L'Odyssée des Gemmes
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Aventure interactive se déroulant au-delà de notre univers, dans un lieu réservant son lot d'épreuves et d'imprévus.
 
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 Ulrich Wahlberg

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Ulrich Wahlberg

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Affiliation: Rescapé
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MessageSujet: Ulrich Wahlberg   Ulrich Wahlberg Icon_minitimeLun 23 Avr - 19:30

Nom: Wahlberg
Prénom: Ulrich
Âge: 29 ans

Talent: Morph de la Goule.

Ulrich Wahlberg Ulrich12


Lors de sa transformation, sa force physique et son endurance augmentent drastiquement. Son corps devient sombre, parsemé de pics osseux, et des griffes acérées lui poussent au bout des doigts. Tout en muscle, la bête mesure plus de deux mètres ; le dos courbé transpercé par ce qui semblent être ses côtes, laissant apparaître une plaie béante, emplie d’un épais nuage noir. Cette zone, à l’origine de sa puissance, est également son point faible, elle absorbe la lumière. Plus sa forme est complète, et donc puissante, plus son ouverture est grande.
Son visage, déformé ne ressemble aucunement à son apparence humaine. Sa bouche est déformée, des dents crochues et pointues sortent de façon asymétrique de ce que l’on pourrait appeler ses lèvres. Son nez disparaît et laisse place à deux narines placées au milieu du visage. Quant à ses yeux, ils scintillent d’un rouge menaçant, recouvert par les quelques cheveux noircis qui lui tombent sur le visage, disposés aléatoirement sur un crâne quasiment chauve.

Capacités liées au talent: Capacités physiques accrues ; pointes osseuses, griffes et dents acérées ; émission d’un brouillard aveuglant ; production de fluide corrosif.

Fragment: Ecole de l’Anticipation : calcul des probabilités, analyse de son environnement, surdéveloppement des sens.

Psychologie: Ulrich est quelqu’un de raisonné, d’extrêmement rationnel. D’un calme naturel, il agit uniquement pour son bien, et pour celui des personnes qu’il aime – ces personnes se comptant sur les doigts d’une main. De son existence, il ne s’est que rarement laissé emporter par ses émotions, et n’a jamais risqué sa propre vie pour en sauver une autre. Son crédo : mieux vaut vivre honteux que mourir avec les honneurs. Car ce sont les vivants qui changent les choses, non pas les morts.
C’est dans cette optique de survie, et de vivre pour le mieux qu’il ne suivra aucune ligne de conduite, qu’il ne défendra aucune valeur. Pour parvenir à ses fins, il tuera, il sauvera, il torturera, il soignera. Il agira, qu’il s’agisse objectivement d’une bonne ou d’une mauvaise action.

Egocentrique, mégalomane, superficiels… Ces adjectifs le représentent pour le mieux. Son apparence physique est d’une importance capitale, il se voit comme un modèle de perfection et tient à le rester. C’est la raison principale pour laquelle il n’utilise son pouvoir que dans de rares occasions. Celui-ci le rend extrêmement disgracieux et il ne peut le supporter. Une utilisation sur une longue durée peut engendrer des modifications physiques qui ne disparaissent qu’au bout de plusieurs jours, voire semaines. Et l’une de ses pires craintes est que son pouvoir altère sa beauté naturelle pour de bon.

Ulrich est détestable et dédaigneux, il se considère bien supérieur à une grande majorité, à qui il ne veut pas avoir à faire. Son nom, son grade, ses capacités innées, tout ceci renforce cette idée. Il n’a donc que faire de ces pauvres gens qu’il traque au nom de l’Organisation, leur vie n’a aucune importance selon lui.
Tout ce qui compte, c’est son propre bonheur, qu’il puisse vivre la belle vie. Et la belle vie à ses yeux, « C’est de s’amuser, voyager, boire, baiser, expérimenter. Tout ceci, c’est par l’argent et mon échelon dans la classe sociale que je l’obtiens ! Alors quoi de mieux que d’appartenir à l’Organisation pour vivre la belle vie ? »


Histoire: Cela faisait maintenant plusieurs minutes qu’Ulrich fixait le plafond, alors que le drap de son lit ne recouvrait qu’à peine son corps dénudé. Il tourna la tête vers la gauche et contempla la personne à ses côtés, une jeune femme magnifique, parfaite de la tête au pied selon ses critères de beauté. C’était là la plus belle de ses conquêtes, et un sourire incontrôlé se dessina sur le visage d’Ulrich quand il repensa à ses ébats de la veille. Il prit alors une grande inspiration et sortit du lit sans faire de bruit, puis se dirigea dans sa salle de bain.
Il se retrouva face à son miroir, et passa de l’eau sur son visage. Il releva la tête et réarrangea ses longs cheveux blonds, puis les attacha en un chignon comme à son habitude. Il passa sa main dans sa barbe fournie et se contempla un instant. Ce n’était pas la première fois qu’il faisait ça, il passait parfois des dizaines de minutes devant le miroir à se dire combien il se trouvait beau.

Tous ses traits concordaient pour former ce visage dont il était si fier. Un nez fin, un visage arrondi juste comme il le faut, et un sourire ravageur. Mais surtout, ces yeux d’un bleu azur, ces yeux qui attirait l’attention de n’importe qui, donnant à son regard quelque chose de puissant, de séduisant.
Du haut de ses un mètre quatre-vingt-trois, son corps également lui convenait parfaitement. Une vie rythmée par des activités sportives régulières lui a permis d’entretenir son corps comme il le fallait à ses yeux, un torse bien taillé sans pour autant exagéré dans le muscle, et des jambes épaisses de muscles. Ulrich s’examina une dernière fois et en arriva à la même conclusion que d’habitude : il est bien au-dessus de l’homme moyen.

Le jeune homme retourna dans sa chambre et enfila un caleçon, puis ouvrit la baie vitrée et s’appuya sur la rambarde de son balcon. La vue qui s’offrait à lui était des plus magnifiques, et jamais il ne s’en lasserait. Quelques arbres, une plage, et enfin l’océan Atlantique. De l’eau à perte de vue, scintillant sous la lumière du soleil levant, talonnant de peu la beauté de ses yeux. Ulrich s’étira tout en observant un voilier voguant sur l’océan à quelques kilomètres de lui.
C’est alors qu’il le sentit, quelque chose n’allait pas dans ce paysage de rêve. Parmi les arbres, camouflé dans le feuillage à environ deux cents mètres de lui, un homme le visait avec un fusil de précision. Ulrich sourit bêtement, et entendit les bruits de pas de plusieurs hommes provenant de l’autre côté de sa demeure.

Le jeune homme fit volte-face calmement, retourna dans sa chambre et attrapa une chemise qui trainait par terre avant de la lancer sur celle qui lui tenait compagnie hier soir. Il ne parvenait pas à se souvenir de son prénom.

— Tiens… Toi là, enfile ça, on a des invités.

La jeune femme, à peine réveillée ne comprenait rien de ce qu’il se passait, mais s’exécuta tant bien que mal en balbutiant quelques mots incompréhensibles. Ulrich quant à lui ouvrit son armoire et s’habilla d’un jean noir. Les hommes qui s’infiltraient dans son domicile étaient d’une discrétion presque absolue, mais Ulrich parvenait à les entendre monter l’escalier. Il en déduisit qu’il n’avait pas le temps de mettre un haut. Il ouvrit alors le tiroir de sa table de chevet et agrippa le neuf millimètre qui s’y trouvait, puis le camoufla dans son dos en le coinçant dans son jean.
La porte de sa chambre vola en éclat et une demi-douzaine d’hommes armés jusqu’aux dents entrèrent dans la pièce. La pauvre femme, perdue, bondit hors du lit et vint se placer derrière Ulrich. Tous pointèrent leur fusil d’assaut sur l’homme encore torse nu et exigèrent d’Ulrich d’obéir et de s’agenouiller. Le jeune homme soupira et baissa la tête.

— Tu sais Arnaud, argua-t-il, si tu avais toqué je t’aurais laissé entrer.

Un homme, venant apparemment du toit, atterrit sur le balcon accompagné de deux autres soldats. Le premier retira sa cagoule, et laissa apparaître son visage. Un homme métisse, avec une barbe de quelques jours et les cheveux rasés en un dégradé aux contours parfaits. Il répondit alors.

— Je sais bien, mais tu connais le protocole dans ce genre de cas.

Ulrich sourit à la vue de son ami.

— Pour être honnête, dit-il, je ne pensais pas que tu me trahirais.
— Tu t’en doutes, ça ne me plaît pas de faire ça, répondit Arnaud. Cette opération aurait eu lieu avec ou sans moi, et je ne pouvais rien faire pour l’empêcher. Mais j’ai préféré m’en occuper pour m’assurer que tout se passe pour le mieux et que tu sois traité avec respect.

Ulrich ricana, puis dégaina son arme à feu et tira trois fois en direction d’Arnaud. Aucune des balles n’atteignirent leur cible, et toutes explosèrent à quelques centimètres de lui, tandis que la jeune femme poussa un hurlement et se réfugia dans la salle de bain.

— Sérieusement Ulrich ? s’étonna le soldat.
— Je voulais juste tester tes réflexes, rien de plus.
— Bon, laisse-toi faire s’il te plait, tu sais que tu n’as aucune chance de t’en sortir.

Ulrich ria une nouvelle fois.

— Tu me demandes sincèrement de me rendre sans rien tenter ? Si tu t’es décidé à me trahir je vais au moins tout tenter pour te faire chier.

Ulrich tendit son arme vers les hommes qui avaient enfoncé sa porte et vida son chargeur. Bien que les balles explosèrent de nouveau avant de toucher leur cible, tous firent feu sur l’homme en retour, qui suivit son instinct primaire et esquiva chacune des balles. Se faufilant à travers les coups de feu, Ulrich s’approcha de l’escouade et ouvrit le crâne de l’un d’eux avec la crosse de son pistolet.
Il se retourna pour poursuivre son assaut, mais une déflagration surpris Ulrich qui fut propulsé contre le mur. Tous les hommes – à l’exception de celui qu’il avait frappé et qui gisait inconscient au sol – se positionnèrent autour de lui, pointant toujours leur arme dans sa direction.
Arnaud avança devant lui, le regard plein d’empathie.

— Tu aurais dû te transformer, dit-il, tu aurais eu plus de chance de t’en sortir.
— Tu n’en vaut pas la peine, répondit Ulrich assis contre le mur.

Alors qu’Arnaud s’approchait de son ami pour lui passer les menottes, Ulrich dégaina de nouveau son arme et visa la tête de l’un des soldats. Il fit feu et la balle se logea dans le crâne de sa cible, cette fois-ci, Arnaud n’avait pas eu le temps d’empêcher la balle de toucher sa cible.

— Il restait une balle dans la chambre, argua Ulrich tout en affichant un sourire arrogant.
— Putain ! gronda Arnaud avant d’assommer son ami avec la crosse de son fusil.

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« Mon histoire ? Elle n’a rien d’exceptionnelle. Ma famille est étroitement liée aux Standfield, tant par le sang que par les valeurs. Depuis ma naissance j’ai été bercé par cet étrange milieu qu’est l’Organisation, par leurs idéaux et leurs convictions. Mon père, Halvor Wahlberg, s’est battu toute sa vie pour la cause d’Eolin Revlis, acclamant chacune de ses décisions, suivant aveuglément les ordres qu’on lui donnait.
L’unification de tous les peuples, sous une même bannière, voilà ce qui faisait rêver mon père. Alors il nous a éduqué selon ses principes, mes deux frères, ma sœur et moi. Une véritable propagande, nous devions vouer un culte envers Eolin, le messie de ce monde en perdition. Une éducation contrastée par la tendresse de notre mère, qui se révélait être d’un indispensable réconfort.

Erik, l’aîné, rejoignit les rangs de l’Organisation dès sa majorité, puis vint mon tour quatre années plus tard. Jorgen, mon plus jeune frère se rebella contre les idéaux de notre père, et s’enfuit à sa dix-huitième année au lieu de rejoindre l’Organisation comme Halvor l’avait prévu. Cela éveilla sa colère, et pendant de longs mois il rechercha son pariât de fils, sans succès. Revenant chaque soir bredouille, il déversait sa haine et battait ma mère, Maria, et ma petite sœur, Elsa.
Il cessa au bout d’un temps les recherches, mais il conserva cette attitude violente. Quotidiennement, il rentrait du travail, et, embrumé par les effets de l’alcool, frappait les femmes de la maison. Alors quand ma mère devint paraplégique, il inventa une histoire d’escalier et de mauvaise chute. Bien sûr, tout le monde connaissait la vérité, mais qui oserait se dresser contre un haut-gradé de l’Organisation pour aider une pauvre femme. Etant jeune et insouciant à l’époque, j’ai cru mon père, incapable de l’imaginer d’une telle violence envers sa famille.

De son côté, Erik gravit un à un les échelons de l’Organisation, ignorant les événements du domicile familial. Il était la fierté de notre père, le fruit d’une longue et stricte éducation. Mais si pour le moment il ne s’occupait uniquement que de maintenir l’ordre dans la société et d’assurer la propagation de la politique d’Eolin, Halvor attitra Erik à un poste qui changera radicalement son opinion.
Il était l’un de ceux qui vous envoyait dans ces Laboratoire de la Mort. Ce travail le dégoutait, il allait à l’encontre même de ses principes, c’était l’opposé du monde parfait que l’Organisation lui promettait. Alors il se renseigna un peu plus sur l’histoire d’Eolin et de son Organisation, découvrant les horreurs et les mensonges, découvrant la vérité sur cette société pourrie.

Bien vite, mon père me plaça à mon tour à ce poste, et lorsqu’Erik eu vent de cette nouvelle, il me prit à part pour m’exposer la réalité des faits. Il m’expliqua qu’il avait décidé de ne plus suivre aveuglément les consignes de notre père, qu’il combattait aujourd’hui dans l’ombre pour sauver ces gens des Laboratoires de la Mort, agissant en plein cœur de l’Organisation pour saboter leurs plans.

Il souhaitait me rallier à sa cause, me guider vers la voie de la justice. Et bien qu’en étant objectif et saint d’esprit, Erik avait amplement raison et agissait avec sagesse, le sort de ces personnes m’importait peu, et le rôle de Traqueur me convenait parfaitement. Il m’assurait une position favorable dans la société actuelle, et un salaire plus que décent m’offrant une vie pleine de richesse.
Erik fut déçu de ma décision, mais il eut bientôt d’autres préoccupations lorsque ses actes de rébellions éclatèrent au grand jour. Halvor, plus furieux que jamais et déçu une seconde fois par l’un de ses fils, déchaîna son pouvoir et tua dans sa furie la femme qui m’avait mis au monde.

Je le savais depuis un moment, mais cet événement dissipa tous mes doutes. Mon père était un homme perdu, violent et incroyablement stupide. Je ne pouvais pas laisser passer ça, et je n’étais pas le seul. Erik me retrouva, et à deux, nous partîmes en pleine nuit au domicile familial venger notre mère. Nous sortîmes dans le jardin notre pauvre père, encore saoul. Il tenta de se débattre mais il ne faisait pas le poids contre nous deux. A notre grande surprise, Jorgen surgit de nulle part et nous rejoignit face à Halvor, agenouillé au sol, beuglant comme un fou furieux, courroucé à l’idée que ses trois fils s’unissent et contestent son autorité suprême.
A tour de rôle, nous nous amusions à torturer cet homme pathétique, à l’humilier, transcendés par une frénésie vengeresse. Puis Elsa, réveillée par le vacarme, sortit de la maison, et assista à la scène, décontenancée. Je me rappellerais toujours de ce regard, cette étincelle qui jailli du fond de ses pupilles lorsqu’elle vit l’homme qui la violentait depuis tant de temps dans cette position.
Elle s’approcha de notre père, avachis au sol au milieu d’une flaque de sang, implorant la pitié à ses enfants. C’est elle, qui d’un coup de poignard, donna le coup de grâce au puissant Halvor Wahlberg. Elle poussa un hurlement de soulagement, entrecoupée par des sanglots incontrôlables, le visage recouvert de larmes.
Notre père gisait au sol, là, au milieu d’une famille dévastée. Alors Erik décida de prendre Elsa avec lui, pour la mettre en sécurité, personne n’y vit d’objection.

Après ça, nous ne nous sommes plus jamais revu, et j’ai continué à travailler pour l’Organisation. J’ai vite été écarté des suspects concernant la mort d’Halvor, contrairement à mes deux frères, et j’ai pu continuer à exercer mes fonctions et à exceller dans la traque aux Porteurs. C’est là où j’ai rencontré mon collègue et mon plus cher ami, Arnaud. Un homme avec qui j’ai traqué des centaines de Porteurs avant qu’il ne m’envoie dans ces Laboratoire. Après onze ans de loyaux services, l’Organisation elle-même a décidé de m’y envoyer, Arnaud n’y pouvait rien le pauvre, les ordres venaient d’au-dessus. Je suppose que le nom de Wahlberg faisait plus tache qu’autre chose désormais.

Voilà mon histoire, rien d’exceptionnel comme je te l’avais dit. Et toi, comment es-tu arrivé ici ?
Ah, tu n’es pas capable de parler ? C’est vrai que ta mâchoire n’est pas en très bon état. Eh bien je suppose que je vais devoir continuer à faire la parlotte tout seul. »


Dernière édition par Ulrich Wahlberg le Mar 31 Mar - 18:08, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Ulrich Wahlberg   Ulrich Wahlberg Icon_minitimeJeu 22 Nov - 23:25

Le bruit incessant des essuie-glace grinçant sur le pare-brise rythmait les percussions de la pluie contre la vitre. C’était là une de ces après-midi paradoxales où la pluie tombait par averses, et où le soleil flamboyait à travers les nuages épars. Une de ces après-midi où la douce odeur du bitume mouillé emplit les narines, tandis que des arc-en-ciel se dessinent dans le ciel nuageux. Les rayons de ce soleil d’automne illuminaient pleinement la grande rue, donnant une lueur éclatante aux feuilles d’un jaune-orangé prêtes à tomber des érables qui parcouraient les trottoirs.
Ces mêmes rayons de soleil réchauffaient timidement les quelques passants qui se promenaient, dissimulés derrière leur parapluie ou bien leur capuche. Cette symbiose du soleil et de la pluie donnait vie à cette atmosphère agréable et douce de ces débuts d’automne aux attraits de l’été passé. Une de ces après-midi idyllique, parfaite pour y apporter la mort.


Ou plutôt, pour emmener d’innocentes personnes vers une mort lente et douloureuse. C’est du moins ce que prévoyaient Ulrich et son compagnon Arnaud pour cette après-midi, venant troubler le calme de ce quartier de banlieue parisienne. Assis tous deux à l’avant d’une berline noire, attendant patiemment que la pluie ne cesse.

— « D’ici cinq minutes ça devrait se calmer », bah mes grosses couilles, ça fait quinze minutes qu’on attend comme des cons et il pleut encore plus.

Ulrich ne put s’empêcher d’esquisser un sourire face à la remarque de son ami. Lui qui n’avait pas envie de se mouiller, il fallait admettre que cela devenait pénible d’attendre.

— J’ai pas pensé à prendre de manteau je t’ai dit, et on va être trempé si on sort maintenant.

Arnaud grommela une insulte inintelligible et sortit de la voiture en claquant la porte derrière lui. Ulrich devait donc se résigner à sortir lui aussi, et à mouiller sa longue chevelure blonde - ce dont il avait horreur. Il prit tout de même sur lui, ouvrit la portière et posa un pied au sol, marchant en plein dans une flaque d’eau éclaboussant tout le bas de sa jambe gauche. « Putain ». Il s’empressa ensuite de rejoindre Arnaud et verrouilla le véhicule derrière lui.
Les deux hommes se dirigèrent ensuite d’un pas rapide vers une des maisons du côté impair de la rue. Ils s’arrêtèrent un instant devant le portail et vérifièrent le numéro, « sept ». Arnaud s’apprêtait à sonner mais Ulrich ouvrit le portail et se réfugia rapidement sous le porche de la grande demeure, suivi de son ami. Arnaud toqua à la porte tandis qu’Ulrich recoiffa ses cheveux humides. Une femme, d’une quarantaine d’années, vint ouvrir la porte.

— Bonjour madame, je me présente, Arnaud XXX, et voici mon collègue Ulrich Wahlberg. Nous sommes des agents du gouvernement et nous sommes venu ici pour parler de votre fille, qui, comme vous le savez, possède certaines capacités hors du commun.
— Bonjour, balbutia la femme, qu’est-ce que… Je ne comprends pas.
— Laissez-nous entrer, reprit Arnaud, nous allons tout vous expliquer.

Les deux hommes entrèrent à l’intérieur sans que la propriétaire n’eut réellement son mot à dire, et sans s’essuyer les pieds sur le paillasson, Ulrich s’avança jusqu’au salon et s’assit sur le canapé, dirigeant son attention vers la télévision déjà allumée. Arnaud plus poli, s’essuya longuement les semelles et demanda l’autorisation avant de s’assoir, tandis que la femme, circonspecte, resta debout dans l’attente de réponses.
Arnaud passa les trente minutes suivantes à expliquer que sa fille possédait des capacités hors du commun, qu’il serait intéressant pour la science de faire quelques tests inoffensifs sur elle afin de collecter certaines informations sur les gens de cette classe, que l’on appelle Porteurs. La femme, méfiante, répondait brièvement aux questions d’Arnaud, et posait elle-même de nombreuses questions, parfois logiques, parfois totalement absurdes.

Les deux hommes avaient pour mission de ramener cette jeune fille à l’Organisation, et si la méthode douce était privilégiée pour les enfants appartenant à une famille, les discussions qui trainaient en longueur comme celle-ci avaient le don d’agacer Ulrich qui commençait à s’impatienter. Ils étaient maintenant arrivés depuis plus d’une heure, et Ulrich n’avait pas décroché le moindre mot, n’ayant pas quitté l’écran des yeux et ayant même changer de chaîne à plusieurs reprises.

— C’est simple madame, répéta une nouvelle fois Arnaud, nous souhaitons emmener votre fille dans un laboratoire pour lui faire passer quelques tests, rien de méchant. Nous vous assurons qu’elle reviendra dans quelques jours, en parfaite santé.
— Mais je veux pouvoir venir avec…
— Ecoutez-moi, grogna Ulrich qui avait visiblement perdu toute patience, vous n’avez pas le droit de venir assister à ces tests, et il est dans votre devoir de citoyen d’accéder à notre requête, vous n’avez pas le choix. Alors maintenant allez chercher votre fille pour que l’on puisse discuter avec elle ou nous le ferons nous-même.

La pauvre dame, choquée, se tut et se dirigea vers l’escalier prêt de l’entrée, et posa le pied sur la première marche, lorsque la porte d’entrée s’ouvrit. Un homme, âgé d’une quarantaine d’année lui aussi entra dans le domicile et posa une mallette au sol avant d’enlever son manteau. Il murmura quelques mots à l’oreille de sa femme qui grimpa les escaliers d’un pas rapide.

— Messieurs, tonna l’homme sûr de lui, tout en retroussant les manches de sa chemise, vous allez quitter ma maison, et vous ne repartirez pas avec ma fille.

Ulrich se leva mais Arnaud mis son bras en opposition afin que son ami reste assis - qui eut l’air outré de cette intervention – et se leva à son tour. Arnaud ouvrit la bouche mais il n’en sortit qu’un son étouffé, rauque. Il se plia en deux et posa un genou au sol, alors que l’homme en face semblait ne pas avoir bougé d’un centimètre. Surpris, Ulrich se leva, et un violant choc à la mâchoire le ramena à nouveau sur le canapé.

— Je ne le répéterai pas, ajouta le père de famille, sortez de ma maison.

Un filet de sang coula de la bouche d’Arnaud, encore agenouillé. Il cracha au sol et aussitôt qu’il se releva, une douleur intense parcourut sa poitrine, comme un coup de tonnerre résonnant dans son propre corps. La souffrance était telle qu’il resta figé, les yeux écarquillés. Ulrich frotta sa main sur sa joue tandis qu’il regarda l’homme, décontenancé.

— Comment voulez-vous que l’on sorte de chez vous si vous nous frappez dès que l’on se lève ? argua-t-il.

Le père garda les yeux rivés sur Ulrich, tandis que celui-ci se levait doucement en ne montrant aucun signe d’agressivité. Mais cet affront était de trop pour Ulrich, cette famille avait eu le don de l’énerver depuis plus d’une heure. Lui qui appartenait à l’élite de l’Organisation, lui qui était supérieur en tout point à l’homme qui se tenait devant lui, comme avait-il pu se laisser frapper de la sorte ?
Dans son mouvement, il attrapa la table basse en verre devant lui et la projeta directement sur l’homme. Celui-ci ne bougea pas d’un poil, et reçu de plein fouet le meuble qui vint se briser sur son corps rigide et immobile. Ulrich n’attendit pas son reste et plongea sur l’homme à toute vitesse. Il sentit alors, une légère perturbation de l’air devant lui, une compression suivit d’une décompression qui résultat en une onde de choc puissante. Il l’avait détectée trop tard, et cette attaque le propulsa contre le mur derrière lui, faisant tomber les quelques cadres qui y étaient accroché dans un vacarme fracassant.

Au même instant, l’air s’embrasa tout autour de l’homme et Arnaud se jeta à son tour sur l’ennemi, le frappant en plein visage. Son poing vint s’écraser sur le nez de l’homme, mais celui-ci, plus dur que l’acier, ne trembla même pas, tandis que la main d’Arnaud se brisa face à la puissance du choc. Dans un hurlement de douleur, une courant d’air puissant éteignit les flammes et balança Arnaud droit sur son compagnon.

— T’as lu le dossier concernant la famille ? grommela Ulrich tandis qu’Arnaud se releva péniblement en marchant sur son ami.
— Bien sûr que non.
— Bordel faudrait quand même qu’on se renseigne les prochaines fois.

Arnaud ancra ses pieds sur le sol et provoqua une énorme explosion juste devant le visage du père de famille. Celui-ci disparut derrière l’épaisse fumée tandis qu’Ulrich se releva, paré au combat. De petites sphères se formèrent dans la poussière alentour et semblaient se déplacer en direction des deux agents. Ceux-ci esquivèrent ce qui ressemblait à une attaque maladroite d’un pas sur le côté, et se tournèrent de nouveau en direction de l’homme qui n’avait toujours pas bougé d’un poil. Mais lorsque le nuage se dissipa, un trou béant fit son apparition au plafond, laissant entrevoir ce qu’il se passait l’étage au-dessus.
Une adolescente flottait dans le vide, et sa mère se tenait à côté, adressant un regard effrayé au deux amis. D’une seconde à l’autre Ulrich se projeta vers l’ouverture formée par l’explosion. Sentant l’air se comprimer autour de lui pendant son saut, il balayait d’un mouvement sec les perturbations qu’il pouvait ressentir.

Arnaud lui fondit de nouveau vers l’homme et plaça sa main directement sur son torse, et fit entrer en combustion l’air qui se trouvait entre sa paume et la poitrine de sa cible. D’un coup d’un seul, l’homme fut propulsé à l’autre bout de la pièce dans une giclée de sang.
A l’étage, Ulrich asséna un puissant coup à la femme et plaqua la jeune fille contre le sol, tenant son cou dans sa main droite. Celle-ci avait les yeux révulsés et ne laissait paraître que la sclérotique, mais elle retrouva rapidement ses esprits. Elle émit un hurlement strident et l’air tout autour d’Ulrich s’alourdit, alors que sa main fut comme repoussé par le corps de l’adolescente. Il sentit la menace, il sentit l’air se comprimer sur son corps, jusqu’à en devenir douloureux. La pression augmentait exponentiellement en l’espace de quelques dixièmes de secondes.

Son instinct fit le reste du travail, il se transforma instantanément en une immonde goule et forma une carapace osseuse dans l’espoir de pouvoir se protéger au maximum de ce qui allait suivre. Une seconde, c’était juste assez, voire trop peu pour qu’il puisse pleinement l’encaisser. L’air se comprima plus fortement que jamais, et se détendit d’un coup d’un seul, provoquant une onde de choc fulgurante, dans laquelle Ulrich se trouvait en son centre.
Le toit et le parquet de l’étage furent arraché par le souffle de l’attaque, alors qu’Arnaud se retrouva plaqué au sol quelques mètres plus bas. Ulrich sous sa forme de goule fut comme brisé de l’intérieur et virevolta par-dessus la maison, sa carapace ne l’ayant que partiellement secouru. Il termina son envol sur les tuiles de la maison voisine, atterrissant dans un fracas assourdissant.

Il reprit sa forme humaine en perdant connaissance pendant quelques secondes. Puis il reprit conscience, et se releva, hébété, trébuchant sur les tuiles fissurées et tombant lourdement dans le jardin plus bas. Il remit pied à terre péniblement tandis que les voisins sortirent de leur maison, paniqués. Mais Ulrich ne leur adressa pas même un regard, il boita en direction de la maison en ruine. N’ayant plus de murs pour camoufler la situation, il put voir Arnaud prendre l’adolescente inanimée dans ses bras esquintés.
Ulrich arriva devant l’adolescente, et la regarda avec curiosité. A leur côté, le père ensanglanté gisait sous les débris, alors que la mère demeurait introuvable. Sans un mot, les deux hommes portèrent l’enfant jusqu’à leur voiture et la déposèrent sur la banquette arrière. Partout autour les voisins regardaient à travers leur fenêtre ou restaient sur le pas de leur porte d’entrée, le regard plein de cette bonne volonté d’aider, mais le courage bien trop enfouis sous une peur incontrôlable.

Ulrich se positionna sur le siège conducteur et Arnaud le rejoint à ses côtés. Il démarra, et fit un écart pour éviter un énorme morceau de mur pendant que la voiture devant lui répétait ce bruit insupportable et strident, partiellement écrasée par des débris en tout genre. Les deux amis partirent sous les regards apeurés et inquisiteurs du voisinage.
Alors qu’ils quittaient le quartier, Arnaud ouvrit la boîte à gant et prit un dossier qu’il lut attentivement. L’air sérieux, il expliqua :

— Cette fille, c’est une sorte de portail entre les Porteurs. Elle agit comme un catalyseur et peut contrôler les corps et les pouvoirs de ceux qui lui autorisent. Mais le rapport n’en dit pas tellement plus.

Ulrich resta silencieux pendant de longue secondes face à cette information. Une douleur insoutenable lui parcourait le crâne, l’empêchant de se concentrer pleinement. Du sang s’écoula depuis sa narine, qu’il s’empressa d’essuyer avant que son ami ne le remarque. Des chocs à répétition semblait imploser à l’intérieur de sa tête, tandis que le monde autour de lui semblait devenir flou.

— Le père possédait un pouvoir d’auto-défense permettant de devenir impénétrable et inamovible, tandis que la mère pouvait compresser et décompresser l’air selon sa propre volonté. Mais alors, qui qui est-ce que l’on a combattu aujourd’hui, est-ce que…
— Arnaud s’il te plait, l’interrompit Ulrich en se garant sur le bas-côté, tu pourrais conduire, je me sens pas vraiment bien là.

Arnaud acquiesça et se détacha tout en continuant de discuter de ce qu’il venait de se passer. Ulrich prit la place passager, ferma les yeux, et s’assoupit rapidement.
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