans leur direction. Si ceux-ci s’étaient répartis en quantité égale pour attaquer les deux hommes lors du premier assaut, ils avaient dû remarquer que c’était Igor qui émettait le son et prirent la décision d’attaquer en plus grand nombre l’homme sans défense. Autour de lui, des dizaines de perniens s’apprêtaient à en découdre avec les deux terriens, même ceux qui s’était déjà écroulés auparavant se relevaient et s’apprêtaient à combattre.
Ulrich ferma les yeux et laissa ses sens le guider. Derrière lui, Igor était au sol, vulnérable, et une bonne vingtaine de perniens s’approchaient dangereusement de lui. De son côté, les ennemis semblaient émettre plus de réserve et l’encerclaient avec prudence, et partout dans le village surgissait encore des dizaines de perniens. Quelques-uns, plus téméraires, se ruaient directement sur lui. Le pouvoir d’Iris faisait encore effet et il sentait les vagues de chaleur parcourir son corps. La situation était plus que critique, la réussite de sa mission risquait d’être compromise, et les conséquences pouvaient être terribles pour trop de personnes. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres, il n’avait plus d’autre choix que d’user de son pouvoir. Personne ne le verrait, il serait bref. Tout se passa en quelques fractions de secondes. Son corps se métamorphosa, noircit et prit de l’ampleur, dépassant les deux mètres. Ses membres s’affinèrent, à mesure que sa chair semblait fondre pour ne laisser place qu’à des os difformes. Ses doigts se changèrent en pointes aiguisées, et se démultiplièrent pour jusqu’à atteindre un nombre bien plus grand que dix. Ses jambes gagnèrent en longueur, laissant place à des membres disproportionnés, fin et puissants. Des pointes osseuses jaillirent de tout son corps, et ses cotes transpercèrent son dos et s’écartèrent, laissant un trou béant dans son corps, à l’intérieur duquel s’était formé un épais brouillard, si obscur qu’il ne reflétait aucune lumière.
Le visage du si magnifique Ulrich laissa place à une créature des plus ignobles, semblant sortir tout droit de plus horrible des cauchemars. La bouche déformée, pendante, alors que ses yeux plongeaient tous ceux qui le regardaient dans une terreur sans nom, scintillant d’un rouge annonciateur du sang qui allait être déversé. Cette chose n’inspirait que la mort, rien d’autre qu’une mort lente et violente. Ce regard aurait pu effrayer le plus brave des guerriers, rendre dément le plus sage des moines, faire fondre en larmes le plus violent des meurtriers.

Mais cela, les perniens n’eurent pas le temps de le constater, tout ce qu’ils purent percevoir ne fut autre qu’un nuage de fumée obscur, qui se forma si rapidement qu’ils n’eurent le temps de réagir. L’atmosphère autour changea brusquement, une odeur de sang et de mort gagna le nez de tous les êtres vivant présents ici. L’herbe à ses pieds pourrit en l’espace d’un instant.
Emportés par leur élan, les perniens n’eurent d’autre choix que de subir la colère de cet être venu d’un autre monde. Telle une ombre se déplaçant à la vitesse de la lumière, il abattit de puissant coups sur chacun des hommes-fauves, tant ceux qui prenaient leurs distances que ceux qui s’étaient jetés sur lui. Assénant des attaques chirurgicales, le sang gicla, éclaboussa, se répandit partout autour. Et alors qu’ils pensaient être suffisamment loin de cet ennemi, la horde qui s’apprêtait à déchiqueter Igor subit le même sort que leurs comparses. Sautant, courant, tranchant, écrasant, cette engeance du démon virevoltait à travers les corps valsant dans les airs. Exécutant une danse funèbre et imperceptible, chaque coup était porté avec une précision inhumaine. Cette bête luciférienne ne laissait aspirait la moindre once d’espoir en chacune de ses proies, les plongeant dans un état de désolation total.
En un temps infiniment court, la chose en laquelle Ulrich s’était changé venait de vaincre des dizaines de perniens sur un rayon de plusieurs dizaines de mètres. Il avait répandu derrière lui le sang des habitants de ce monde, laissant une scène d’horreur innommable.

Se tenant au centre de ce massacre, Ulrich regagna une forme à peu près humaine, mais cette même aura meurtrière flottait encore tout autour de lui. Ce visage restait le même, ce visage qui marquerait à vie quiconque osait regarder. Igor à ses côtés, allongé et essoufflé, contrastait ridiculement avec la prestance horrifique de son acolyte. Mais alors que le sang et les cris avait laissé présager la mort de tous les perniens, chacun d’entre eux se relevaient avec peine au bout de quelques minutes, tandis qu’Ulrich restait impassible, regardant avec assurance ses victimes. Ne pouvant communiquer avec ces hommes-fauves à cause de la barrière linguistique qui les séparait, Ulrich misa toute la force de son dialogue dans son regard. D’un œil transperçant, il prit le temps de faire frissonner chacun de ses adversaires, qui semblaient encore être désemparés par cette violence. Au terme d’une longue minute, Ulrich baissa la tête et dirigea finalement son regard vers Igor.
Ce dernier, bien qu’allié à cette chose qui ressemblait à peine à l’homme qu’il connaissait jusqu’ici, ne put s’empêcher de lâcher un gémissement d’effroi lorsque leurs regards se croisèrent. D’un coup soudain et violent, Ulrich agrippa Igor par le cou de son bras long et sec, et éleva sa proie dans les airs. Igor peinait à trouver son souffle, le visage déformé par une terreur rare. Il s’accrocha au bras de la chose, frappant pour tenter de se dégager, puis abandonna bien vite toute résistance tant le regard de son désormais ancien allié lui inspirait une douleur bien pire encore que les griffes se resserrant sur sa gorge. La figure rouge, gonflée et recouvertes de morve et de larmes, Igor ne trouvait même plus le courage d’implorer Ulrich, ou quelle que soit la chose qui s’apprêtait à lui ôter la vie. La souffrance qu’il ressentait en cet instant présent était bien pire que tout ce qu’il avait pu imaginer jusqu’ici, et seule la mort pourrait le délivrer de ce sentiment insoutenable. Si tant est que cette entité démoniaque ne le poursuivrait pas de l’autre côté pour lui faire subir de pire sévices encore.

Si la langue séparait les deux peuples, le sentiment d’effroi qui se lisait sur le visage des perniens était bien commun à celui que l’on pouvait lire sur ceux des terriens. Tous semblaient décontenancés, s’ils s’apprêtaient à combattre de puissants ennemis, ils ne s’attendaient certainement pas à un tel adversaire, et encore moins à cette scène d’horreur. Celle-ci avait-t-elle duré dix secondes ou dix minutes, personne ne saurait le dire. Alors, la tête d’Igor sursauta dans un craquement morbide, tandis que l’humain hurlait à s’en déchirer les cordes vocales, et que les vaisseaux sanguins de ses yeux éclataient pour en faire disparait la blancheur. Les secondes du supplice d’Igor avaient paru s’écouler hors du temps, alors que la main tranchante du monstre se resserrait et faisait gicler le sang. La pression exercée atteignit finalement son paroxysme, et détacha la tête du terrien de son corps. Les deux morceaux qui formaient une seule et même entité s’écrasèrent lourdement au sol, alors que l’expression de la tête décapitée d’Igor donnait l’impression que celui-ci souffrait encore même à travers la mort, et qu’il en serait ainsi pour toujours.

Ulrich reprit lentement forme humaine, et regagna sa prestance naturelle, tout en dirigeant son regard vers les perniens désemparés. Il ne dégageait plus aucune animosité, et son immobilité laissait comprendre qu’il ne représentait plus une menace pour les perniens. Ulrich laissa planer ce sentiment de malaise de longues secondes, alors que les perniens avaient du mal à se remettre d’une telle atrocité. Il souhaitait faire passer le message qu’il n’avait pas perdu le contrôle, qu’il avait été maître de ses actes du début à la fin, et qu’il saurait réitérer ses actions s’ils se montraient de nouveau menaçant.
Il jeta un coup d’œil vers la cité de Mala Mala dont on pouvait apercevoir les plus hauts bâtiments d’ici, et fit un signe de tête à ses adversaires. Ceux-ci comprenaient bien qu’ils n’avaient aucune chance face à une telle puissance. Mais surtout, ils pouvaient constater qu’aucun d’entre eux n’avait mortellement blessé. Face à la rapidité et la force d’Ulrich, ils comprirent rapidement qu’il avait agi consciemment, et avait intentionnellement fait attention à ne prendre aucune vie pernienne.
Pourquoi avait-il agit comme cela ? Ils n’en avaient aucune idée, mais n’avaient cependant pas envie de rester ici davantage. Il y avait peu de chance pour qu’il s’agisse d’un piège puisqu’il avait tué son propre allié et pouvait sans effort tous les réduire au même état de macchabé. Alors que certains d’entre eux se mirent en marche en direction de Mala Mala, Ulrich siffla et fit un signe de tête en arrière, en direction du reste de son équipe qui était encore en train de mener une bataille féroce contre les perniens. Tous se regardèrent un instant, puis l’un d’entre eux prit une grande inspiration et poussa un puissant rugissement. Ils bondirent ensuite tous ensemble en direction de la grande cité, quittant cette scène à l’aura maléfique. La quantité de sang déversé laissait croire qu’un massacre avait été commis ici, mais il n’y avait cependant qu’un seul mort à déplorer, et il s’agissait là du seul allié qui avait accompagné Ulrich.

Le bras droit recouvert de rouge vermeil, Ulrich fit volte-face et rejoignit le reste de son équipe. Au loin, il aperçut un troupeau d’hommes-fauves fuyant de leurs puissantes pattes en direction de la grande cité, abandonnant les quelques camarades qui étaient tombés au combat. Au beau milieu de la plaine se tenaient debout Aslan, six de ses clones et Iris, tandis qu’Akim était allongé dos au sol, à côté de plusieurs perniens inanimés. Quand ils virent arriver Ulrich seul et serein, tous relâchèrent la pression et Aslan fit s’évaporer la totalité de ses clones avant de se jeter sur Akim. Iris quant à elle se laissa tomber sur ses genoux et plongea sa tête dans ses mains. Ulrich s’approcha d’eux, et posa sa main sur l’épaule d’Iris. C’était la première fois qu’il faisait montre d’un signe affectif envers l’un de ses camarades, mais suite à l’horreur qu’il venait de commettre, il avait envie de se changer les idées et préférait laisser place à des sentiments plus agréables. Puis, sans que celle-ci ne réagisse à son approche, il retira sa main et s’assit à quelques mètres sur un rocher.

— Le petit va bien ? demanda-t-il nonchalamment en posant son regard sur ce minuscule soleil qui n’avait toujours pas bougé d’un iota.

A cela, Aslan ne répondit que d’un grognement et se releva difficilement, appuyant sa main sur son flanc gauche. Le groupe semblait avoir laissé des plumes durant cette bataille.

— Aslan… murmura Akim, tu m’as sauvé la vie, merci… Mais, j’ai… J’ai…
— Ne dis rien, tu as fait ce que tu avais à faire, ne culpabilise pas.

Sur ces mots, Aslan se déplaça lentement jusqu’à rejoindre Ulrich sur son rocher. Celui-ci put apercevoir qu’une plaie profonde avait entaillé le flanc d’Aslan, ruisselant de ce sang qu’il n’avait que trop vu aujourd’hui. Personne ne pipa mot, tous se reposèrent et laissèrent leurs pensées vagabonder suite à cette bataille éprouvante. Alors Iris fondit en larmes et se laissa tomber entièrement au sol, se recroquevillant sur elle-même. Les deux hommes la laissèrent pleurer, ils n’avaient ni la force ni l’envie d’essayer de la réconforter. Elle semblait craquer à son tour, comme si la coquille qui la protégeait depuis le début de l’Odyssée venait de se briser et de la laisser à l’air libre, comme si elle faisait face à la cruauté de ce monde pour la première fois. Ils levèrent tous les deux un regard vers le ciel, et Aslan prit la parole le premier.

— Igor ?
— Ils ont compris que c’était l’émetteur, je n’ai pas eu le temps de le défendre. Une vraie boucherie.
— Les perniens ?
— Ils se sont tous enfuis après l’avoir tué, l’un d’entre eux a rugit dans votre direction, donnant certainement l’information de se diriger vers Mala Mala.
— Vu comme ils étaient préparés, ils risquent de faire un massacre là-bas.

Ulrich ne put s’empêcher de souffler du nez. Parmi les autres équipes qui participaient à la mission de neutralisation, certains n’avaient aucunes autres compétences que cette unique fréquence sonore. Face à cette armée pernienne capable de se camoufler et de surmonter le virus le temps nécessaire d’attaquer, ils n’avaient aucune chance. Mais Ulrich s’amusait aussi du fait qu’Aslan avait été grandement submergé par l’attaque pernienne. Si son expérience au combat était indiscutable, sa puissance était largement moindre à la sienne, et ça, cela flattait son égo. Mais il ne devait rien en savoir, pour eux, il avait été dépassé par la force pernienne, et n’avait su défendre leur émetteur. Les minutes s’écoulèrent puis Akim vint enfin s’assoir près d’eux sur un rocher proche, le visage balafré par une entaille qui le parcourait de la tempe gauche jusqu’au menton. Le regard plus sombre encore qu’à l’accoutumé, il donnait l’impression d’avoir su surmonter ses peurs et avoir enfoui en lui les dernières lueurs d’une innocence révolue. Iris quant à elle cessa de gémir, et s’allongea sur le dos, les yeux humides. Elle ne présentait cependant aucune trace de la bataille, si ce n’est quelques égratignures et vêtements déchirés.

— Et maintenant ? demanda le jeune homme, on continue ?
— Avec deux estropiés et une jeune fille en détresse ? s’amusa Ulrich, je crois qu’il vaut mieux qu’on en reste là. On a perdu notre émetteur, ce ne serait pas sérieux de se rendre vers Mala Mala, sans le pouvoir d’Igor ce serait se jeter droit dans la gueule du loup. Faites ce que vous voulez, moi en tout cas, je vais pas risquer ma peau là-bas. Non, j’crois qu’on en a assez fait non ?

Ulrich semblait plus calme et sympathique dans ses propos, cela décontenança quelque peu l’équipe. Iris se leva alors, scrutant son chef d’équipe d’un regard déterminé, et essuyant les dernières larmes sur ses joues.

— Et tous ces gens qu’on abandonne ? C’est à nous de sécuriser le chemin vers la prochaine arche ! On peut pas les laisser tomber comme ça ! La jeune fille en détresse elle te dit d’aller te faire foutre ! Bougez-vous ! On peut pas arrêter…

Elle s’arrêta, surprise par Ulrich qui riait à gorge déployée. Celui-ci prit le temps nécessaire pour lui répondre calmement, avec le sourire.

— Ecoute jeune fille, aujourd’hui vous vous êtes bien battus, j’suis fier de ce que vous avez fait pour être honnête. J’ai vu la quantité de perniens que vous avez affronté, et fallait avoir des couilles pour leur tenir tête sans aucune expérience. Non sérieux, félicitations. Mais j’vois pas pourquoi on irait risquer notre vie là-bas pour des connards dont on connaît même pas le nom. Vous avez été envoyés là alors que vous avez autant d’expérience que la plupart d’entre eux, et tu penses qu’ils méritent que vous risquiez votre vie pour eux ?
C’est bien c’que vous avez fait, mais faut aussi penser à vous. Sauvez votre peau avant celle des autres, y’a rien qui nous pousse à aller là-bas. De toute façon, ce plan il était foireux dès le départ, comment tu veux qu’on neutralise la totalité des perniens ? C’est une planète bordel, même avec le nombre qu’on est on peut pas tous les avoir. On a fait notre job, maintenant on essaye de s’en sortir nous, on essaye de faire en sorte que ces deux-là crèvent pas de leur blessure, et on s’occupe de passer l’arche.

Ulrich le sentait, elle était sur le point de fondre en larmes de nouveau. Le contraste avec la fille inaltérable qu’elle était il y a encore quelques heures était tout à fait étonnant, mais Ulrich y voyait une explication assez simple. Elle devait être encore sous le contrôle de différents commandements, depuis le début des opérations, elle devait vivre une sorte de rêve éveillé. Cette bataille avait dû l’extraire quelque peu de ceux-ci, cela lui a permis de percevoir réellement pour la première fois le monde autour d’elle. Elle n’était certainement pas encore totalement libérée, mais elle avait fait un premier pas vers la réalité. Alors que son visage se décomposait, Ulrich se leva rapidement et la prit dans ses bras avant qu’elle ne s’effondre une nouvelle fois, pleurant contre le corps protecteur de son chef.

Finalement, Ulrich prit la décision qu’ils iraient camper non loin pour le moment. Peu importe le temps que ça prendrait et le nombre de morts qu’il faudrait, l’issue à Mala Mala resterait la même. Parmi les équipes envoyées il y avait également des personnages puissants et intelligents, capables de venir à bout de ces perniens d’une façon ou d’une autre. Et à ce moment-là, ils seraient certainement contactés par télépathie ou via une autre méthode. Alors ils se mettraient en marche jusqu’à l’arche.
La nuit ne tombait toujours pas, le Soleil était toujours à son zénith, mais il était sûr que plusieurs journées terrestres s’étaient écoulées depuis l’arrivée de l’Odyssée sur Pern. Autour d’un feu, l’équipe se détendait et alternait entre des silences pesants, et des discussions légères. Ulrich se sentait finalement bien avec eux, il tenait à faire décompresser les deux jeunes. Au bout de plusieurs heures, Iris et Akim s’endormirent et Aslan et Ulrich restèrent tous les deux. Ulrich avait également su apprécier la présence de son acolyte durant cette mission, il y voyait un partenaire en qui il avait pu faire confiance et établir des stratégies rapidement. Il pourrait se révéler être un allié important par la suite.
Ulrich se repose alors un moment, les yeux fermés, ne relâchant cependant pas son attention sur les alentours, prêt à se défendre contre une quelconque attaque.
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